Nous avons tous besoin d’une soupape de sécurité. Un truc qui nous permet de relâcher la pression dans un monde de dingues qui avance plus vite que sa planète ne fait de rotations autour d’elle-même. Une sorte de goupillon qui laisse la colère s’échapper sous forme de gaz, ou mieux, une VALVE. Celle d’une chambre à air psychologique, mais aussi celle de Paris, qui se définit comme une hydre à cinq têtes, née dans le chaos, et enfoncée de force dans le pneu du paysage musical français.
Le collectif, formé il y a quelques années, a déjà présenté son plan de soulagement via un premier long, en 2015, qui vous obligeait à retenir votre souffle : Apnée. On découvrait les prémices d’une respiration difficile dans un contexte de claustrophobie ambiante, entre Sludge et Post Metal, entre Post Hardcore et Metal lourd, entre agonie et cri du cœur. La suite de ce premier avertissement se faisait attendre, mais aujourd’hui, nous pouvons enfin l’encaisser sans avoir besoin de rendre la monnaie. Et puis de quelle pièce de toute façon ?
Avec Thermoclines, VALVE va plus loin, plus fort, plus bas. Mais d’abord, plaçons une rapide définition :
Thermocline : Zone sous-marine de transition thermique rapide entre les eaux superficielles (chaudes) et les eaux profondes (froides)
Une transition thermique rapide, comme celle qui passe du chaud au froid, du bouillant au glacé, du feu de joie à la douche froide des sens. Mais au-delà des métaphores faciles, ce deuxième album prouve que le collectif parisien n’a rien perdu de son acuité rythmique, toujours en porte-à-faux entre le Hardcore vraiment sombre et le Post-Sludge empesé et lourd sur les épaules.
Enregistré live et mixé par Guillaume Doussaud au Swan Sound studio, bénéficiant d’un mastering signé de la référence Brad Boatright au célèbre Audiosiege, Thermoclines est un électrochoc grandeur mondiale, qui célèbre les derniers soubresauts d’une humanité confronté à sa fin proche. Comme le souligne le groupe lui-même, le but est d’être rapide, mais lent, sombre, mais lumineux, le tout engoncé dans un chaos organisé qui laisse peu de portes de sortie ouvertes.
Et entre NEUROSIS et UNSANE, TOMBS et PRIMITIVE MAN, VALVE fait monter la pression jusqu’à l’éclatement. En quatre titres de longueurs diverses, mais tous aussi intenses, le quintet échappe à toutes les étiquettes trop bien collées pour jouer sur les sensations, les peurs, l’isolation et les traumas. Et « XXXIII », posé en intro sans ambages, se présente sous la forme d’une thérapie par le cri primal, entre Sludge nauséeux et Post-Hardcore souffreteux. La joie de vivre en prendra pour son grade, mais la lucidité est impressionnante.
Osons aller jusqu’au bout d’une formulation subjective, et affirmons que ce second témoignage frise la perfection dans le genre. Entre les longs développés et les arrêts brusques, entre la nostalgie jaunie d’un désespoir atavique, VALVE bloque l’air et suffoque de sa propre absence d’alternatives. On ressent cette douleur générationnelle sur le processionnel « Thermoclines », title-track tout en pesanteur et chant suppliant, et qui durant neuf minutes s’évertue à reproduire les schémas proposés par le NEUROSIS des années 90, celui d’Enemy of the Sun et Through Silver in Blood.
Tout ceci n’est pas très engageant, et ne risque pas de remonter le moral des plus désespérés. Bien au contraire, les plus sensibles s’étoufferont sous leurs névroses, et certains risquent même de réaliser que leur vie n’a plus aucun intérêt. Alors, peut-on accuser un disque d’être la cristallisation des problématiques de son époque ? Oui, et finalement, la thérapie inversée semble donner de bons résultats, entre riffs fatigués et rythmique monolithique et résignée.
VALVE ose même provoquer le schisme sur sa dernière intervention, séparant les clans et éloignant les fans de Post-Hardcore et de Sludge. Pourtant, ils auraient tout intérêt à se regrouper, cet album s’adressant justement à tout le monde, aux goûts un tant soit peu extrêmes, et au masochisme de rigueur. Sans aller jusqu’à braver l’interdit d’originalité, VALVE finit par laisser passer un mince filet d’air vicié, entre deux coups de basse graveleuse et deux syncopes mortelles.
On n’écoute évidemment pas un tel album pour se rappeler du dernier lundi au soleil qu’on a connu. On l’écoute pour s’immerger dans l’horreur, pour s’engager dans une impasse d’idéaux piétinés, et de creuser sa propre tombe à mains nues. Rien de très réjouissant, mais après tout, quel mal y-a-t-il à accepter de voir la réalité en face ?
Titres de l’album :
01. XXXIII
02. 歌舞伎 (Kabuki)
03. Thermoclines
04. Schism
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