Quoique vous fassiez, quels que soient les arguments que vous puissiez avancer, il y aura toujours des gens pour refuser l’évolution et le progrès. Ceux qui restaient accrochés à leur annuaire à l’époque du Minitel, ceux qui restaient collés à leur Minitel à l’orée de l’explosion d’Internet, ceux qui léchaient les timbres au lieu d’envoyer des mails, qui se déplaçaient à cheval par peur des voitures, qui s’éclairaient à la bougie tétanisés par la fée électricité, et ceux qui continuent de croire que les variétés de Maritie et Gilbert Carpentier étaient le meilleur divertissement du monde. Si ces derniers ont raison, il convient quand même de grandir avec son époque, sans toutefois négliger les valeurs anciennes. Je ne fais pas référence ici à la politesse de base ou aux fessées administrées aux élèves après avoir commis un impair, bien que les thématiques ne soient pas si futiles, mais bien au Death Metal qui pue du cul, celui qu’on pratiquait à la fin des années 80, lorsque le style se voulait encore primaire, sauvage, odorant et au ramage accordé au plumage. Je parle évidemment de celui pratiqué par les mécènes de violence d’AUTOPSY, de CANCER, de BENEDICTION, qui balayaient d’un revers les progressions et autres raffinements techniques pour se concentrer sur la barbarie la plus essentielle, à base de riffs qui schlinguaient bon la mort et de rythmiques qui martyrisaient le corps. Alors, si d’aventure l’option évolutive de l’extrême, la sophistication, la préciosité et la finesse restent des valeurs primordiales pour vous, vous êtes prié de vous casser, parce qu’il n’y aura rien à bouffer pour vous ici aujourd’hui.
Et pour cause, puisque je vous cause du fond des bas-fonds de l’état de New-York, d’Ithaca plus précisément, ville qui a eu le malheur de voir naître cette créature immonde qu’est le collectif MUTILATE. Il n’est guère étonnant de constater que ces arriérés ont trouvé refuge chez Iron Bonehead, le label défendant corps et âme tous les immondices bruitistes de la planète avec une fierté non feinte. Fondé en 2017 sur un tas de fiente tiède, MUTILATE n’a pas traîné pour nous imposer ses vues sur la méchanceté ultime, et c’est en 2018 que leur premier long vit le jour, ce Tormentium qui posait les jalons d’une philosophie passéiste qui ne s’est pas démentie depuis. Et c’est après All Life Ends, une seconde démo parue l’année dernière aussi que les américains nous en reviennent avec un nouveau massacre dans la poche, via ce Contagium qui en effet risque de souiller toutes les conceptions pures qu’il approchera. Esprits sensibles et modernistes, fuyez à toutes jambes, ce pamphlet n’est rien de moins que le revival nostalgique du mois, conchiant toute forme de legs contemporain, pour se concentrer sur ce que le Death Metal compte de plus sommaire, de plus immédiat, de plus sauvage et de plus scélérat. Inutile donc de s’attendre à la nouveauté Technical Death de l’année, puisque Contagium se place sous les mêmes auspices que son aîné, via des références que le label se plaît lui-même à nommer. Nous retrouvons donc dans la liste des influences du groupe les essentiels DEATH STRIKE, HELLLHAMMER, NUNSLAUGHTER, ou GOATLORD, mais aussi BENEDICTION, ACHERON, USURPER, ou SATHANAS. Ajoutez à cette liste les CANCER et AUTOPSY déjà cités, mixez avec un peu d’OBITUARY et vous obtenez ce cocktail putride en neuf chapitres dégueulant de méchanceté primaire.
Pour le fun, et dans un désir d’exhaustivité, osons dire que Paul Speckmann aurait pu être le parrain de rêve de nos chers MUTILATE, puisque ces quatre musiciens au look très connoté (les photos promo ressemblent à des photocopies de fanzine d’époque, et sont donc délicieuses) lui piquent régulièrement des idées qu’il avait déjà exposées sur les premiers albums de MASTER, alors qu’il n’était encore qu’un adolescent. Vous aurez donc compris qu’il n’est nullement question ici de bruit, mais bien de Death de base, le meilleur pour certains, celui qui ne cherchait pas midi à quatorze heures, mais qui dégageait une forte odeur pestilentielle à travers toutes les pièces. Entre des riffs qui témoignent d’une pratique du solfège digne d’un manchot un peu feignant, un chant grogné mais parfaitement intelligible faisant le lien entre la bête et l’homme moderne (mais pas trop), une basse aux abonnés absents et une batterie qui cogne et rentre-dedans à grands coups de croches bien saignantes, le tableau est complet, et s’apparente plus à la description d’un abattoir tournant à plein régime qu’à une balade champêtre dans les Cévennes. Bourrins et bornés, les MUTILATE le sont, mais à bon escient, car leur pratique passéiste nous ramène justement aux plus grandes heures de la genèse du style, avant que Chuck ne se sente obligé de compliquer ses partitions, et avant que les ATHEIST, PESTILENCE et autres intellectuels musicaux ne fassent les malins avec leurs instruments. Ici, tout est joué comme si le style restait à inventer, et on se prend à croire que l’horloge est bien remontée, aux alentours du 15 mai 1987, quatorze heures trente, juste pour l’heure du goûter. Et pour goûter, je goûte, car les bougres connaissent leur affaire, et s’y entendent comme personne pour nous trousser de petits arrangements rythmiques ludiques (« Decapitator », c’est clair et ça refile le CANCER), ou de grosses bourrinades qui sentent la marinade (« Quartered », leur « Cancer Fuckin’ Cancer » à eux, et les poumons en prennent un coup pour deux).
Alors oui, l’album est sous perfusion, oui, on sent les influences à deux pâtés de maisons, mais on s’en branle le cornichon parce que ça fonctionne, et parce que ça nous rend heureux. Il n’y a aucun mal à headbanguer comme un taré au son de ces neuf hymnes à la débauche primitive, puisque tout, de la composition à l’interprétation, en passant par le logo, la pochette et la production reste crédible et convaincant, et que ces sagouins savent trousser des leitmotivs qui tiennent jusqu’à demain. Et pour être honnête, lorsqu’un LP débute par une tornade aussi franche que « Vile and Disgusting », on ne se pose pas de questions, et on admet que c’est en effet vil et dégoûtant. Vous pouvez d’ailleurs acheter l’album en envoyant une lettre timbrée au fan-club de MUTILATE, en y glissant un bout de couenne, ou acheter des billets pour la tournée sur le 36-15 J’AIME LA BIDOCHE ET PAS LES MIOCHES. Le progrès après tout, c’est débile. Les chevaux au moins ne polluaient pas les villes.
Titres de l'album :
1. Vile and Disgusting
2. Quartered
3. No Faith
4. Eyes of a Child
5. Falling Into Darkness
6. Black Fate
7. Decapitator
8. Skeletal Haunting
9. Contagium
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31