J’ai souvent tendance à me méfier des one-man-bands, spécialement ceux trop prolifiques et qui nous inondent en un an d’un nombre incalculable de sorties toutes plus dispensables que les autres. Encore plus s’ils évoluent dans un univers BM ou assimilé, qui reste - n’en déplaise à ses fans - un monde où n’importe qui peut faire n’importe quoi de nos jours. Alors, en abordant le cas de l’entité maléfique EGREGORE, j’avançais mon droit de retrait à tout moment, même en constatant que l’horreur en question était cautionnée par les très respectables Sentient Ruin. Et pour cause, puisque le projet, né en 2020, avait déjà deux démos à son actif (Ritual Consciousness en avril et Dysthymic Gloom en août), et un split partagé avec les THROAT BREACH. Alors, une troisième démo lâchée en septembre me paraissait un peu exagéré pour un concept qui n’accuse même pas une année d’existence…Mais en écoutant cette fameuse tape évidemment tirée à peu d’exemplaires, je constatais que l’homme se cachant derrière ce nom avait des choses à dire, et des choses intéressantes en plus, dans un créneau pourtant particulier et difficile, celui du Blackened Grind. Autant le Blackened Thrash commence à me faire friser les poils du nez, autant le Blackened Grind, lorsqu’il est cohérent et qu’il garde une certaine musicalité dans le chaos me fascine. Et autant dire que l’approche de M.A.E. n’est pas infondée, lui qui de son Utah natal joue de tous les instruments, compose et écrit. Thought Form n’est donc pas qu’un simple délire en solo, ni une masturbation egocentrique qui se termine en petite éjaculation faisant trop de bruit par rapport à son débit. Les six morceaux proposés ici sont glauques, sombres, mais le petit quart d‘heure de ce métrage laisse un goût d’inachevé dans les oreilles, et dix ou quinze minutes de plus n’auraient pas été de trop.
Pourtant, l’œuvre est difficile d’accès, et prend un malin plaisir à synthétiser ses influences dans un magma sonore compact. Citant volontiers les modèles de CARCASS, DARKTHRONE, REPULSION, NIHILIST, ENTOMBED, SEPULTURA, MAHAVISHNU ORCHESTRA (à voir quand même…), THIN LIZZY (aussi…), DISCHARGE, BOLT THROWER, et CONVULSE, EGREGORE propose donc un non-compromis se situant en convergence du Goregrind, du Death sourd, et du Grind sombre, un peu comme si le CARCASS des deux premiers albums tapait le bœuf avec les CONVULSE un soir d’ennui assez créatif. Avec une production assez énorme pour ce genre de réalisation, cette maquette s’aventure donc sur les traces d’une violence non diluée, restée brute et pure, et transpose le vocable Death/Grind anglais de la fin des années 80 dans un langage Cyber-Grind US de notre nouveau siècle. Mais loin d’une accumulation de borborygmes stériles, les morceaux sont construits, certes un peu diffus, et l’ambiance occulte de l’ensemble fonctionne à plein régime, même lorsque les BPM montent méchamment dans les tours. Alors, évidemment la question du style n’a que peu d’importance, seul le plaisir de l’écoute étant d’intérêt, ce qui est le cas dès le sauvage et très CARCASS « Divinatory Hallucination » qui nous ramène à la grande époque de Reek of Putrefaction. Bien évidemment, l’approche est moins régurgitée et le rendu plus précis, mais l’intensité et l’intention sont les mêmes, et le résultat probant. Et loin de se contenter de six jets de bile identiques, M.A.E. propose pas mal de petites variations sur le thème, abandonnant les blasts pour se focaliser sur un mélange Crust/Death (« Ligis ») rappelant méchamment la scène suédoise la plus cruelle.
Concentré sur l’occulte, les expériences mystiques, les phénomènes inexpliqués, la métaphysique et autres philosophies, Thought Form est donc un exercice très bien pensé, et redoutablement bien agencé. J’en veux pour preuve les deux morceaux centraux, longs de plus de trois ou quatre minutes, avec un « Astrotheology » poisseux comme du GNAW THEIR TONGUES repris par ENTOMBED, et « Dysthymic Gloom » passant en revue toutes les facettes de l’extrême le plus extrême, avec toujours en exergue ce chant malsain et fascinant, entre graves grondant et aigus inquiétants. Musicalement, l’homme est compétent, trousse des riffs qu’on discerne sans trop de mal, et nous offre des interventions lapidaires comme une bonne grosse claque Grind des années 80 (« Ritual Conciousness »), avant de terminer son aventure par un long discours interrompu par une dernière charge Death/Grind vraiment velue. Une démo qui intrigue, et donne clairement envie d’en savoir plus sur ce musicien mystérieux, mais largement capable d’affirmer sa place sur la scène Grind internationale.
Titres de l’album:
01. Divinatory Hallucination
02. Ligis
03. Astrotheology
04. Dysthymic Gloom
05. Ritual Conciousness
06. Thought Form
C'est ma came les trucs un peu crasseux dans le style, belle découverte...
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00
Merci pour cette belle chronique.Voici notre site.https://burningdead-official.com/fr/categories/
04/06/2025, 14:18
Ah pis j'avais même pas vu (encore entendu) qu'il y avait une reprise de GOATLORD !!!Ceci confirmant donc cela.
04/06/2025, 07:35
Tout ce que j'aime !!! !!! !!!En même temps, venant d'un groupe dont le batteur porte un t-shirt TRISTITIA, ce ne peut-être que bonnard...
04/06/2025, 07:34