Une intro d’une minute jouée par une guitare acide qui transpire une mélodie malsaine. Une soudaine bourrasque de quatre minutes qui passe en revue toutes les ambiances les plus violentes du Death Metal traditionnel. Ainsi débute le onzième album des américains d’IMMOLATION, et immédiatement, le fan est happé dans un tourbillon de brutalité dont il sait qu’il ne sortira pas indemne. Cinq ans déjà après Atonement, le groupe revient enfin, et justifie cette longue absence par un désir de perfection, pour offrir au fan le meilleur album possible. Car Ross Dolan (basse/chant) est très clair à ce sujet : pas question de brader le nom du groupe en lâchant des œuvres approximatives. Depuis 1991 et le séminal Dawn of Possession, IMMOLATION est plus qu’un simple nom, c’est une trademark, un gage de qualité, une obligation d’excellence. Et là où nombre de leurs confères se sont perdus en répétant maladroitement des recettes bon marché, ou en pratiquant une ouverture trop flagrante, le quatuor de Yonkers, New-York s’est toujours montré pointilleux sur sa créativité, même si rien ne ressemble plus à un album d’IMMOLATION qu’un autre album d’IMMOLATION.
Et pour cause, puisque personne n’est capable de les imiter.
Paul Orofino aux Millbrook studios, en charge depuis plus de vingt ans, a offert le soutien dont le groupe avait besoin pour revenir après ces longues années chargées en évènements plus ou moins gênants. Il fallait gérer l’après-COVID, pandémie qui a laissé tant de musiciens sur le trottoir et non sur la route qu’ils devaient arpenter pour gagner leur vie. Et de fait, sans vraiment le vouloir, Acts Of God incarne à merveille cette époque de doute en spirale descendante, de sa gravité, de sa bestialité froide, et de son agression permanente créant un sentiment d’insécurité qui sied si bien à cette musique morbide.
A pochette sublime, à thématique pertinente, musique puissante. C’est bien le seul leitmotiv que l’on peut retenir de ce onzième chapitre de la saga, toujours aussi passionnante. Fermement accroché à sa basse et son micro, Ross Dolan domine toujours les débats de sa voix grave et sentencieuse, mais n’oublie jamais qu’il est secondé depuis 1988 par l’un des guitaristes les plus inventifs du créneau. Et encore une fois, Robert Vigna parvient à extirper de son instrument les textures les plus létales, les harmonies les plus amères, et les climats les plus délétères. On s’en rend immédiatement compte en découvrant l’intro « Abandoned », mais aussi en détaillant l’évolution de « Noose Of Thorns ». Ici, l’ultraviolence n’est jamais gratuite, n’est pas qu’un simple exutoire, mais une façon très précise de décrire des évènements extérieurs, et plus généralement, de dessiner un plan de la vie moderne nous renvoyant aux heures les plus sombres de Dante.
Au-delà du leadership indiscutable des deux hommes, présents depuis les origines, c’est évidemment le jeu de batterie toujours aussi époustouflant de Steve Shalaty qui choque et coupe le souffle. L’homme est en représentation permanente, parvient à insérer des fills au moment le moins idoine, et frappe ses toms avec une vitesse dans la fluidité qui laisse pantois. Son jeu de double grosse caisse, ses percussions assommantes donnent encore une fois à ces morceaux l’impulsion dont ils avaient besoin pour basculer du côté surnaturel, et une démonstration de la trempe de « Shed The Light », application d’un beat parfait sur une structure classique, prouve que le batteur n’a rien perdu de sa dextérité et de son inventivité.
IMMOLATION est IMMOLATION et ne sera jamais rien d’autre.
Ce qui tombe à pic pour deux raisons : nous avons besoin d’IMMOLATION, et nous ne lui demandons rien d‘autre que de jouer un Death formel, brutal, précis et grave. Et c’est exactement ce qu’Acts Of God nous prodigue, dans un style de manuel à l’usage des pêcheurs descendant dans les profondeurs des enfers. Nous serons donc condamnés pour avoir trop apprécié la vie et ses plaisirs déviants, mais le quatuor est le meilleur guide pour nous y conduire. Assez prestement d’ailleurs, au rythme de « Overtures Of The Wicked », et avec un certain sadisme cruel, celui exprimé par le titanesque « Immoral Stain ».
Le cheminement aux enfers pourra paraître un brin trop long aux âmes perdues, IMMOLATION n’ayant encore pas su s’arrêter à temps, et dépassant d’une dizaine de minutes le timing parfait pour cet accompagnement. Difficile toutefois de reprocher au groupe cette générosité excusant une longue absence, mais avec une poignée d’étapes dispensables, Acts Of God manque le coche de la perfection, lassant légèrement en fin de parcours et s’en remettant à des astuces éprouvées pour se justifier.
Mais ces riffs sortis du purgatoire et moisis jusqu’aux cordes, ces accélérations brise-nuque, ces litanies gravissimes qui nous enjoignent d’accepter notre sort sans rechigner, cette ambiance prenante et moite, tout contribue à faire de ce nouvel album un classique du genre, peaufiné à l’extrême, mais sauvage comme un meurtre de masse spontané. Fidèle à sa légende, IMMOLATION joue l’excellence, renvoie la jeune génération à ses démos, et nous embarque dans un fantasme morbide jouissif et expiatoire.
Total respect.
Titres de l’album:
01. Abandoned
02. An Act Of God
03. The Age Of No Light
04. Noose Of Thorns
05. Shed The Light
06. Blooded
07. Overtures Of The Wicked
08. Immoral Stain
09. Incineration Procession
10. Broken Prey
11. Derelict Of Spirit
12. When Halos Burn
13. Let The Darkness In
14. And The Flames Wept
15. Apostle
Une fois de plus, j'ai essayé.
Une fois de plus, j'ai pas accroché d'un iota.
Allez comprendre...
Bizarre, mais que veux-tu y'a des groupes comme ça.
Album excellent, même si 2/3 titres le rendent plus délicat sur la longueur, mais quel bloc, mes aïeux ! Du grand Immolation
J'ai plus ou moins lâché le groupe après Majesty and Decay mais quelle bonne idée il m'a pris de vouloir écouter cet album. Classique, peut-être un peu long pour le style, mais quelle claque ! Tout en puissance et rempli de colère, c'est le death metal à son meilleur.
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"
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Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ?
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@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44