Cette soirée restera gravée dans les mémoires.
Ce soir je comptais juste aller voir des potes balancer du gros Hardcore sur Rennes. Même si ce n'est pas mon genre de prédilection, je soutiens la scène, les amis, la musique. C'est comme ça. Se serrer les coudes aujourd'hui ça ne veut plus rien dire où presque. Mais en Hardcore c'est toujours là. Toujours d'actualité. Et rien que pour ça j'ai envie de causer de cette soirée pas comme les autres.
Toutes les photos sont de Darzec. Un grand merci à toi !
Retrouvez son travail juste ici !
Je débarque donc au Ty Anna (situé place Sainte Anne à Rennes, le cœur battant de la ville) où le concert est prévu, vers 20h30. Je repère bien quelques perfectos cloutés et quelques punks dans le rade, mais quelque chose cloche : la scène est vide. Deux heures auparavant le Conseil Constitutionnel vient de décréter que la loi retraite était justement constitutionnelle. Forcément à Rennes plus qu'ailleurs, une telle nouvelle, ça ne va pas passer. Il y a du monde partout sur la place qui borde la terrasse du bar. On m'annonce que le concert a été déplacé au Melody Maker quelques centaines de mètres plus loin. L'ambiance est électrique Place Sainte Anne, ça sent l'émeute, c'était plus prudent de délocaliser. Je file donc au bar de secours. Je retrouve les copains dans une ambiance bon enfant, prêts à en découdre.
Une pinte à la main, je descends dans la toute petite salle qui accueille les concerts. RECEDANT SOMNIA, après des balances rapides, déclenche les hostilités avec un premier morceaux "qui parle de ce qui se passe juste là, place Sainte Anne !". Et c'est parti. Les Rennais envoient leur gros Crust Hardcore devant un public chaud mais attentif. Les riffs tout droit venus de Scandinavie et les patterns D-Beat de batterie ne mettent pas longtemps à nous prendre aux tripes. Le son est bon, les mélodies accrocheuses, le chant viscéral. Du Crust comme il se doit. Le groupe, au vu du contexte, n'a qu'un temps de jeu limité (15 / 20 minutes), mais qu'importe, ils balancent la sauce comme si tout tournait rond. Les vitres ne mettent pas trois minutes à se couvrir de buée. On n'aura pas froid ce soir.
Setlist RECEDANT SOMNIA :
Incoming Death / La ll / Inside Madness / The Whispers in my head / Requiem for a drink / A Waked up nightmare
Recedant Somnia
Après cette décharge de colère tout le monde se retrouve dehors pour une clope accompagnée d'une bière où l'inverse. C'est là que ça dégénère.
Les Anglais de FULL CONTACT, la tête d'affiche de la soirée (en tournée en France en ce moment), sont chauds bouillants dehors. Et le bruit et la fumée qui se dégage de la Place Sainte Anne les excitent. Nous, Rennais, on connaît, on est habitué. Mais eux veulent aller voir ça de plus près ("Y'a pas ça chez nous ! Chez nous tout le monde laisse le gouvernement nous enculer sans rien faire !"). Les voilà partis, bières et joints à la main vers le chaos et les fumées. Quelques minutes plus tard, une masse de plusieurs dizaines de personnes passe devant le bar en chantant, masques sur le visage, drapeaux anarchistes dans les mains, les black blocs. Juste derrière, deux grenades de désencerclement explosent. Je suis dans le tas sans même m'en rendre compte, l'adrénaline, la surprise, la confusion. Les CRS sont juste là, derrière, ils chargent. Le groupe d'émeutier fait demi-tour juste devant le bar et se retrouve de nouveau, en bloc compact, devant les Compagnies Républicaines de Sécurité (ha ha). La bagarre, les coups de tonfa, les gaz lacrymo et tout le monde qui chante la "Marche Impériale" de Star Wars au moment où les casqués passent eux aussi devant le bar. Ils se retournent vers nous, le regard hargneux, l'envie de cogner, mais nous on boit juste des bières devant un rade en chantant. Devant eux, il y a les black blocs. Ils les coursent.
