Burning Horizon

Defazer

18/06/2020

Autoproduction

Soyons de saison, et thrashons en foire comme des larrons. Dans un désir constant d’étendre mes connaissances sur le sujet (qui commencent à prendre des proportions encyclopédiques) Thrash, des années 80 à nos jours, et de céder par complaisance à la facilité de la nostalgie immédiate, j’ai rencontré les DEFAZER du côté de La Hague, et célébré le retour des Pays-Bas sur notre échiquier ici-bas. Fondé en 2015, ce trio déjà responsable d’un premier EP en 2017 (Order Out of Chaos) célèbre donc en 2020 le baptême de son premier long, aux proportions de raison. Avec vingt-sept minutes au compteur, Burning Horizon ne se pose pas en œuvre conséquente, mais bien en premier jet furieux que les fans de brutalité contrôlée sauront apprécier. Que savoir de plus sur ces trois trublions (William Carolina - chant/guitare, Mike Bergenhenegouwen - guitare et Norbert Rigter - batteur, depuis l’année dernière) du boucan raisonnable ? Pas grand-chose, si ce n’est que leurs influences avouées sont plus que classiques (MEGADETH, EXODUS, TESTAMENT, SLAYER ou METALLICA), et que leur leitmotiv est des plus simples : Thrash metal will never die ! Comment ne pas être d’accord avec eux après avoir encaissé de plein fouet ces sept hymnes à la débauche rythmique, plus intelligents et construits que leur brièveté ne semble l’indiquer. En restant dans une filiation traditionnelle de la Bay-Area, et en refusant le radicalisme allemand de vogue à la même époque, les DEFAZER jouent la fluidité à outrance, et louvoient entre rythmiques modérément Speed et mid-tempo hargneux et presque Mosh, et de fait, frôlent la clôture du Crossover sans vraiment assumer la partie Hardcore en découlant. Mais en écoutant un hit de la trempe de « Manipulator », impossible de ne pas penser à nos amis d’ANTHRAX et S.O.D, pour ces saccades si typiques et ce chant si caractéristique. Et dès que la machine s’emballe, l’analogie n’en devient que plus vraie, les cheveux faisant mécaniquement le mouvement si culte de l’hélicoptère.

Fluide le Thrash des bataves, mais solide, et teigneux. En choisissant d’ignorer les facettes les plus brutales d’un style somme toute joyeux, ils restreignent leur champ d’action, mais nous font ressentir les premiers émois de la brutalité. Sorti en 1987, Burning Horizon aura fait son petit effet dans la production, anticipant les FORBIDDEN, et se taillant une bonne place aux côtés d’EXCEL. Pas plus de quatre minutes et des poussières pour les morceaux les plus conséquents, des plans efficaces et classiques, mais surtout, une énergie ne se démentant pas, et un investissement vocal indéniable de la part de William Carolina. Son timbre de voix un peu aigu et nasillard en appelle à la scène Hardcore de l’époque, mais évoque aussi le détachement de Russ Anderson, tandis que l’instrumental en background mixe la facilité brutale de SLAYER et la précision d’EXODUS, le tout emballé dans un fun outrancier à la Scott Ian/Charlie Benante. A ce titre, l’entame de « Burning Horizon » est un indicateur précieux sur le talent de riffeurs des deux guitaristes de la bande, et si un bassiste n’est même pas crédité, ça n’empêche pas les graves de vriller quand il le faut. Rois de l’insertion d’un nombre conséquent d’idées par morceau, les hollandais volants nous surprennent de leur créativité dans le classicisme, et dament le pion à bien des formations spécialisées dans l’hommage même pas déguisé.

« Behind The Shadows » renforce l’assise de lignes vocales mélodiques assez incongrues et presque opératiques, qui ne font toutefois pas oublier la conséquence du riff principal, tournoyant comme dans un rêve commun à DESTRUCTION et RAZOR. Toujours prompt à dégainer un plan qui tue, à lâcher un solo velu, ou à accompagner leurs saccades de lignes de chant doublées, les hollandais truffent donc leur premier album de références aux plus grands cadors du genre, tout en insufflant à la partition un air très personnel. Et si le tempo reste très raisonnable, l’euphorie est totale, grâce à une alternance très intelligente entre vitesse modulée et solidité en fluidité, et avec un morceau de la trempe de « The Killer Instinct », DEFAZER ose la succession de hits imparables, comme à la grande époque californienne. Certes, des scories en vingt-sept minutes eurent été une faute de goût impardonnable, mais il n’empêche que cette valse sans hésitation reste impressionnante et enthousiaste au dernier degré, avec toujours ces à-coups qui redynamisent (« Southern Hell » qui rappelle la génération plus récente des TOXIC HOLOCAUST), ces licks de guitare mélodiques et diaboliques s’écrasant sur des plans rythmiques intouchables (« The Truce », et ses trente premières secondes complètement délirantes), et cette façon de rester raisonnable dans l’excès. On pense parfois à quelques OS oubliés (AGONY par exemple), mais le talent naturel des hollandais combiné à un son quasi parfait (caisse claire sèche et percutante, guitare tranchante mais brillante, chant mixé juste ce qu’il faut) aboutit à la conclusion suivante : Burning Horizon est de cette catégorie de premiers albums dont on se souvient, et qui réclament plusieurs écoutes pour atteindre leur plein. Belle réussite pour DEFAZER qui sans chercher la complication, propose plus de pistes en moins d’une demi-heure que bien des confrères en une discographie entière.

Thrash metal will never die !                       

        

Titres de l’album :

                       01. Burning Horizon

                       02. Behind The Shadows

                       03. The Killer Instinct

                       04. Manipulator

                       05. Southern Hell

                       06. The Truce

                       07. T.I.G.

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par mortne2001 le 21/01/2021 à 17:34
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