Un groupe allemand qui joue du Crust/D-beat à la suédoise et du Grind à l’anglaise, ça nous promet une Europe plus unie qu’il n’y parait. Pourtant, la carrière de ces flingués-là a été tout sauf une réunion tranquille au parlement de Strasbourg, puisque depuis leur débuts, leur avancée a été constamment contrariée par des problèmes de line-up, inhérents à la vie privée de ses membres, aux boulots qu’ils ont été obligés d’accepter pour survivre, mais aussi à la désaffection de certains de leurs acolytes, fatigués de devoir attendre…Il n’empêche qu’après plus de dix ans de carrière, les ABJURED sont toujours là, et bien là, et qu’ils nous proposent enfin leur second longue-durée après l’initial Life…You Know ?! publié en 2011. Sept ans auront donc été nécessaires à l’élaboration de cette suite, qui n’a fait que confirmer toutes les difficultés rencontrées lors de l’enregistrement du premier chapitre qui aurait dû voir le jour en 2009. Un destin capricieux donc, qui n’a en rien entamé la foi de ces maniaques du bruit organisé, remontés comme une pendule suisse, et précis comme le sacro-saint tea-time anglais. Pourtant point de lenteur ou de flegme à l’horizon, puisque leurs obsessions sont toujours les mêmes, la violence de ton, l’abrasivité de fond, pour une incarnation tangible qui résume toutes les facettes de l’extrême contemporain, trouvant ses racines au fin fond d’années 80 dévastées par la brutalité made in England und Sweden. Et de fait, ce terrifiant Absolutist mérite son nom amplement, et se veut concentré de rage pure, non dénué cependant d’une certaine finesse d’exécution, transformant ces onze nouveaux pamphlets en explosions de colère.
Je ne vous ferai pas l’injure de reproduire en ces lignes la bio du groupe disponible sur leur page Facebook, mais je vous indiquerai quand même la présence de cette nouvelle sortie dans les colonnes du très estimé (pour moi en tout cas) webzine Dead Air At The Pulpit, véritable bible de l’extrême, et dont chaque conseil musical se doit d’être traité avec le plus grand des sérieux. Le webzine en question n’a d’ailleurs pas été avare d’enthousiasme à l’heure d’aborder cette sortie, établissant quelques parallèles très valides avec les références NASUM, NAILS et SECT, voyant même en ABJURED une sorte de point de convergence entre les trois entités. Et autant dire qu’une fois encore, ils ne se sont pas trompés, tant ce second LP fait montre d’une débauche de hargne et de vélocité à rendre les TOTAL FUCKING DESTRUCION et autres INSECT WARFARE fous de jalousie et légèrement neurasthéniques. On sent que les turpitudes d’une carrière sans cesse contrariée à bien agacé les allemands, qui reviennent encore plus tonitruants et inventifs que jamais, se répandant au travers de tronçons plus ou moins courts, mais surtout puissants comme un souffle atomique à l’hiver nucléaire drastique nous pendant au nez. Entre une rythmique qui n’a de cesse de multiplier les figures et de transcender des blasts pour les rendre encore plus affolés, une guitare qui mouline comme un pêcheur à la mouche de compète, et une dualité vocale en cyclone de tempête, le bilan est assez phénoménal, et l’énergie déployée incroyable. Impossible de reprendre son souffle entre deux titres, puisque même en version plus « modérée » (terme à prendre avec de grosses pincettes de labo), le quatuor (Evandro - chant, Nico - guitare, Eric - guitare et Ron - batterie/chant) n’en est pas moins survolté, permettant aux rares incursions en mid de montrer autant de férocité que les instants dégénérés. Dégénéré, tel est le mot, et on a parfois le sentiment de tomber sur la silhouette dégingandée d’un BRUTAL TRUTH trop sevré au café après un séjour prolongé du côté de Stockholm, défigurant le D-beat pour le faire entrer dans un masque Grind aux grimaces tétanisantes.
Bruyant mais pas Noise pour autant, cet Absolutist joue même un jeu étrange, se lâchant parfois dans un solo bluesy encastré dans une carcasse Grind broyée (« Exist »), et encadrant ses jets les plus brefs entre deux presse-papier assez serrés. Ainsi, entre l’intro ambivalente et dérangeante de « Into The Truth (Is It Worth) » à la mélodie d’entame trouble et nostalgique, versant soudainement dans le Crust le plus anglais payant sa dime au D-Beat purement scandinave, et l’outro interminable et éponyme osant les douze minutes de lancinances et de stridences Indus pour mieux nous enrober dans un linceul de plastique, on nage en pleine véhémence qui nous prend de face pour mieux nous corriger, et nous faire piger un message assez facile à faire passer. De la brutalité, mais saine, de la vélocité, mais insane, et surtout, une dextérité instrumentale qui permet aux saillies les plus incontrôlables de rester sous maîtrise, histoire de ne pas verser dans le fourre-tout bordélique un peu trop prévisible. Les sept années passées à élaborer un répertoire renouvelé auront donc été mises à profit, et par extension, les ABJURED reviennent occuper un devant de scène qu’ils méritent amplement, pour nous slammer sur la gueule de leurs combinaisons pas bégueules. Et en se partageant entre des coups de folie Grind comme cet « Awakening » que les NASUM auraient pu malmener, et les manipulations plus multidimensionnelles comme cet imparable « Massive Melancholy » qui ne l’engendre pas, le tableau de l’extrême brossé est décidément complet, et peint par de véritables artistes qui aiment vraiment le travail bien fait. Proche de la perfection dans la cacophonie agencée, Absolutist n’a en effet qu’un seul but, cet absolu que les allemands ont fini par atteindre, en teintant leur ultraviolence de musicalité. Car au-delà de la cruauté instrumentale affichée, on sent en filigrane prononcé un réel désir de jeter en pâture des riffs qui tiennent debout et se revendiquant d’une efficacité renforcée d’inventivité, soutenus par une section rythmique infatigable qui enchaîne les pirouettes tout en retombant constamment sur ses pieds.
Si vous ajoutez à ça une doublette vocale remplissant son rôle d’association de malades schizophrènes en mal de victimes et une production au-dessus de tout soupçon, vous obtenez sans mal le LP de Crust/Grind libre le plus fou du mois, mais aussi le plus addictif. Un disque qui pourrait faire croire à une réunification spirituelle d’une Europe qu’on repeint à la truelle, mais qui finalement, en termes artistiques, n’a pas grand-chose à envier au reste du monde. Espérons que l’avenir permette aux ABJURED de se stabiliser, histoire que nous n’ayons pas à patienter encore quelques années pour découvrir la suite de leurs exactions.
Titres de l'album:
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31