Ils étaient apparus un peu comme des voleurs en 2013, ne nous laissant qu’un petit EP éponyme pour nous faire une idée, et nous les pensions depuis au tapis, assommés et vaincus au premier round. Et pourtant, les américains de VANGUARD se sont relevés, et osent enfin aujourd’hui prendre un peu plus de place sur le ring, via un premier album complet, long et ambitieux.
Presqu’une décennie après leur première apparition, les originaires de San Diego en Californie nous surprennent donc d’un comeback inespéré, d’autant que la qualité de ce premier full-lenght est incroyablement relevée. Le quintet a donc réussi son pari, et lâche un gros pavé dans la mare, d’autant que son approche très personnelle de la violence le dégage des obligations contractuelles d’appartenance de clan. Et sans être vraiment Thrash tout en étant constamment Heavy, VANGUARD nous propose une sorte de compromis Heavy/Thrash progressif, une optique qu’auraient pu prôner les CYNIC et le DREAM THEATER des années 2000.
Nous parlons donc de Metal technique, progressif et élaboré. Une musique ouvragée, puissante et ciselée parfaitement présentée par « The Power That You Hold », title-track judicieusement placé au premier plan des débats. Immédiatement, on est frappé par la délicatesse qui sans brider la brutalité, lui offre des contours plus arrondis, par ce chant mélodique qui contrôle les accès de colère, et par cette osmose qui témoigne d’un long passif ensemble. Et de fait, The Power That You Hold se détache de la production Thrash actuelle, même s’il ne peut pas totalement s’y apparenter et donc y être comparé.
Heavy Metal, Power Metal, Metal progressif, toutes les étiquettes peuvent coller sans arracher le tissu. VANGUARD ne souhaite donc pas se laisser enfermer dans une petite cage dorée, et démontre sa volonté d’indépendance dès les premiers instants. On reste évidemment pantois face à tant d’ambition, qui nous rappelle les FATES WARNING et NEVERMORE, et on se laisse séduire par ces chansons longues mais riches, et par cette ambiance épique légèrement biaisée qui semble dépeindre un monde à part, où tous les dangers se tapissent dans l’ombre.
Si l’influence de METALLICA est parfois prédominante, on sent que le quintet (Arturo Ortíz - basse, Jesús Domínguez - batterie, Andrew Soto & Christian Domínguez - guitares, et Marcos Domínguez - chant) possède sa propre culture, entre Techno-Metal et Metal progressif de premier choix, et si parfois les titres semblent replacer des idées encore chaudes, la diversité de l’instrumental sauve l’album d’une trop grande cohérence. Les syncopes, bien présentes, n’abusent pas de la redondance d’une corde de mi grattée jusqu’à l’overdose, tout comme de l’autre côté du spectre, les partitions les plus complexes savent rester déchiffrables.
Des dissonances, la sensation d’être constamment sur la brèche, quelques choix plus hasardeux (« Cycles of Failure » à l’entame très VOÏVOD), et le spectre de BELIEVER qui agite ses chaînes sacrées en arrière-plan. A la croisée des chemins, VANGUARD prône des valeurs Metal classiques, mais transcendées par une envie brutale, un peu comme si PERIPHERY se vautrait dans le bain encore tiède de la Bay-Area des années 90.
Et plus l’album avance dans le temps, plus il devient passionnant. Le groupe a donc construit un crescendo fascinant, pour plaquer ses compositions les plus grandioses en fin de métrage, comme un film qui réserverait un cliffhanger imparable. Un peu de MEGADETH, de MORDRED, de BLOTTED SCIENCE et de METAL CHURCH, pour un « Badlands » qui nous entraîne en terre inconnue, entre facilité d’un refrain fédérateur, et complexité de couplets frondeurs.
Et c’est évidemment le gargantuesque « Android » qui retient toute l’attention, avec ses dix minutes bien tassées d’évolutif ciblé. En guise d’épilogue, VANGUARD se propose de faire péter tous les compteurs, et de lâcher les watts sans retenue. Ce dernier chapitre d’un roman terriblement bien écrit est d’une puissance rare, et nous confronte au souvenir du HEATHEN le plus noble, celui-là même qui n’hésitait pas à laisser couler le sablier au-delà de ses capacités.
Petit précis à l’usage des Power-thrasheurs ne crachant pas sur un brin d’amertume à la ALICE IN CHAINS « Android » est un système d’exploitation infaillible, aux commandes fluides, et aux possibilités infinies. Une belle façon de graver son nom sur la roche des nouveautés, en offrant au public autre chose qu’un énième album de Thrash old-school déjà faisandé avant d’être consommé. Il aura certes fallu attendre dix ans pour en arriver-là, mais le chemin n’a pas été arpenté pour rien.
Une solide affirmation, pour une suite qu’on pressent déjà passionnante et méritante.
Titres de l’album :
01. The Power That You Hold
02. Mantis
03. Into Others' Hands
04. Phantom
05. Universal Law
06. Cycles of Failure
07. Badlands
08. Android
Vanguard is a killer band. It seems they just started their powerful journey in music.
Ah ah ce message d'au revoir est magnifique"Je dois y aller maintenant… chercher un boulot et jouer à Roblox avec mon fils…"
31/05/2025, 09:12
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55
Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)
22/05/2025, 17:52
Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...).
21/05/2025, 17:13
J'aime bien ce groupe... c'est dommage que cette collaboration se termine ainsi... En tous cas, faut que je jette une oreille à Downstater...
21/05/2025, 16:13