Comme si nous n'étions pas assez énervé, voilà que les locaux de HARD MIND entament leur concert en bas, dans le bar. Grosse bagarre dans le pit. Émeute dehors, émeute dedans. Quelques-uns quittent même la petite salle tellement c'est violent. Ça envoie du gros KDS dans la fosse. Mais bordel quel pied. Le son est artisanal mais ça cogne juste. Pas de temps mort, le groupe de Rennes vident ses tripes au milieu des mosh-parts écrasantes. On tape dans le Hardcore Beatdown (que les puristes me corrige si je me trompe), aucune mélodie juste de la baston. Frontale. Tout prend du sens ce soir.
Hard Mind
Après ce nouveau déchaînement, retour dehors pour boire une clope et fumer une pinte. Je sais plus. Ça sent méchamment le gaz. Ça sent Rennes. Il y a le feu dans des poubelles à quelques mètres de l'entrée du bar. On redescend pour FULL CONTACT qui envoie du lourd, vénère comme pas permis. Du Hardcore de rue. Bête et méchant. Mais dehors ça vire au pire, la pauvre barman descend dans la fosse en faisant des petits gestes, une licorne au milieu d'un troupeau de mammouths. Elle stop le concert, on rentre les tables et les chaises, on ferme la porte du bar. Merde, c'est fini. Il est à peine 22h30. Mais personne ne grogne, dehors c'est la guerre.
Full Contact
Forcément, cette ambiance insurrectionnelle, ces odeurs de fumée et d'émeutes ont rendu cette soirée très particulière. Le RNHC s'en souviendra longtemps, très longtemps. Je me dirige vers le métro au milieu des décombres, du camion canon à eau (qui vient d'être utilisé pour éteindre le commissariat en feu !), des casqués et des derniers manifestants. Et je me dis que, bordel, quelle ville Rennes ! Quelle soirée !
Ah oui, et bon courage jusqu'à 64 ans.
D'autres photos :
Je trouve ce report sexiste.
'foiré Pif !
Putain, vous déconnez pas sur Rennes !
Les Beatles, des prophètes!!! ( "When I'm 64") et pourtant ils ne faisaient pas de hardcore :-)
Bon Dieu, entonner la Marche Impériale au passage des CRS ! C'est assez chaud aussi dans le Midi mais là, franchement, je me prosterne. Les petits concerts sont parfois tout aussi inoubliables. Vous avez de la chance d'avoir encore des petites salles dans des bars situées dans la vieille ville : depuis le covid, chez nous, finito ! - comme dirait l'autre...
Voyage au centre de la scène : interview de Jasper Ruijtenbeek (The Ritual Productions)
Jus de cadavre 07/05/2023
Élue pochette de l'année. Et musicalement c'est pas dégueu. Faut que j'écoute ça attentivement.
29/05/2023, 16:54
Ça sentirait pas un peu la pochette faite par IA ça ?. Midjourney sera bientôt le "cover artist" le plus productif sur Metal archives...
26/05/2023, 20:56
Le premier album a énormément tourné chez moi, gros Hardcore à bagarre avec riffs à la Slayer mais toujours avec une ambiance... jouasse ! Genre, du HxC en chemise Hawaïenne.Mais là je dois dire que le titre Good Good Things m'a fait dr&o(...)
25/05/2023, 18:25
RIPC'est quand même le second du line originel qui passe l'arme à gauche....
25/05/2023, 15:17
Grosse perte, voilà un Monsieur dont la contribution à la scène Rock en général est largement inconnue.Un grand merci pour avoir permi tant de chose et montrer non pas une mais plusieurs voies possibles pour s'exprimer dans la musique.
25/05/2023, 08:37
MARDUK a communiqué depuis en disant que ce n'était là que l'une des nombreuses fois où il est apparu totalement ivre sur scène (il aurait par exemple fait un streap tease sur scène...) et que c'était une condition de départ p(...)
25/05/2023, 08:35
Du calme les excités antitout, vous disiez pareil de slayer, jouer avec l'interdit c'est tout à fait l'esprit adolescent du metal
24/05/2023, 21:49
Le clip - aussi moche soit il - est déjà bien plus intéressant que 99% des clips métal réalisé en usine désaffecté avec ces sicos mode playback.
24/05/2023, 16:39
L'intelligence artificielle n'est pas - par définition - l'intelligence. Un bon monde d'assistés qui se prépare.Le clip n'est pas si mal malgré tout.
24/05/2023, 15:10
Juste au moment où je me mets à apprécier de nouveau pleinement Type-O après une parenthèse de presque vingt-cinq ans... Comme quoi il reste toujours un public pour les grands groupes même après leur disparition active.
24/05/2023, 13:44