BODY COUNT’s in the house.
Dit comme ça, c’est con, puisque le groupe d’Ice T et Ernie C a toujours été dans la place. Sauf qu’il n’a jamais été autant dans la place depuis son premier album, que tous les vrais fans de Rapcore/Hardcore n’ont jamais oublié, et toujours porté aux nues.
A l’époque, Ice T hurlait le racisme, le consumérisme, la ségrégation, les violences policières, la paranoïa, l’ingérence étatique dans les affaires sociales et ethniques.
Aujourd’hui, vingt-cinq ans plus tard, il braille contre le racisme, le consumérisme, la ségrégation, les violences policières, la paranoïa, l’ingérence étatique dans les affaires sociales et ethniques.
Quoi ?
Non, rien n’a changé, tout a empiré. Alors pas étonnant que les thèmes soient les mêmes, et il y a même de grandes chances qu’il en soit ainsi sur le septième album du groupe, le huitième, et n’importe lequel jusqu’à ce que ce haut-parleur de l’injustice ne se taise à jamais.
Parce que faites gaffe les mecs, Bloodlust, c’est le genre d’album qui fait mettre votre tête à prix, qui vous colle la NSA, le FBI, la FCC et la CIA sur le dos.
Surtout sous l’administration Trump.
Alors non, BODY COUNT n’est pas plus calme qu’avant, pas plus résigné non plus de toujours devoir cracher le même message. Mais avec ce sixième album studio, les batteries rechargées, leur musique est encore plus percutante et dangereuse qu’avant.
Alors pas étonnant que Bloodlust soit au moins aussi important que Body Count.
Parce qu’il l’est.
BODY COUNT en 2017 ne fait aucun cadeau, ni aucun compromis. Et si Manslaughter était solide, Bloodlust est un mur du son, pas celui que Donald construit entre « son » pays et le Mexique, plutôt celui qu’érigent les indignés, entre ceux qui ont compris et les autres. Alors autant faire partie de la première catégorie, sous peine de se prendre un bon bloc de cailloux dans la tronche.
Produit massivement par Will Putney (EVERY TIME I DIE, THE ACACIA STRAIN, FIT FOR AN AUTOPSY) qui transforme ce sixième essai en Armageddon sonore sifflant la fin des pauvres illusions d’égalité qui pouvaient subsister, Bloodlust est un bloodbath massif qui laisse les gueules en sang sur le pavé, la matraque encore levée dans le ciel, et qui vous emporte d’un dernier coup sur le front faisant exploser votre crâne. L’Amérique va mal, le monde va mal, Ice-T le sait, nous aussi, sauf que cette fois-ci, pour la première fois sans doute, il l’illustre avec fidélité et rancœur, et avec une solidité musicale rarement atteinte à ce jour. Et de fait, Bloodlust devient l’un des albums les plus méchants mais lucides, les plus agressifs mais honnêtes de l’histoire du Metal US, celui qui admet le Hip-Hop et le Rap comme composantes essentielles de sa colère.
Alors comme d’habitude, les invités sont là, histoire de faire passer le message plus vite et plus fort.
On retrouve ces guests qui se sont toujours incrustés, comme Dave Mustaine sur l’ouverture explosive « Civil War », sur lequel le rouquin teigneux déclare d’une voix posée et emphatique :
«The President of the United States has declared marital law. Curfew is now in place. Return to your homes. Any congregating of two or more people outside of your home will result in immediate arrest on sight. »
Marrant pour un mec labellisé de droite, et je suis pratiquement certain que l’ironie de la chose n’aura certainement pas échappé à Ice. Mais le titre en lui-même étant le genre de bombe qui fait sauter tout un état, comment lui en vouloir ?
C’est certainement l’entrée en matière la plus puissante qu’on n’a pu entendre depuis des lustres, et assez révélatrice de l’état de paranoïa made in Orwell dans lequel les Etats plus si unis que ça baignent depuis ce début d’année.
