We Are Islands, After All

Wars

27/01/2017

Spinefarm Records

Une petite partie de rugby à cinq, ça vous tente ? Mais méfiez-vous, en dépit d’une équipe réduite, les opposants s’y connaissent en placage bien brutal, et risquent de vous laisser à terre la gueule reniflant l’enfer du bout des narines.

Pourquoi cette question hors contexte ?

Pas tant que ça, puisque nos belliqueux du jour viennent de Rugby, UK, qu’ils jouent un Metalcore assez puissant, et que finalement, l’analogie était trop tentante pour ne pas la caser en préambule.

Là, vous me direz, « Encore du Metalcore ? Mais nous croyions, jeunes naïfs que nous sommes, que tu détestais cette musique de jeunes affolés ? Nous aurais-tu menti vieux décati ? »

Et vous n’aurez pas complètement tort.

Mais que voulez-vous, bonnes relations avec les labels oblige, je me suis penché sur le cas des presque nouveau-nés de WARS, un peu par obligation et hasard, et surtout intrigué par une pochette sublime, signée du trait de Costin Chioreanu, du collectif Twilight13media, déjà responsable de quelques visuels pour des pointures telles que AT THE GATES, DAKTHRONE ou MAYHEM. Belles tonalités de rouge orangé et de vert irisé, et graphisme en adéquation avec l’intitulé, tout ça avait grave piqué ma curiosité au point que je me mette à parler du premier effort des Anglais de WARS.

Bon, mais une fois la musique assimilée, j’ai dû me rendre à l’évidence.

Oui, malgré sa pochette sublime et son titre énigmatique, We Are Islands, After All n’est qu’un énième disque de Post Hardcore/Metalcore moderne, avec tous les tics inhérents à sa pratique, sa dualité vocale typique, et ses énormes riffs lâchés comme à la parade de la fausse brutalité.

Malgré un concept visant à illustrer le conflit permanent opposant la tête et le cœur battant, ces cinq anglais (Rob Vicars – chant, Sam Barnard – guitare & chant, Lee Tysall – batterie, Matt Burns – guitare et Rich Bennett – basse) préfèrent rester sur la terre ferme plutôt que d’affronter les vents violents de la côte, et ne prennent aucun risque en juxtaposant la mélodie et la puissance d’une façon standard, de celles qu’on a déjà entendu des centaines de fois, en plus ou moins convaincant.

Reste qu’ils injectent dans leur musique une bonne dose de passion à défaut de chercher le petit truc proposant des options. Ils jouissent bien sûr d’une production énorme, signée par le cador Matt O’ Grady (DEAF HAVANA, YOU ME AT SIX, DON BROCO), épaulé par l’ingé-son Alan Douches pour le mastering ricain, mais en dehors de tous ces impératifs d’efficacité, point de salut en dehors de morceaux très formatés, qui restent dans les traces des aînés, sans chercher à les défier. Dès lors, le festival les honore, mais la parade à des airs de déjà-vu, avec des cotillons aux couleurs un peu passées et des chars en préfabriqué. Grosses guitares bien graves, rythmique en marteau-pilon élastique, breaks qu’on sent venir de loin et basse qui ronfle dans un coin, la recette est classique, et fonctionne quand même pourvu que le style vous soit familier et apprécié.

Inutile de recenser ici toutes les références qui vous aideront à les situer en amont, puisque la liste serait trop longue et ne serait d’aucune utilité.

Sachez simplement que les chansons en sont, que ça joue mais tourne un peu en rond, et que ce premier jet ne me réconciliera certainement pas avec le style. Certes, je reconnais que quelques morceaux valent la peine d’être un poil disséqués, comme ce très rappé « Hills and Boulders », plus costaud que la moyenne et flirtant même avec un Néo Metal/Hardcore hors d’haleine, ou ce très emphatique « Salt Flat Sailing », offrant un featuring de Josh McKeown, qui appuie un peu plus sur les cordes, et offre des passages mélodiques un peu plus sensibles que les précédents.

L’ouverture tonitruante de « The Art of Not Knowing » n’est pas non plus déroutante, et place dans le contexte sans tourner autour du pot, avec son riff redondant et sa rythmique bondissante. Il est aussi un des rares où la basse se voit offrir une tribune un peu plus profonde, ce qui offre un surplus de dynamique classique, mais qui fait bien vibrer les pavillons.

Citons aussi le final « Charcoal Days », plus intimiste et harmonique, choix étrange d’ailleurs pour fermer le chapitre en tournant le dos à la brutalité plastifiée, qui contrairement à ce que son timing semble indiquer, ne dure pas un quart d’heure, mais s’éteint brutalement après quelques minutes dans un shunt discret.

Shunt brisé dans son élan de silence à 10’’55, pour offrir la véritable chute, dans un dialogue Rap/guitares sombres, évoquant un mélange intéressant entre un Metalcore glauque et un Hop à la EMINEM pas inintéressant du tout, qui d’ailleurs fait salement regretter que les WARS n’aient pas suivi cette piste plus tôt.

Je l’admets, le genre n’étant pas ma tasse de café, je suis certainement assez mal placé pour juger d’un premier album qui ne fait rien pour me tromper.

Si vous êtes à mon opposé, accro à ces gros licks costauds et à ces pulsions en coup de marteau, il est certain que vous trouverez votre bonheur sur ce We Are Islands, After All. Mais vous regretterez sans doute un son un peu aseptisé et une basse légèrement sous-estimée, qui aurait mérité un regain de coulé et frappé, notamment dans les phases de descente vers les downtempo.

Un premier effort qui en aurait mérité quelques-uns, ne serait-ce que pour se mettre à la hauteur de sa pochette et de son intitulé qui fait travailler la tête.  

 Et si après tout, nous sommes des îles, celle des WARS semble encore un peu trop isolée dans l’océan pour qu’on la remarque et la trouve sans sextant. Pas forcément excitant comme voyage, mais rapide et efficace. Ce qui est peut-être tout ce qu’on leur demande. Mais si le cerveau et le cœur sont en lutte permanente, leur guerre ainsi mise en musique ne ressemble pas vraiment à un combat sanglant. Juste un conflit d’intérêt dans lequel vous ne trouverez pas forcément le vôtre.


Titres de l'album:

  1. Charcoal Days
  2. Hailing Distance
  3. Hills and Boulders
  4. Salt Flat Sailing (feat. Josh McKeown)
  5. Sciamachy Scenes
  6. Snows and Skies
  7. Soul-Sick
  8. Still Waters Run Deep
  9. That By Discord Things Increase
  10. The Art of Not Knowing

Site officiel


par mortne2001 le 30/01/2017 à 14:37
60 %    939

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52

Arioch91

J'aime bien ! Ajouté à ma shopping list.

18/04/2024, 19:48

Saul D

" Marianne" c'est pour miss Schiappa? ok je sors :-)

18/04/2024, 17:12

Gargan

Y'a du riff polonais.

17/04/2024, 08:12