Ils nous avaient surpris en 2015 d’un album que personne n’attendait, et avaient pioché dans le passé de quoi regarder sereinement l’avenir. Enfin, dans le cas d’UGLY KID JOE, le terme « sereinement » ne veut pas dire grand-chose. Et pour cause, puisque le gang d’Isla Vista, en bonne troupe de chiffonniers bigarrés n’a jamais abordé sa carrière avec sérieux, tout en composant de sacrés hymnes que l’on a tous encore en tête. Qui a pu oublier ce clip de plage sur « Everything About You », ou cette famille Groseille rotant et pétant dans « Neighbour » ? Le JOE a donc rythmé nos jeunes années 90 avec sa bonne humeur et son dégoût pour la chose Glam, formalisée par ce nom en pied de nez aux fardés PRETTY BOY FLOYD. Mais alors…
Mais alors, en 2022, que vaut le KID JOE, est surtout, est-il toujours ce gros branleur représentant ce que l’Amérique à de plus sarcastique et potache à offrir, à la mode American Pie ? Eh bien, le KID a grandi, mais il ne s’est pas assagi. La pochette et le titre même de Rad Wings Of Destiny indiquent avec une gouaille incomparable que le quintet ne s’est pas rangé des voitures pour s’acheter une conduite intérieure. Et si Uglier Than They Used Ta Be se rapprochait des jours de gloire, Rad Wings Of Destiny les revisite avec beaucoup de flair, mais aussi d’une nostalgie qui se teinte de quelques émotions inhabituelles.
Le chat est toujours dans le berceau, et le gang de Whitfield Crane n’a pas déserté sa Californie pour la banlieue de Seattle. Mais autant envisager les choses comme elles sont, et admettre que ce nouvel album est sans doute ce que le quintet a proposé de plus mature jusqu’à aujourd’hui. Aux côtés de ce chanteur unique, on retrouve l’équipe habituelle, Cordell Crockett (basse), Dave Fortman & Klaus Eichstadt (guitares), et Shannon Larkin (batterie), et l’opération reconquête fonctionne à merveille, pour une raison simple : le répertoire nouveau est inattaquable, et certainement le plus solide de la carrière du groupe. On ne se cache plus derrière un ou deux tubes rigolards, et on va chercher au plus profond de soi les émotions nécessaires à la narration d’une vieille histoire, qui endort toujours les enfants avec malice.
Ainsi, entre deux évidences, UGLY KID JOE se met à nu, et fait preuve d’une pudeur inhabituelle. Ainsi, « Everything’s Changing » ressemble à ces contes urbains que Lou REED aimait tant raconter durant sa période Bowie, alors que « Kill The Pain », au texte poignant, se donne des faux-airs de power-ballad Heavy en diable, avec en contrepoint une acoustique ciselée.
Niveau surprises assez inattendues, on tombe en égrenant le tracklisting sur un hommage à l’Angleterre, et ses représentants Pop les plus précieux. Difficile à croire que le JOE puisse reprendre les KINKS, qui de leur amour de la campagne anglaise semblaient aux antipodes de ces surfeurs californiens, pourtant, la reprise du magnifique et historique « Lola » passe comme une lettre à la poste de Los Angeles, et nous laisse le regard embrumé et les souvenirs tournés vers un passé qu’on chérit encore.
De la consistance. On ne compte plus sur les tubes faciles, et on laisse parler son âme et son cœur pour offrir au public des chansons profondes. Ce qui ne veut évidemment pas dire que les branleurs arrêtent de jouer avec les sonnettes et ne piquent plus le vélo des enfants, mais ils le font de manière plus adulte, sans blesser personne. On note évidemment quelques allusions fameuses au Hard-Rock des années 70, avec un salut de la main aux grands frères d’AC/DC via l’introductif « That Ain’t Livin’ », sur lequel Crane s’arrache la gorge en mode Bon Scott soundalike, alors que « Dead Friends Play » de son côté se montre plus abrasif, dans une veine KIX, KISS et consorts.
Mais le vrai tube de l’album n’a rien à voir avec le Hard-Rock, ou si peu. « Not Like The Other », boogie teenage pourra éventuellement se mettre à la colle avec les STRUTS, ou les enfants de SWEET et SLADE, mais vous entraînera surtout sur les routes d’Amérique, continent si vaste que les états changent de style comme de sénateurs. Ce chaloupé est atypique, cool sur les bords, avec les lunettes de soleil vissées sur le crane, mais sonne pourtant aussi anglais qu’un titre de Gary GLITTER repris par les DEF LEPPARD pendant un enterrement de vie de garçon.
La production, signée Mark Dodson louche sur l’époque dorée, et la heavy rotation des clips sur MTV, mais elle reste claire et ample, laisse respirer les instruments, donne de la marge à la basse, et place quelques arrangements malins sur le chemin. Une acoustique fragile, des chœurs à la BEATLES version psychédélique, et l’album déroule ses épisodes avec tranquillité.
En étant subjectif, on pourrait même dire après quelques écoutes seulement que Rad Wings Of Destiny est le meilleur album du JOE. Ou, en se montrant plus pondéré, à son meilleur album depuis l’imputrescible America's Least Wanted. Les preuves ne manquent pas, mais la surprise n’en est pas moins de taille. Ainsi, « Up in the City » se la joue cool avec sa rythmique jamaïcaine trafiquée Californie, alors que « Drinkin’ And Drivin’ » et son leitmotiv « should have stay clean » évoque les années qui passent et laissent des traces. Beaucoup de moments de calme, une sérénité qui peut choquer avec des accents Country, mais aussi du gros son avec le killer « Failure », encore une fois binaire fatal, et une sensation globale terriblement agréable en oreilles.
Un album qui fait du bien au cœur, et qui offre l’image d’un groupe en paix avec lui-même. Parfois parallèle au travail de Chip Z’Nuff, Rad Wings Of Destiny est tout sauf un gag gratuit, et laisse les coussins péteurs et les crottes de nez dans le tiroir des souvenirs.
Nous vieillissons tous, autant l’accepter et faire du mieux que l’on peut. Mais cinquantenaire ou sexagénaire, on détestera toujours autant tout ce qui vous concerne.
Titres de l’album :
01. That Ain’t Livin’
02. Not Like The Other
03. Everything’s Changing
04. Kill The Pain
05. Lola
06. Dead Friends Play
07. Up in the City
08. Drinkin’ And Drivin’
09. Failure
10. Long Road
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49