74 Days Staring at The Void

Die Ego

31/03/2023

Autoproduction

En, voyant la photo promo des DIE EGO, je me suis soudainement senti nerveux. Allais-je arriver en retard à la fac pour mon cours de civilisation anglaise ? Le bus allait-il passer à l’heure, et surtout, JD allait-il m’aider pour ce foutu partiel ?

Petite boutade en mode régression pour souligner le caractère terriblement nineties du look de ces musiciens, qui évoque une sorte de revival TEMPLE OF THE DOG, avec clone de Chris Cornell époque Badmotorfinger. Alors, la question se pose assez légitimement : le ramage s’accorde-t-il au plumage, et ces anglais sont-ils des admirateurs de la scène de Seattle, trente ans après son explosion ? La réponse est claire et nette, et ce, dès les premières mesures de l’album : NON, et en majuscules s’il vous plaît.

DIE EGO peut donc être interprété de plusieurs façons. En anglais tout d’abord, la mort de l’ego, en allemand, pour désigner le moi, mais aussi en phonétique, en clin d’œil au guitariste de l’épopée, Diego. Les trois explications sont bonnes, et permettent de définir l’approche de ces trois londoniens, connus sur la scène, et déjà acteurs investis de la recherche sonore la plus métissée.

Je parlais de Grunge et d’Alternatif, ce qui aurait pu être une piste très valable, mais il n’en est rien, comme je l’ai souligné plus en amont. Non, les DIE EGO seraient plus partie prenante du mouvement Sludge et Groove, avec quelques particularités notables : des accointances avec une violence sourde, et une inclinaison à brouiller les pistes de morceau en morceau.

Culto, leur premier album, était déjà fort singulier. Mais il semblerait que les trois compères aient choisi de suivre une piste difficile, celle d’un Crossover global mélangeant des éléments de divers genres pour créer le leur. Elaboré en compagnie de Martin Furia (DESTRUCTION), 74 Days Staring at The Void nous propose donc de plonger notre regard dans le vide pour une durée conséquente, histoire de voir si celui qui regarde le monstre n’en devient pas un lui-même. Et sans surprise, 74 Days Staring at The Void incarne ce monstre que le groupe décrit avec beaucoup d’acuité.

On trouve de tout ici. C’est un marché ouvert, bien achalandé, et tenu par les MELVINS, PANTERA, NEUROSIS, DESTRUCTION, un peu thrashy sur les bords, méchamment Heavy, oppressant, dissonant, violent, méchant, en gros, toutes les qualités qu’on attend d’un outsider sérieux capable de défier les stars de l’affiche. A part sur la scène actuelle, DIE EGO (Gabe - basse/chant, Diego - guitare et Edoardo - batterie) réconcilie les ALICE IN CHAINS et PANTERA, pour une accolade virile et fraternelle, et synthétise le meilleur des années 90 sans sombrer dans la facilité old-school déjà périmée. On aime évidemment cette voix grave et graveleuse, cette guitare versatile et volubile, ces soudains changements d’humeur en mode bipolarité, et cette capacité incroyable à noyer le poisson dans l’eau du marais pour éviter d’être prévisible.

« Son Of Devotion », morceau sublime, est justement la quintessence de l’art du trio londonien. Glissé entre un DOWN particulièrement grincheux et un PSYCHOTIC WALTZ plus raisonnable, cette attaque tout sauf frontale utilise tous les arguments de l’extrême pour parvenir à ses fins, et incarne à merveille ce cabinet de capacités qu’utilisent les anglais. Reprises au cordeau, coup dans le dos, son énorme et gras, œillades au Metal sudiste compact et houblonné des années 90 (la scène NOLA est souvent citée dans le texte), les éléments sont en place, et l’effet bœuf.

