Coven, or Evil Ways Instead of Love

Cultes Des Ghoules

31/10/2016

Hell's Headbangers Records

A force de piocher dans les abysses toujours plus profonds du Black Metal, on finit par toucher du doigt la quintessence même du style, ce nihilisme farouche qui pousse certaines entités à rester les plus secrètes possibles, au point d’occulter (sic) toute forme d’affirmation…

Alors la question se pose…Concept, groupe ? Individualité ? A vrai dire, on ne sait pas grand-chose des CULTES DES GHOULES puisqu’ils prennent un malin plaisir à se cacher derrière un paravent de mysticisme et d’occultisme, qui finalement, les représente mieux qu’un listing d’identités dont personne n’a cure…

Sur leur page Facebook (mais est-ce vraiment la leur ?), leur bio nous informe qu’il ne reste rien des quatre membres d’origine, et les sites dédiés à leur œuvre ne sont ni plus diserts, ni plus clairs…Alors, la musique, comme d’habitude ?

Oui, mais une courte présentation aussi.

CULTES DES GHOULES, le concept/groupe est né en 2004, et s’est contenté pendant quelques années de sortir régulièrement des démos, qui ont attiré l’attention des fans de l’underground poisseux du Black au point d’établir le groupe en tant que culte, voire d’icône.

Un premier album, Haxan comme pierre angulaire d’un style qu’on a du mal à définir, et puis un second LP, Henbane, tout aussi hermétique et ambitieux.

Deux ans plus tard, ce qui semble être un quartette revient sur le devant des enfers avec leur réalisation la plus ambitieuse, Coven, or Evil Ways Instead of Love, qui en effet, concrètement, se présente sous des formats amples, et un développement salement étiré dans le temps.

Imaginez-donc. Cinq morceaux pour quasiment cent minutes de musique, c’est presque de la folie que même les FLOYD ou YES ne se sont jamais permis. Mais après tout, l’ambition n’a jamais été un handicap, surtout lorsque la qualité de la musique est au moins égale à son métrage. Ce qui est indubitablement le cas ici.

Cinq actes pour ce nouvel opéra dédié à un monde à l’agonie, dont deux qui s’étirent à plus de vingt minutes, et presque trente dans le cas de « Satan, Father, Savior, Hear My Prayer »…Cinq scènes comme les musiciens se plaisent à les nommer, qui laissent place à une narration principale se frayant un chemin vocal dans un décorum infernal qui je le concède, n’a que peu d’équivalent sur la scène BM actuelle. Et si certains trouveront le concept redondant, prétentieux ou superfétatoire dans son désir d’exhaustivité, on ne peut pas nier que l’art développé par les CULTES DES GHOULES est toujours aussi personnel et unique, ce qui les rend donc à part sur l’échiquier mondial de la musique extrême.

Musicalement pourtant, l’approche n’est pas si abstraite que ça. Le BM des Polonais est rude, âpre, mais épais dans le son, et conséquent dans les arrangements. Pas vraiment d’artifices ni de gimmicks, juste des thèmes traités avec la puissance dont ils ont besoin, beaucoup de parties efficaces et de digressions tenaces, et une multitude de riffs accrocheurs, soutenus par une rythmique inspirée, dont une énorme basse qui ronfle et gronde comme un orage de fin d’été.

Et pour prouver que les Polonais ne cherchent pas l’originalité à chaque note, les sites dissertant sur leur musique proposent des comparaisons somme toute assez classiques avec les sempiternels MAYHEM, DARKTHRONE, INQUISITION, KATHARSIS, NASTROND ou DOOMBRINGER, ce qui vous affiche d’emblée le monochrome d’un BM qui ne se veut pas plus original qu’il ne doit l’être. Et il est certain que la trame instrumentale des morceaux est formelle dans ses fondations, mais qu’elle trouve une sublimation dans l’agencement des pistes, construites comme autant de scènes d’une tragédie qui se joue à guichets fermés et à enfer ouvert.

Là est donc la particularité de ce groupe unique, qui propose son dernier album en deux versions, l’une double CD et l’autre en triple LP, histoire de caser ces cent-quarante minutes sans altérer le confort d’écoute.

Une analyse poussée de ce troisième longue durée n’est pas chose facile, mais peut s’articuler autour d’une poignée d’axes importants. Si la musique se focalise sur les aspects les plus drus de l’approche du Black Metal tel qu’il est pratiqué à l’est de l’Europe, son ambiance aime à puiser dans des héritages multiples et cosmopolites, en empruntant au BM scandinave sa froideur, et aux origines des HELLHAMMER et autres BATHORY sa rudesse de ton.

On retrouve donc de longues ambiances qui se fondent dans un déluge de riffs parfois francs, parfois fuyants, qui évoquent tout autant le sens de l’expérimentation libre de MAYHEM, la brutalité outrancière et basique des débuts de Tom Warrior, mais aussi le sens de l’emphase de Quorthon, durant sa période Viking.

Mais même avec ces éléments en tête, décortiquer cinq actes qui s’étirent au-delà du raisonnable est une entreprise vouée à l’échec, puisque le but initial des musiciens est de faire appel à votre ressenti le plus sombre, et non à votre capacité de compréhension.

