En, voyant la photo promo des DIE EGO, je me suis soudainement senti nerveux. Allais-je arriver en retard à la fac pour mon cours de civilisation anglaise ? Le bus allait-il passer à l’heure, et surtout, JD allait-il m’aider pour ce foutu partiel ?
Petite boutade en mode régression pour souligner le caractère terriblement nineties du look de ces musiciens, qui évoque une sorte de revival TEMPLE OF THE DOG, avec clone de Chris Cornell époque Badmotorfinger. Alors, la question se pose assez légitimement : le ramage s’accorde-t-il au plumage, et ces anglais sont-ils des admirateurs de la scène de Seattle, trente ans après son explosion ? La réponse est claire et nette, et ce, dès les premières mesures de l’album : NON, et en majuscules s’il vous plaît.
DIE EGO peut donc être interprété de plusieurs façons. En anglais tout d’abord, la mort de l’ego, en allemand, pour désigner le moi, mais aussi en phonétique, en clin d’œil au guitariste de l’épopée, Diego. Les trois explications sont bonnes, et permettent de définir l’approche de ces trois londoniens, connus sur la scène, et déjà acteurs investis de la recherche sonore la plus métissée.
Je parlais de Grunge et d’Alternatif, ce qui aurait pu être une piste très valable, mais il n’en est rien, comme je l’ai souligné plus en amont. Non, les DIE EGO seraient plus partie prenante du mouvement Sludge et Groove, avec quelques particularités notables : des accointances avec une violence sourde, et une inclinaison à brouiller les pistes de morceau en morceau.
Culto, leur premier album, était déjà fort singulier. Mais il semblerait que les trois compères aient choisi de suivre une piste difficile, celle d’un Crossover global mélangeant des éléments de divers genres pour créer le leur. Elaboré en compagnie de Martin Furia (DESTRUCTION), 74 Days Staring at The Void nous propose donc de plonger notre regard dans le vide pour une durée conséquente, histoire de voir si celui qui regarde le monstre n’en devient pas un lui-même. Et sans surprise, 74 Days Staring at The Void incarne ce monstre que le groupe décrit avec beaucoup d’acuité.
On trouve de tout ici. C’est un marché ouvert, bien achalandé, et tenu par les MELVINS, PANTERA, NEUROSIS, DESTRUCTION, un peu thrashy sur les bords, méchamment Heavy, oppressant, dissonant, violent, méchant, en gros, toutes les qualités qu’on attend d’un outsider sérieux capable de défier les stars de l’affiche. A part sur la scène actuelle, DIE EGO (Gabe - basse/chant, Diego - guitare et Edoardo - batterie) réconcilie les ALICE IN CHAINS et PANTERA, pour une accolade virile et fraternelle, et synthétise le meilleur des années 90 sans sombrer dans la facilité old-school déjà périmée. On aime évidemment cette voix grave et graveleuse, cette guitare versatile et volubile, ces soudains changements d’humeur en mode bipolarité, et cette capacité incroyable à noyer le poisson dans l’eau du marais pour éviter d’être prévisible.
« Son Of Devotion », morceau sublime, est justement la quintessence de l’art du trio londonien. Glissé entre un DOWN particulièrement grincheux et un PSYCHOTIC WALTZ plus raisonnable, cette attaque tout sauf frontale utilise tous les arguments de l’extrême pour parvenir à ses fins, et incarne à merveille ce cabinet de capacités qu’utilisent les anglais. Reprises au cordeau, coup dans le dos, son énorme et gras, œillades au Metal sudiste compact et houblonné des années 90 (la scène NOLA est souvent citée dans le texte), les éléments sont en place, et l’effet bœuf.
Passionnant, 74 Days Staring at The Void l’est sans conteste, et vous n’aurez pas à réfléchir soixante-quatorze jours pour le comprendre. Si certaines idées se recoupent d’un chapitre à l’autre, le trio parvient toujours à trouver un petit interstice de lumière pour éclairer différemment son inspiration. Ainsi, « I Think Therefore I Hate » joue le mid tempo lourd et suffocant à la PANTERA des dernières années, tandis que « The Executioner » fricote avec le Thrash le plus classique, avant de nous écraser d’une double grosse caisse impitoyable.
Mélodies, feedback, vibrato malmené, sifflantes, harmoniques, tous les artifices de guitare y passent, et la demi-heure accordée aux DIE EGO passe très, très vite. On aurait aimé plus de temps passé avec eux pour tenter de les cerner avec plus de précision et de fiabilité, mais finalement, ce mystère encore épais à son charme qu’il convient de ne pas gâcher.
74 Days Staring at The Void est un vide que l’on fixe jusqu’à s’en décoller les rétines, et qui nous laisse entrevoir les atrocités de l’humanité sur fond de bande-son agressive mais idoine. Et si après tout, le proverbial monstre du gouffre c’était nous ?
Titres de l’album :
01. The Serpents Bearer
02. Consumed By Mediocrity
03. Son Of Devotion
04. I Think Therefore I Hate
05. 74 Days Staring At The Void
06. The Executioner
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11