Passionnant, 74 Days Staring at The Void l’est sans conteste, et vous n’aurez pas à réfléchir soixante-quatorze jours pour le comprendre. Si certaines idées se recoupent d’un chapitre à l’autre, le trio parvient toujours à trouver un petit interstice de lumière pour éclairer différemment son inspiration. Ainsi, « I Think Therefore I Hate » joue le mid tempo lourd et suffocant à la PANTERA des dernières années, tandis que « The Executioner » fricote avec le Thrash le plus classique, avant de nous écraser d’une double grosse caisse impitoyable.

Mélodies, feedback, vibrato malmené, sifflantes, harmoniques, tous les artifices de guitare y passent, et la demi-heure accordée aux DIE EGO passe très, très vite. On aurait aimé plus de temps passé avec eux pour tenter de les cerner avec plus de précision et de fiabilité, mais finalement, ce mystère encore épais à son charme qu’il convient de ne pas gâcher.

74 Days Staring at The Void  est un vide que l’on fixe jusqu’à s’en décoller les rétines, et qui nous laisse entrevoir les atrocités de l’humanité sur fond de bande-son agressive mais idoine. Et si après tout, le proverbial monstre du gouffre c’était nous ?     

         

  

Titres de l’album :

01. The Serpents Bearer

02. Consumed By Mediocrity

03. Son Of Devotion

04. I Think Therefore I Hate

05. 74 Days Staring At The Void

06. The Executioner


Site officiel

Facebook officiel

Bandcamp officiel

par mortne2001 le 15/03/2023 à 18:19
82 %    353

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report

Abbath + Toxic Holocaust + Hellripper

RBD 21/01/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52

Arioch91

J'aime bien ! Ajouté à ma shopping list.

18/04/2024, 19:48

Saul D

" Marianne" c'est pour miss Schiappa? ok je sors :-)

18/04/2024, 17:12

Gargan

Y'a du riff polonais.

17/04/2024, 08:12

grinder92

Pas de groupes irlandais alors ! 

16/04/2024, 11:24

Gargan

Faudrait descendre un peu et faire la prochaine édition au stade rochelais   

16/04/2024, 08:30

Tourista

Au delà du commerce qui brûle, ce qui est ÉVIDEMMENT regrettable pour l'entrepreneur et la clientèle, il est difficile de ne pas voir le côté comique de l'événement... Au pays des clochers qui ont servi si souvent de barbecues.  (...)

15/04/2024, 18:21

Simony

Oh ça va on rigole ! Pour une musique qui se dit en désaccord avec le concept de religion, je trouve que l'on sacralise et idolâtre un peu trop de choses dans cette scène.C'est dommage c'est sur mais c'est que du matériel, ça va !

15/04/2024, 16:14

Labbé

je plussoie ! cet album est effectivement fort fort bon... mention spéciale pour Howl of Gleaming Swords. Merci pour la découverte ! 

15/04/2024, 15:01

LeMoustre

Le niveau des commentaires ici ça fait peur

15/04/2024, 14:25

LeMoustre

Oh purée !!! Merde !Moi qui ai eu la chance de pouvoir y trainer une demi journée entière (il les fallait) a la recherche de perles d'époque, émerveillé par ce magasin-musée, c'est bien fâcheux cette news.U(...)

15/04/2024, 13:47

Humungus

Y'a des gens ici qui sont trop "Trve".

15/04/2024, 06:54

Satan

Y a des gens ici qui n'ont aucun sens de l'Histoire et un sens de l'humour franchement bas-de-plafond.

14/04/2024, 23:29

azerty666

Résidu de Slayer, mouhahahahahaaaa ^^

14/04/2024, 20:10

Tourista

Un beau black friday.

14/04/2024, 15:48

Benstard

Putain ça me fait mal comme c'est en bois.

14/04/2024, 08:21

Humungus

Ah mais ouais !!!Il m'a fallu 24h pour comprendre... ... ...

14/04/2024, 06:55

Tourista

J'ai mis du temps à capter !! 

14/04/2024, 05:40

Tourista

14/04/2024, 05:39