Ils s’y mettent à trois pour sortir cette abomination, signe qu’ils y croient dur comme pierre. En effet, les labels Nuclear Winter / Sentient Ruin / Goat Throne se partagent donc le second album des basques de PESTILENGTH, les premiers optant pour le CD, les seconds pour le vinyle et les derniers la tape. PESTILENGTH et son nom évoquant de près et de loin les bataves de PESTILENCE évolue dans le même créneau, tout en osant une profondeur plus cryptique. Son Death est en effet plus sourd, moins franc, plus morbide, entre les émanations floridiennes et les récriminations suisses d’HELLHAMMER, le tout emballé dans une humeur massacrante et une foi indéfectible en ces sonorités abrasives et irritantes.
PESTILENGTH, ce sont avant tout deux musiciens, anonymes, qui se cachent dans la pénombre. Connaît-on tout au plus les sobriquets de M et de N, qui pourraient signifier n’importe quoi et pas forcément des initiales. Alors, abandonnons le secret là où il est enterré pour nous concentrer sur cette musique glauque, vibrante comme des plaques tectoniques glissant sous nos pieds, ou comme des pierres de cimetière s’écroulant, rongées par le temps.
Le Death des espagnols n’est pas des plus joyeux. Il n’est ni groove ni rythmique, il est plutôt de celui qui annihile tout espoir en l’humanité à grand renfort de raclages de gorges et autres riffs lancinants et éprouvants. Enregistré à Freya et aux Eclectic Studios par J. & X. en juillet 2021, mixé et masterisé par le même X. en septembre 2021 et flanqué d’un artwork signé par Namurian Visions, Basom Gryphos continue sur la lancée, propose du vieil anglais, mais aussi des textes signés par The Curator de PORTAL, ce qui en dit plus long qu’il n’y parait sur les accointances. D’ailleurs, il n’est pas interdit de voir en ce duo une sorte de créature hybride entre PRIMITIVE MAN, PORTAL et NAILS, le côté moderne en moins et les intentions beaucoup plus insidieuses. Après tout, le monde développé par M, responsable des textes est très personnel, et on sent une réelle volonté de s’éloigner des standards en vogue dans l’underground que ce musicien connaît si bien.
Alors, ça déroule entre des riffs monolithiques et coincés dans le passé, une rythmique assez peu évolutive, une basse qui tremble plus qu’elle ne gronde, et des décors audio créés pour l’occasion. Des décors assez désolés et décatis, vestiges d’une cité ancienne ravagée par les guerres et l‘oubli, une terre où plus rien ne pousse, et quelques ramifications de lierre pour poétiser l’ensemble, de façon assez macabre.
Objectivement, rien ici ne sonne vraiment décalé ou « à part ». La gravité de ton, l’obstination à s’en tenir à un ou deux motifs sont traditionnelles, mais quelque chose touche de près à la pourriture sous-terraine que les égouts laissent filtrer lors d’un été un peu trop chaud. Des remontées nauséabondes d’humanité à la dérive, des excréments, des sous-couches de chaux vive encore brulante, pour un enterrement de seconde classe, sans fleurs, ni pleureuses. Alors, on peut regretter le parti-pris inamovible, l’homogénéité globale, mais on est obligé d’adhérer à ce choix jusque boutiste, qui consiste à appréhender le Death par le plus petit bout de la lorgnette.
Pas de fioritures, et un exposé assez simple et exhaustif sur l’entame « Tamm ». Excusez le jeu de mot phonétique non voulu, mais cet instrumental est symptomatique des trente-six minutes que les basques nous ont élaborées, entre désespoir glacé, méchanceté crasse, et échos d‘un monde souterrain peuplé de laissés pour compte, de parias, et autres créatures que la société a laissées sur le bord de la route du temps.
Moche et compact, laid et viscéral, ce second album est une sorte de Némésis pour les amateurs d’évolution, et une épreuve pour ceux qui considèrent que le Death se doit d’évoluer avec son temps. Mais lorsqu’on est encore accroché à une époque ancienne, on ne voit pas les choses de la même manière. Et PESTILENGTH les contemple comme on observe une fosse commune mise à jour. Avec le détachement caractéristique des lucides/cyniques les moins complaisants.
Titres de l’album:
01. Tamm
02. Engtlant Suhb
03. Phorme
04. Thelegm
05. Tephra Codex
06. Exertion
07. Chrome
08. Vexed
Voyage au centre de la scène : chronique We Are French Fuck You! III
Jus de cadavre 17/09/2023
Thank you (Stéphane Bellehumour) for listening and Thank you (mortne2001) for the review..
25/09/2023, 04:01
Bonjour, l'album est déja sorti sur digital le 15 Aout, le 13 Octobre est la date du release CD
24/09/2023, 19:20
à bientôt le 30 septembre à Chalons-En-Champagne avec MASSIVE CHARGE, CHABTAN et PUTRID OFFAL, ça promet !
24/09/2023, 17:45
Merci pour l'élogieux commentaire, ça fait grand plaisir !!! Nous tenons à remercier ici toute l'orga, autour de Jo, Rémy et Fabrice, qui s'est investie corps et âme dans cette belle journée ! Salut à toutes et tous, à bient&oc(...)
24/09/2023, 11:58
Il aurait parlé de brûler un flic blanc de plus de 50 ans, il auraient enregistré une seconde fois ses pistes de chant. Nan ? Va ptêtre aussi falloir qu’ils changent de nom, pour un truc plus léger.. thy art is to make napperons ?
24/09/2023, 08:59
J'ai mal lu le nom du groupe au début... y'a une sacrée contrepètrie quand même.
23/09/2023, 12:52
D'accord, les gens ont vieilli, mais on est loin, très loin du punk (et encore plus loin du hardcore), avec ce titre en tout cas....période emo 84-86 de la scène de DC plutôt, non?
22/09/2023, 16:23
Très bon groupeIls sont exceptionnel un DM comme on aime !J'économise un peu et hop j'achète cet EP qui déchire !Superbe article
22/09/2023, 07:30
Comme l’a si bien dit Tourista, « un véritable bonbon cet article ».Et à l’instar d’un calendrier de l’avent, je m’étais donc juré en le débutant de ne pas regarder en amont qu’elles étaient les group(...)
21/09/2023, 07:08
L'attente en valait la peine. Très bon morceau dont l'influence Morbid /Immolation est moins présente que par le passé.
20/09/2023, 17:31
Un véritable bonbon, cet article ! Super plaisant à lire, des phrases qui font mouche à tous les coups... De l'humour et une analyse hyper fine et juste ! BRAVO ET MERCI !Et ça parle sans doute à chacun d'entre nous car on a tous un "(...)
19/09/2023, 21:17
Pour les formats physiques il faut juste patienter jusqu'au 13 octobre. Il faut dire qu'il est arrivé vraiment sans prévenir.
19/09/2023, 19:07