L’étang Sondur. (Petit plan d’eau qui de sa surface brillante vous renvoie tous vos problèmes à la face)
Autrement dit, même quand on se ballade du côté de l’automne de la vie, on a parfois besoin, outre de s’enivrer de couleurs cuivrées, de se sentir réchauffé et rassuré, d’une façon ou d’une autre. Car la vie en elle-même est un voyage à travers l’espace et le temps, et souvent même, au travers de l’espace-temps. Le temps, ça fuit, un peu comme un robinet qu’on ne peut pas fermer, alors, attention, même au fin fond des bois, il y a peu de chance de tomber sur une fracture qui vous permettra de rattraper celui que vous avez perdu.
Alors…la musique ? L’espoir ? La jeunesse ?
Et si on combinait les trois pour une fois, et qu’on les associait à la qualité, à l’envie, à l’exubérance et à la folie ? Ça vous dit ? Et puis à la base, le Rock, ça n’est pas ça par hasard ? Un genre de «Wop bop a loo bop a lop bom bom! », mais hurlé au fond d’un désert…
Et le désert, on peut le voir où on veut, même dans une grande ville meurtrie par les coups. Tiens à Paris même, il parait que certains jouent une musique qui semble trouver écho des grandes étendues arides américaines… Un « Stoner psychédélique » qu’ils appellent ça même là-bas, ici, et sur les scènes européennes puisque ces gaillards-là ne s’arrêtent pas à leurs propres frontières.
Allez, je vous paie un voyage, et sans bouger de votre fauteuil. Pas besoin de billet d’avion, il vous suffit juste de décapsuler le deuxième album des Parisiens de DOT LEGACY, To The Others. Mais autant vous prévenir, le voyage est mouvementé, et comprend de nombreuses étapes.
Il traverse la Death Valley, se perd sur la 66, et puis, sur un caprice, s’envole dans l’espace, celui de votre âme qui décide soudain de débrancher ses responsabilités pour s’évader un peu…Un trip à la Easy Rider, sans bécanes, mais avec beaucoup plus d’imagination, et une lucidité qui finalement, révèle nos hôtes d’une demi-heure tels qu’ils sont. Un peu azimutés, mais terriblement conscients de leur liberté et de leur créativité.
On la connaît déjà, puisque leur premier trip éponyme nous avait prévenus, et emmenés dans un délire que même les étrangers nous enviaient. Et sur ce coup-là, avec un disque de cette trempe, même Lester Bangs y aurait perdu sa verve et ses insultes gratuites et véhémentes.
Parce que comme modèle d’un genre qui n’existe pas, To The Others se pose là, et toujours là où on ne l’attend pas.
Alors Stoner, bien sûr, parce qu’on ne peut pas faire autrement. Mais Free Rock aussi, parce que les limites n’existent pas. Un peu libre arbitre seventies et ouvert à toutes les influences, du moment qu’elles soient Rock et authentiques, et puis d’autres ingrédients, parfois louches, parfois western, mais qui font toujours mouche. Beaucoup de fun, mais du sérieux dans l’exécution, et de la volonté dans l’application. Des gros riffs qui pèsent, des arrangements vocaux à l’aise, du Fuzz, du buzz, fondé et défoncé, et au final, une poignée de chansons qui leur appartiennent, et qui doivent autant à MASTODON dans les moments les plus bétons, les KYUSS qui s’y frottent et qui piquent, mais aussi un Zappa atypique, HAWKWIND, nos 7 WEEKS nationaux, et puis une myriade d’autres éléments, un peu de Rap, pas mal de hot qui tape, du WITCHCRAFT, les TUBER, et même un peu de la vague Nola, quand le ton redescend et que le soleil tape vraiment.
Bon, je ne vais pas vous faire un tableau, vous connaissez les oiseaux, sauf que cette fois-ci, ils ont vraiment ouvert leur cage en grand pour s’évader complètement.
Pour être honnête, il y a très longtemps que je ne m’étais pas tant enthousiasmé pour un album de Rock gras et assimilé. Pourtant, je suis porté sur la chose fuzzy et les guitares pas encore aigries, mais je dois reconnaître que notre petite troupe parisienne a vraiment mis la barre de high très haute pour que personne ne l’attrape avant eux. Dot Legacy il y a deux ans m’avait salement ouvert l’appétit, mais nos gamins, à force de tournées en bonne compagnie sont devenus des références, et risquent bientôt de jouer l’influence, et de provoquer l’affluence.