On tombe aussi sur le détour « All Love Is Lost », avec en compagnon de résignation Max Cavalera, qui vient chanter de concert la déception des amis qu’on croyait fidèles mais qui ne l’étaient pas tant. Et la remise en question est salement Heavy, avec ce beat chaloupé si distinctif de l’art de BODY COUNT de transformer n’importe quel phrasé en crédo, et n’importe quel riff en coup de massue/marteau. Tout ça hurle, vitupère, mais surtout pas dans le vide…
« You broke every promise you made ». Mais BODY COUNT n’a jamais fait aucune promesse, alors ne vous étonnez pas s’ils les respectent toutes…
« Walk With Me », et Randy Blythe vient apposer sa caution LAMB OF GOD, histoire de donner l’accolade à un mentor potentiel, pour unir dans un même élan Néo-Thrash Hip-hop deux générations de brailleurs de l’extrême. Chœurs emphatiques d’une foule fantasmagorique (la trademark ultime de ce sixième LP), cavalcade speed qui dévale les rues pour échapper aux flics, pause Metal chaloupée mais bien aiguisée sur les couplets pour un refrain dynamite qui ne laisse que peu de chances…Blasts ? Oui, parce que tout est permis cette fois-ci, mais utilisé avec une intelligence sidérante de violence.
Et cette même violence se retrouve sur la double reprise « Raining In Blood/Postmortem », énième clin d’œil à SLAYER après l’implication d’Ice et des thrash boys sur l’urbain et tétanisant « Disorder ». Ice cite les trois références du COUNT en ouverture, BLACK SABBATH, SUICIDAL TENDENCIES, et SLAYER, histoire de placer le contexte avant de tout faire péter façon Thrash enflammé et de nous offrir un lifting 2017 du final de Reign In Blood sans complexe.
Mais au-delà de toutes ces anecdotes de reprises et de participations externes, Bloodlust tient debout par ses propres moyens, et sur ses propres jambes sans avoir besoin de béquilles.
L’enchaînement « The Ski Mask Way », qui n’avance pas vraiment masqué de son Rapcore de première bourre qui gère le hold-up hardcore avec une facilité déconcertante à rendre les HOUSE OF PAIN et AGNOSTIC FRONT verts et vers de rage, et « This Is Why We Ride » lourd comme le pas des pseudos minorités dans une rue bondée saturée de sirènes de police et de slogans qu’on glisse, avec en fond un des riffs les plus énormes qui vous plisse les yeux sans malice, est un cas d’école et donne le ton de la révolte.
Même problématique résolue par « Here I Go Again », lourde insinuation chantée d’une voix calme au phrasé coulé, ou par le single « No Lives Matter », qui une fois de plus s’agace de précisions à propos des morts qui comptent, celles des blacks laissés sur le carreau par les uniformes. Pour ce faire, Ice-T se la joue Zach et RATM dans un rendu énorme, qui transforme ce titre en hymne, celui d’un album qui restera dans les annales comme l’un des plus violents mais catchy du genre.
Lequel ?
Celui de BODY COUNT, qui ne partage le copyright avec personne.
Et pour bien marquer le coup, la troupe termine et colle une balle finale dans le front du diable blanc avec « Black Hoodie », un des trucs les plus épidermiques de leur carrière. Riffs Thrash, rythmique mouvante mais martelée comme un message que personne ne veut oublier, et finalement, le discours politique s’en trouve exacerbé par ces constants samples qui plongent dans un état d’urgence.
Car c’est ça qu’est Bloodlust. Le signal du départ d’une nouvelle ère où toute violence est permise, et ou l’ostracisme et la mise au ban sont devenues des valeurs références d’un monde qui ne part plus à la dérive, mais s’accroche aux dernières branches qui lui restent.
Et a soixante balais, Ice-T reste le plus pertinent des révoltés, et n’a rien perdu de sa pugnacité. Car chaque époque a les disques qu’elle mérite. Et si Donald Trump tombe par hasard sur ce brûlot de l’extrême qui répand ses décibels sans crier gare, il comprendra à quel point il s’est fourré le doigt dans l’œil. Et qu’aucun mur ne le protègera de la colère d’un peuple. D’un groupe, et de ses fans.
Body Count/Bloodlust.
Vingt-cinq années et toujours la même lucidité. Marre de répéter toujours les mêmes choses. Marteler le même message depuis qu’on est né. Hein les mecs ?
Et pourtant, ce ras le bol vous a fait enregistrer vos meilleures punchlines en musique illustrée. Alors…Que la colère vous guide encore…
BODY COUNT motherfucker !!!
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