Dans le Metal, il y a quand même de grosses feignasses, qui après des débuts tonitruants, calment le jeu très rapidement pour daigner nous offrir la maigre obole d’un album tous les quatre ou cinq ans. Et puis, il y a les autres, les stakhanovistes, qui turbinent d’enfer pour oser deux ou trois formats par an. Et puis il reste cette caste assez unique, entre les deux premières, qui multiplient, additionnent, mais s’en tiennent à un rendement raisonnable dans la déraison.
Et les GAMA BOMB font indéniablement partie de cette catégorie.
Depuis leurs débuts, les irlandais hurlant nous ont bombardés de huit longue-durée, ce qui en un peu moins de vingt ans est une bonne moyenne. D’autant que chaque exemplaire avait valeur de précepte dans la communauté Thrash/Crossover, toujours prompte à défendre ses héros jusqu’au dernier bermuda effilé. Sea Savage nous avait fait tanguer de son roulis en roue libre, et nous attendions avec impatience la suite des évènements, qui s’annonçait triomphale, et logique dans un certain sens. Mais nous n’avions pas encore les données exactes de ce nouveau cap que nous pensions couler de source et prévisible. Sauf qu’entre temps, les cinq dublinois ont élaboré un plan machiavélique pour nous induire en erreur.
En toute sympathie évidemment.
Dès la pochette, on sent le traquenard, mais de qualité. Ce sublime hommage à la culture Pop des années 60, entre pulp à lire à la gare et Hammer movie à déguster en famille, évidemment signé par le fidèle collaborateur et génie de la palette graphique Graham Humphreys, nous donne quelques indications précieuses quant à la teneur des débats à venir. Et musicalement parlant, GAMA BOMB a relevé le défi de se renouveler complètement sans se trahir aucunement. Et ça, ça n’est pas donné à tout le monde. Alors, si vous attendiez un Speed act foldingue et débridé de plus, vous allez en être pour vos frais. Tout en ayant très chaud à la nuque.
GAMA BOMB (Domo Dixon & John Roche - guitares, Philly Byrne - chant, Joe McGuigan - basse/chant et James Stewart - batterie) a pris les choses à bras le corps, et s’est enfin décidé à s’autoproduire entièrement, comme les grands. Une évidence tant le talent des trublions leur permet de s’en remettre à eux-mêmes, et à refuser toute intervention ou influence extérieure. Encore fallait-il un concept solide pour valider cette assurance. Et Bats est justement le genre d’album que l’on déguste de l’intro à la conclusion, comme un vieux film d’horreur et d’aventures revenu à la vie dans un cinéma passionné quelconque, au cœur de Dublin.
Fini donc la linéarité Thrash, et bonjour les fantaisies de tout poil. Les irlandais n’ont pas opéré cette transition dans la prudence, mais bien dans la confiance, et il est assez rafraichissant de constater que diverses instrumentations ont trouvé place dans cette narration horrifique. Les tombes d’Egypte, l’âge d’or d’Hollywood, tout y passe, et nos guides sont les meilleurs sur le marché. Ils connaissent tout un tas d’anecdotes, et les racontent à qui veut bien les entendre, pour rendre cette croisière improbable mémorable et inoubliable.
Mais si l’inédit s’est invité aux agapes de la joie teenage, le groupe n’en a pas moins renoncé à ce qui a fait sa popularité. Donc, ne vos rongez pas les sangs, Bats contient son lot de Thrash songs en bonne et due forme, reste d’une humeur Core joviale et accueillante, mais teste aussi d’autres possibilités, comme le démontre avec beaucoup de malice « Egyptron (Feat. The Egyptian Lover) ». Heavy Hetal song de première bourre, cette entrée en matière nous réserve un break d’enfer à la Devin Townsend groovy (comprenez celui de « Bad Devil »), et place immédiatement les débats sous des auspices de fiction géniale et potache.
On sent que cette liberté qu’a procuré la production maison à débridé les instincts créatifs de la bande. Sur un scénario simple et classique viennent se greffer des éléments de Speed à la « Metal Militia » (« Don't Get Your Hair Cut », sage conseil, sauf si la calvitie veille), des allusions Speedcore intenses et prenantes (« Mask of Anarchy »), mais aussi des déroulés plus convenus et plus sages, à l’image de cet irrésistible « Rusted Gold », chasse à l’or dans l’Ouest irlandais comme à la parade d’un western pour les oreilles.
Les GAMA BOMB ont pris les devants très intelligemment, en soulignant le fait que Bats est sans conteste leur album le plus étrange. Le plus bizarre, le plus personnel, et le plus atypique d’une discographie homogène. Une parenthèse enchantée et mélodique, qui laisse la basse gronder, mais qui se met à la colle avec la Suède la plus old-school en nostalgie sans pourboire (« Dreamstealer », hymne Heavy 80 que DIO aurait pu signer avec MANOWAR).
Si certains disques de la bande paraissaient parfois un peu trop stagnants, Bats au contraire éveille les sens, et brouille les pistes, nous laissant sans essence devant une pyramide de fortune en carton, décor unique d’un film d’aventures fauché mais jouissif.
Tout ici est poussé au maximum. L’humour, la créativité, le son, l’inspiration, et si Bats reste pour le moment un heureux accident (ou un virage sur les bas-côtés bien géré), il y a fort à parier qu’il va acquérir un statut culte dans les années à venir.
Après tout, il n’est pas donné à tout le monde de jouer avec sa propre image pour en donner au public pour son argent. La représentation offerte par les irlandais a tout de la première mondiale huppée mais rigolarde, et certainement pas un piège à oscar ou un blockbuster mielleux. Non, ce nouvel album est un véritable film rétro pour les oreilles, avec les lunettes en 3D offertes dans Télé 7 Jours.
Une créature du lac noir qui en sort à poil et l’air contrit.
Titres de l’album:
01. Prologue: Under The Pyramids
02. Egyptron (Feat. The Egyptian Lover)
03. Living Dead In Beverly Hills
04. Rusted Gold
05. Materialize
06. Mask of Anarchy
07. Don't Get Your Hair Cut
08. Dreamstealer
09. Speed Funeral
10. Secular Saw
11. Bats In Your Hair
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