La Suède, ce sont bien sur des teigneux fans de Crust et de D-Beat, des amoureux d’un Hard-Rock vintage aux amplis Orange et pattes d’éph, et des romantiques aux mélodies estampillées AOR qui fleurent bon la douceur des roses West-Coast, aux pétales éparpillés sur le pavé.
Mais la Suède, c’est aussi une autre colère, une autre passion, que l’on vit aussi à fond, et qui va aussi puiser aux racines son essence de térébenthine. Cette saine rage s’exprime depuis quelques années au travers d’un vecteur Hardcore un peu particulier, sans esbroufe, sans gimmicks ras la touffe, et qui frappe fort, vite, précis et violemment.
Et l’un de ses porte-parole les plus véhéments nous en vient d’Uppsala, ville située à soixante-dix bornes du grand Stockholm, et qui abrite la plus vieille université scandinave. Un porte-parole qui ne mâche pas ses mots, et qui ne cache pas ses maux, ni son amour Core né des souvenirs des grands anciens, dont il se réclame et auxquels il tient, plus que tout.
ALWAYS WAR c’est un nom d’abord, qui joue la transparence. Une déclaration de guerre aux modes et autres tendances, que ses membres conchient comme autant de stratégies marketing dont ils n’ont cure.
Eux, se focalisent plutôt sur le Hardcore des années 80, celui qui naissait par provocation dans la rue, et qui s’incarnait avec affront sur les scènes au plancher battu, le Hardcore des AGNOSTIC FRONT, des CRO-MAGS de Harley Flanagan, de Freddy Cricien et de MADBALL.
Mais ALWAYS WAR, c’est aussi une accointance avouée avec le Metal le plus enflammé, celui de Phil et PANTERA, ou le Néo Thrash des THE HAUNTED, tout comme celui plus old-school de KREATOR. Et une fois toutes ces références assimilées, ces Suédois ont vite compris que le mélange faisait la force, leçon qu’ils ont appliquée au travers de leur musique sans pitié qui se veut incarnation d’un Crossover hurlé, époumoné, et expulsé de guitares au son plus épais qu’un mépris affiché pour tout compromis lâché. Des compromis, ils n’en font aucun, et marient la rudesse Core à la fluidité Metal pour proposer de véritables hymnes à la brutalité, qui se veulent plus intelligents qu’une simple rixe de quartier qui termine mal pour tout le monde.
ALWAYS WAR, ce sont aussi cinq noms. Ceux de Ronnie (chant), Francisco (basse), EB (batterie), Johan et Gustav (guitare), déjà responsables d’un premier EP sorti en 2010, Vengeance Prevail et d’un We are The Flood longue durée deux années après. Et à présent, ce premier LP se voir renforcé d’une seconde intervention en EP, aussi solide et crue que la première, Vultures Chapter 1, qui semble appeler dès à présent une suite que l’on pressent encore plus brutale.
Car il faut l’avouer, dans leur créneau solitaire, les Suédois n’ont que peu d’adversaires. Leur Hardcore métallisé est corsé, frappé, secoué, et servi par une énorme production qui met en relief tous les arguments les plus pertinents et percutants. D’une paire de guitaristes complémentaires et soudés, à un vocaliste vraiment investi et enragé, en passant par une section rythmique aussi solide qu’une enclume et aussi souple qu’un élastique, ALWAYS WAR avance les preuves de ses propres qualités, et ose des compositions supportées par des musiciens éprouvés, qui connaissent leur boulot, et ne font pas semblant d’envoyer le pâté.
Premier choix, le bon, celui de la concision. Tous les titres sont courts et hautement mémorisables, construits sur des couplets généralement rapides ou up tempo, des refrains plombés et Heavy, et des breaks torrides et groovy.
En mixant la souplesse d’un PANTERA avec la rudesse d’un CRO-MAGS, Vultures Chapter 1 frappe fort mais futé, et ne s’aliène aucun supporter éventuel, en rassemblant les familles Metal et Hardcore au sein d’un même élan cohérent.
On pense évidemment à une version actualisée et radicalisée de MADBALL, pour cette façon d’évacuer toute fioriture sans négliger l’ouverture, mais la personnalité du quintette s’affirme en fait de morceau en morceau pour atteindre un paroxysme d’intensité, que beaucoup de groupes de Crust locaux pourraient lui envier (« Walk Away », deux minutes intenses de démence D-Beat s’écrasant sur un refrain mosh collégial, tout simplement génial).
Les ALWAYS WAR sont brutalement agressifs, incarnation du Hardcore urbain qui ne cherche rien d’autre que t’en mettre plein la gueule et te faire descendre dans le pit.
Et ce postulat, aussi péremptoire soit-il, se vérifie à chaque seconde de chaque minute, et trouve son apogée dans l’intensité de titres comme le terrassant et suffocant « The Reason », le plus long du lot, qui pourtant ne vous laisse jamais dépasser la tête de l’eau, et vous enfonce dans les marécages Hardcore avec pugnacité et ténacité.
Difficile de croire que ces mecs sont capables de maintenir la pression sur près de quatre minutes sans baisser d’un ton ou se montrer trop bas du front…Et pourtant, entre une basse gigantesque et vibrante, des riffs secs et nerveux comme une manchette sur la nuque, et des lignes vocales arrachées et vomies à la volée, ce presque final synthétise toute la haine d’un groupe qui voit la réalité aussi vilaine qu’un jour de peine, et qui la retranscrit sans la maquiller d’un explosif Hardcore métallisé.
Et si l’on occulte la superbe outro acoustique « Folkhemsvalsen » qui conclut sur une note harmonieuse et pudique, l’intégralité du EP n’est qu’agression assumée et provocation assurée.
Des classiques instantanés qui décollent les muqueuses et donnent des leçons de violence à Roger Miret (« The Will, The Way »), des formules Hardcore choc frappées du sceau Metal mastoc (« An Eye For A Lie », et son refrain qui vous percute de plein fouet les narines), quelques secondes de pesanteur pour trois minutes de douleur (« Cancer Of The World » et son mid tempo BIOHAZARD de mauvaise humeur sur fond de riffs rageurs à la SLAYER), enfin en gros comme en détail, une leçon de musique brutale qui en vingt minutes devient presque létale.
No bullshit, we play, we hit !
Tel pourrait être le leitmotiv de ces esthètes de la sincérité brutalisée, qui avec Vultures Chapter 1 confirment qu’ils font partie de l’élite Hardcore de leur pays. La Suède, pourtant havre de paix s’enfonce dans la guerre menée contre une musique plastifiée et déjà faisandée, et le silence ne risque pas de régner dans les rues d’Uppsala que ces musiciens arpentent avec fracas.
Titres de l'album:
Excellent report ! J'y étais. C'était purement génial. Dans le même style, tout aussi excellent, le Courts Of Chaos fut aussi un fantastique moment.
01/06/2025, 19:36
Incroyable un groupe qui s'attaque à faire une reprise de Dead Congrégation !!! Je me languis d'écouter ça . Faut pas se louper la ahah.
31/05/2025, 21:53
Ah ah ce message d'au revoir est magnifique"Je dois y aller maintenant… chercher un boulot et jouer à Roblox avec mon fils…"
31/05/2025, 09:12
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55
Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)
22/05/2025, 17:52