Je m’explique, en substance.
To The Others, hommage au Golden records de la NASA (1977, deux disques d’or gravés d’images et de sons témoignant de notre histoire sont embarqués à bord de deux navettes, à l’attention d’éventuelles civilisations extraterrestres), est en quelque sorte une reproduction du concept d’origine qui se voulait « bouteille humaine lancée dans une mer d’espace », et donc un appel, un bonjour, et surtout, un résumé de tout ce qui nous rend humains et qui témoigne de notre histoire.
Et au petit jeu du mimétisme, les parisiens de DOT LEGACY ont largement gagné leur pari, puisque leur second album résume en une poignée de minutes tout ce que la musique et les sentiments ont fait de nous, des créatures libres et créatives, lumineuses et sombres, empathiques et égoïstes.
Mis à part que leur musique est d’une générosité énorme.
Pour en arriver là, le quatuor (Damien Quintard – chant/basse, Arnaud Merckling – guitare/claviers/chœurs, John Defontaine – guitare/chœurs, et Arthur Menard – batterie/chœurs) a décidé de réfuter toute barrière, et d’explorer les sons comme bon leur semblait. Alors parler de Stoner et de psychédélisme à leur égard est très restrictif, et l’ouverture « Horizon » le démontre d’ailleurs en trois minutes et trente secondes, le format Pop par excellence. Sauf qu’il n’est pas question de Pop sur cette intervention, mais bien de Rock, et qu’après une longue intro toute en retenue de basse, de percussions et de vocaux traités, les troupes explosent d’une rage toute fusion pour un phrasé Ragga qui ne doit rien, ni aux RED HOT, ni à URBAN DANCE SQUAD ou RATM, mais plutôt aux BEASTIE BOYS dont ils empruntent le flair, l’humour, et l’air de rien.
Oui, ça commence comme ça, et ça surprend, mais LA est justement le but du truc.
Et quand ils se lancent dans une course de longue haleine sur « Grey Cardinal », ils ne reprennent jamais leur souffle et souffrent d’une apnée Free Rock un peu progressive sur les bords, mais pouvant compter sur une grosse bulle de chœurs en arrière-plan, et de quelques notes de guitare éparses cristallines…On se dit qu’on tient là une jolie plongée en territoire KYUSS/MASTODON, mais c’est tellement plus que ça, c’est… DOT LEGACY, et rien d’autre.
Ils nous refont le coup du lourd et gras qui ne l’est pas vraiment sur « Dakota », qui sonne comme un feu de camp pour lequel tout le monde se réunit et chante en cœur, avec une grosse tonalité de gratte Fuzz en arrière-plan, et une basse gironde et collante comme un aimant. C’est épais mais gracieux, mélodique et pataud mais hargneux, enfin, une autre façon de voir le Rock du désert…
Intermède mélodique et délicat, comme un dernier regard en arrière (« The Twelve »), gros pavé Garage Rock au délié vocal digne d’un rap asséché, alors même que la rythmique se révèle enfin plus en avant (« 5314 », là, je ne sais plus, ou alors un mélange des PUBLIC IMAGE, de Bunny WAILER, de PEARL JAM et des LOWRIDER), une histoire du succès un peu ironique, qui se plaît à citer un easy Rock un peu Stonien, mais qui finit par dégénérer en sortie d’étoiles de HAWKWIND sans jamais laisser tomber son mid tempo costaud (« Story Of Fame »), et puis un final aussi sombre que grandiloquent, qui joue l’intimisme d’un trio guitare/claviers/voix pour terminer la nuit sur une note de foi, celle qu’on place dans un espoir futile, mais aussi dans les promesses d’un quatuor utile…
Peut-être devrait-on envoyer To The Others dans l’espace, afin que les éventuelles traces de vie d’autres galaxies sachent qu’un jour la musique a atteint un gigantesque degré de liberté…Mais non finalement…Et vous savez pourquoi ? Parce que les DOT LEGACY ont enregistré cet album pour vous, pour nous, et pour eux, et personne d’autre…Alors gardons-le comme tel.
Et si le voyage vous a plu, les mecs sont en tournée avec les TRUCKFIGHTERS et DEVILLE ce mois-ci et le prochain, alors ne les manquez sous aucun prétexte avant que leur navette ne quitte la terre pour d’autres horizons…
Peut-être pour de bon, sait-on jamais…
Titres de l'album:
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50