Voici donc les héritiers légitimes de TANKARD que l’underground nous présente comme tels depuis quelques années, et si les similitudes sont évidentes entre les deux groupes, affirmons immédiatement que ces américains ont des options un peu plus vastes que leurs modèles allemands. Certes, l’humour est une composante importante chez les deux groupes, et les jeux de mots sont guidés par le même esprit potache qu’on constatait déjà sur des œuvres comme Chemical Invasion ou The Morning After. Néanmoins, ces originaires de Pittsfield, Massachusetts possèdent un avantage de taille sur la bande à Gerre et compagnie : leur sens de la blague potache s’accompagne d’un talent de composition redoutable, qui leur permet de faire passer la plus débile des galéjades pour un spectacle inédit et tendu. Après deux EP’s, les GOBLET passent donc la vitesse supérieure, mais comme tout bon dilettantes qui se respectent ont joué la fourberie facile pour nous refiler d’anciennes chansons sous de nouvelles versions. Au menu donc de Bastard Thrash, ce premier long, du recyclage de leurs deux précédents formats moyens, avec des morceaux empruntés à Spring Thaw et On Tap et remis au goût houblonné du jour, mais comment en vouloir à ces branleurs d’en remettre une couche en offrant un lifting à des hymnes qu’ils ont eux-mêmes composés ? Après tout, un premier LP est une carte de visite qui se doit de marquer les esprits, et il n’y a aucun mal à le remplir de bonnes idées, même si elles viennent du passé.
Pour les néophytes se contentant des sorties majeures, sachez que les GOBLET agitent les bas-fonds du Thrash/Crossover américain depuis 2013, en donnant des concerts incendiaires et en publiant de temps en temps des pamphlets amusants, mais crédibles. Articulé autour de quatre musiciens drôles mais talentueux (Nick Saldarini, Peydon Twing, Nick Sacco et Jesse Pause), GOBLET propose un mélange assez étrange, méchamment corsé, qui se plaît à imposer des rythmiques Thrash à des thèmes parfois Death, Hardcore, pour créer une sorte de mash-up géant, terriblement ludique, mais incroyablement persuasif.
D’ailleurs, certains sites vont jusqu’à parler de Thrash/Death progressif, ce qui en dit long sur le caractère aventureux de la musique de nos amis du jour. Sans aller jusqu’à pousser le bouchon aussi loin, il est certain que le Thrash des américains est loin d’être unidimensionnel, et uniquement calé sur les influences les plus notables du passé. On reconnaît évidemment la patte légère des MUNICIPAL WASTE et de cette nouvelle garde de Thrash paillard, mais le quatuor de Pittsfield a du talent pour recycler à sa sauce, et propose souvent au sein d’un même morceau deux ou trois idées complémentaires, qui une fois mises bout à bout, forme une progression assez intéressante.
De fait, ne vous laissez pas abuser par ces titres aux jeux de mots plus ou moins habiles qui semblent aiguiller sur la piste du Comedy Thrash le plus gras. L’instrumental tricoté par la bande est certes joyeux, mais beaucoup plus fin qu’il n’y parait. D’ailleurs, les prouesses individuelles et collectives sont flagrantes dès l’ouverture tonitruante de « Madman in the Band Van », qui en à peine deux minutes passe par toutes les ambiances, et rappelle un peu musicalement Uncle Peckerhead: The Killer Roadie l’excellent film de Matthew John Lawrence. Des séquences heureuses et humaines, et de soudaines crises de colère Death qui suggèrent bien les fringales de ce pauvre Peckerhead. Nous nageons donc en plein rigolo mais costaud, et si les américains suggèrent parfois un habile croisement entre TANKARD et MUNICIPAL WASTE, ils évoquent aussi le passé des MACABRE, le présent de GAMA BOMB, soit la quintessence d’un Thrash amusant mais crédible. « Souriez autant que vous headbanguez » pourrait donc être le leitmotiv des GOBLET, qui n’hésitent jamais à accentuer le propos de passages sévèrement Death avec blasts raisonnables et voix qui part dans les graves caverneux. Mais les multiples breaks, les figures de style, les fills d’un batteur totalement possédé et les soli qui déménagent nous aiguillent donc sur la piste de musiciens qui connaissent leur boulot, mais qui préfèrent l’envisager sous un jour plus primesautier que la moyenne.
Et les titres passent, l’énergie ne se dément jamais, la fête est folle, mais certainement pas sans alcool. On se laisse séduire par ces titres courts et punchy, et une fois parvenus à « Dragons in Space », hymne parmi les hymnes et digne du « Space Beer » de TANKARD, le temps est vite passé, mais l’impression de qualité est durable. Pas question de proposer un Thrash 8.6 vomi à peine bu, le quatuor tient à la qualité de son produit, et a donc fait attention à tous le processus de distillation. Des couplets solides pour des refrains collégiaux aux chœurs très prononcés, comme tout bon tube Crossover qui se respecte, mais surtout, un survol de toutes les tendances de l’extrême raisonnable pour ne pas se contenter d’un reenactment Thrash de seconde catégorie.
Les saillies sont parfois short n’fast, et « Beer at the Wine Bar » de proposer un Hardcore remanié pour faire plaisir aux amateurs de shots costauds, mais lorsque le quatuor sort ses armes les plus fatales, le Techno-Thrash n’est pas loin, et le fabuleux « Forced Blunt Trauma » de démontrer que ces instrumentistes sont tout sauf des acteurs musicaux ratés se gargarisant de leurs propres blagues. Véritable pamphlet contre le recyclage facile et l’imagination en berne, Bastard Thrash est bien l’enfant bâtard du Thrash et du Death, ce que l’acte de naissance « Wavecrusher » prouve de son Death agressif dégénérant en Thrash démonstratif et fluide. Très à l’aise en format long, GOBLET prouve que ses deux EP’s étaient tout sauf d’heureux accidents, et nous livre avec son premier album un sérieux manifeste de passion et de crédibilité. Les surprises sont nombreuses, les accents Rock n’Thrash fréquents, la vitesse d’abatage conséquente mais raisonnable, et les tubes s’amoncèlent sur le tapis de la caissière qui ne sait même plus quel prix taper. Mais si l’on vendait ce premier LP au réel niveau de sa valeur, il vous faudrait débourser une somme assez conséquente. Alors, marrants et crédibles les mecs ? Exactement, et de sacrés bâtards Thrash. En toute amitié bien évidemment.
Titres de l’album:
01. Madman in the Band Van
02. Tupperware Extraordinarie
03. Wind Fling
04. Dragons in Space
05. Beer at the Wine Bar
06. Hungover as Fuck
07. Forced Blunt Trauma
08. Wavecrusher
09. Garden of Odin
10. Metrognome with a G
11. Bald Motherfucking Eagle
12. Royal Jelly
13. Hashtronaut
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19