Souvent lourd, parfois rapide mais avec justification et non par besoin d’exutoire, Coven, or Evil Ways Instead of Love est parfois proche d’un Doom Black qui s’enfonce corps et âme dans les entrailles d’un enfer terrestre (le long pivot central pesant de « Mischief, Mischief, the Devilry Is at Toil... » qui finit par s’écraser sur un bloc de violence crue et cacophonique), mais peut compter sur une incarnation vocale théâtrale très prenante, qui incarne des personnages sortis de nulle part avec une belle conviction dramatique.

Et c’est certainement la meilleure façon de concevoir cet album sans trahir son essence, puisqu’il a été clairement agencé de manière à développer une tragédie en cinq actes complémentaires, et non plusieurs inserts disparates.

Les arrangements, jamais réduits à l’état de gimmicks, sont une part importante de l’écriture, et rien que l’intro inquiétante de « Strange Day, See the Clash of Heart and Reason » le prouve en quelques notes d’orgue fantomatiques.  

Bénéficiant d’une production massive mais étonnamment claire, Coven se suit et se lit musicalement comme un vieux grimoire étrange, dont les chapitres se fondent les uns dans les autres avec une belle cohérence. Ne crachant pas sur une inspiration typiquement Heavy Metal, patente sur le dernier et long segment « Satan, Father, Savior, Hear My Prayer » qui ne renie en rien ses racines ancrées dans les 80’s et le début des 90’s, ce nouvel « effort » des Polonais est d’une telle richesse qu’il ne se révèle que par touches, et qu’il nécessite de nombreuses écoutes pour lever un tant soit peu le voile sur les nombreux mystères qu’il soulève.

 Inimitables, les CULTES DES GHOULES pourront prétendre avec ce Coven, or Evil Ways Insteadof Love intéresser tout autant les fans de Black symphonique, que les amateurs de Heavy occulte et progressif, ou même les acharnés d’un BM foncièrement raw dans son rendu, puisqu’ils ne se fixent jamais sur une inspiration unique. Ce qui l’est par contre, c’est leur exceptionnelle capacité à rester efficace tout en laissant divaguer leur inspiration, et à garder le cap sur la puissance sans négliger l’envoutement d’une ambiance glaciale et ténébreuse. Un album à part pour un groupe qui ne l’est pas moins et qui ridiculise la plupart de ses contemporains par son sens de l’aventure et son envie de proposer autre chose qu’une lourde suite emphatique vide de sens.


Titres de l'album:

  1. The Prophecy (Prologue)  Devell, the Devell He Is, I Swear God... (Scene I)
  2. Mischief, Mischief, the Devilry Is at Toil... (Scene II)
  3. Strange Day, See the Clash of Heart and Reason... (Scene III)
  4. Storm Is Coming, Come the Blessed Madness... (Scene IV)
  5. Satan, Father, Savior, Hear My Prayer... (Scene V)

Page officielle



par mortne2001 le 11/11/2016 à 19:24
85 %    1355
Derniers articles

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
LeMoustre

Groupe Polack + thrash ! On pense immanquablement a Turbo. Et ici ce n'est pas complétement faux avec un son abrasif et des vocaux bien criards. Pas mal du tout cette affaire

21/05/2025, 07:33

Moshimosher

Euh... si cet uploading particulier ne date que de 2 semaines, le morceau a, quant à lui, été dévoilé le 30 janvier dernier ! (Bon morceau au passage !)

20/05/2025, 22:13

Gargan

'même pas une ref à un film de 1984 ;)

19/05/2025, 10:45

Simony

Yes, c'est en cours de rédaction. Au camping, nous n'avons pas été impacté par l'orage, pas de dégâts en tout cas.Merci à toi de t'être présenté à moi, c'est toujours cool de croiser des pa(...)

17/05/2025, 18:12

Ivan Grozny

Très belle affiche.

17/05/2025, 16:57

Ivan Grozny

J'aurais préféré voir le disque interprété entièrement en live.

17/05/2025, 16:47

Ivan Grozny

Lord Worm est de retour ?

17/05/2025, 16:46

Humungus

Et ben dit donc...Y'a du beau monde...

17/05/2025, 10:52

Gargan

Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir

16/05/2025, 06:52

Humungus

Cela me coûte de le dire, mais je plussoie.

13/05/2025, 07:56

Gargan

Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)

13/05/2025, 07:48

Jus de cadavre

Ce son de bâtard à la guitare (comme toujours avec Lik) !

12/05/2025, 21:30

Arioch91

@Orphan, pas grave   

12/05/2025, 19:03

Orphan

Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.

12/05/2025, 14:33

Orphan

Nouvel album fin du mois

12/05/2025, 14:31

Arioch91

*et à avoir du mal à les en déloger!(petite correction)

12/05/2025, 13:45

Arioch91

S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !

12/05/2025, 13:44

Arioch91

J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.

12/05/2025, 13:42

Arioch91

Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.

12/05/2025, 13:40

Arioch91

Sentiment mitigé pour ma part   Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)

12/05/2025, 13:38