Le moment. On néglige souvent son importance, et pourtant, il est crucial. Le moment. Il faut qu’il tombe pile, entre les circonstances, l’état d’esprit, l’envie, la volonté ou au contraire son manque de, la météo, la santé, j’en passe et des moins importants. Mais lorsque toutes les composantes sont réunies, le moment nait et fait grandir une épiphanie digne de celle des rois. Ce matin, j’avais besoin d’un coup de fouet, le gel blanchissait la lande urbaine, et une certaine impatience se manifestait. J’avais besoin de cette étincelle pour mettre le feu à ma matinée. Je ne pensais pas que choisir au pif l’un des mails promotionnels reçus la veille allait justement frotter comme deux silex sur des brindilles. C’est pourtant ce qui s’est passé lorsque j’ai découvert le second long des lillois de BOMBER.
Boum.
BOMBER est un quatuor que l’on aurait tort de considérer comme novice, ses dix années d’existence parlant pour lui. Avec déjà un album à son palmarès, le bombardier peut se considérer comme une quasi valeur sure, en tout cas dans l’underground français. Il manquait évidemment une suite à cette entame enregistrée en 2018, qui se matérialise aujourd’hui en un second très épais, généreux, et qui va jusqu’au bout de sa logique de métissage. Le groupe le souligne lui-même :
BOMBER, c'est un déferlement de Thrash aux relents de Punk Hardcore, de Hard Rock des années 70 et de Sludge.
Exagéré ? Trop beau pour être vrai ? Que nenni. Les lillois sont des gens honnêtes et ne vendent pas leur marchandise en abusant le chaland. Si la base de leur inspiration nous ramène aux années 80 de violence et de mutation, les ornementations, arrangements et autres déviations empruntent à différents vocables de différentes origines. Et tout est parfaitement expliqué par l’entame tonitruante « From Chaos To Destruction », bobine amateur d’un accouplement furieux entre ACROPHET et PANTERA.
De fait, inutile de vous attendre à une énième copie plus ou moins habile de S.O.D, D.R.I, NUCLEAR ASSAULT ou EXCEL. Les quatre musiciens (Hugo Belval - basse, Romain Ircio - batterie, Vianney D'Alessandro - guitare et Jürgen Wattiez - guitare/chant) ne sont pas portés sur la copie plus ou moins fine, et préfèrent développer leurs propres idées. « Violence For Violence » en est justement une bonne, et confronte le Thrash de tonton à celui du petit fiston, permettant aux deux écoles de jauger leur passion. Loin des galéjades plus ou moins drôles de GAMA BOMB ou MUNICIPAL WASTE, les BOMBER abordent avec sérieux des thèmes de société, et s’ancrent dans une tradition Hardcore qui transpire du chant vraiment rauque et graveleux de Jürgen Wattiez.
Autre critère à prendre en compte, la durée de l’album. Presque une heure et dix minutes de musique, c’est le signe d’ambitions très concrètes, mais aussi, d’une confiance en une progression tout sauf linéaire. Et en quatre morceaux, les quatre premiers de l’album, BOMBER prouve qu’il est bien plus qu’un simple Thrash act nostalgique et borné. Pour exemple, « Simulacra » recycle des méthodes Heavy éprouvées par les seventies et eighties, et alourdit le rythme avec une emphase très crédible, avant de repartir de plus belle au son d’un solo de toute beauté.
Ce deuxième long ne s’adresse donc pas qu’aux thrasheurs portant des shorts et des t-shirts SLAYER/KREATOR. D’ailleurs, l’influence des groupes classiques est très limitée, le quatuor affichant une personnalité propre et complexe. Capables de passer d’une idée ACID BATH à une accélération TOXIC HOLOCAUST, les musiciens nous régalent en traçant une ligne entre les points de l’histoire, pour réconcilier tous les courants agressifs de ces quarante dernières années.
Arpèges, guitares en son clair, humeur badine de Hardcore en turbine, les éléments à charge sont nombreux, et les morceaux d’anthologie également. « Organ Grinders » tripote donc un up tempo guilleret pour se rapprocher d’un Thrash rythmique atypique, alors que « Song Of Deborah » prend plaisir à muter la scène NYHC avec l’optique radicale mais souple d’un SACRED REICH.
Très complet, ce disque est une mine de plans efficaces et plaisants. Grosse basse, évidemment, guitares en constant roulement, batterie qui multiplie les fills comme Phil Anselmo les bières, classicisme de surface qui explose d’une embardée plus originale, le bilan est lourd, et aussi positif qu’un alcootest de Kirk Windstein.
Des titres taillés pour le live, instinctifs et sauvages, d’autres plus travaillés pour le studio, l’équilibre est parfait, et la satisfaction méritée. Malgré cette heure bien tassée, rien à jeter ni mettre de côté, puisque la fin de l’album insiste sur ces influences extérieures, bourbeuses et poisseuses, à l’image de ce « Götzen-Dämmerung » Hardcore comme une teigne mais Metal comme un règne.
Bons musiciens, intelligents praticiens, les BOMBER s’affirment avec Cages and Windows comme des lions qui refusent d’être cloîtrés derrière des barreaux. Ces animaux-là sont sauvages, mais savent aussi se laisser amadouer par une main tendue et sincère. NOLA, Thrash, Core, Sludge, Metal, les composantes sont multiples, et le résultat explosif.
A recommander pour une matinée chômée et épuisée.
Titres de l’album:
01. From Chaos To Destruction
02. Violence For Violence
03. Cages And Windows
04. Simulacra
05. Monkey Junket
06. Organ Grinders
07. Song Of Deborah
08. Graveyard Spiral
09. Götzen-Dämmerung
10. Killjoy
11. The Penitent
12. Control Freak (Alone)
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