« Tiens, ça faisait longtemps »

« Que ? »

« Que je ne m’étais pas cogné un bon album de Grind bien barré »

« Alors ? »

« Cool, y’a un chat sur la pochette ».

Tout ça mérite bien mieux que cette accroche facile, tenez, juste à cause du pedigree du bonhomme.

Garry A. Brents (CARA NEIR, GONEMAGE, ex-GHASTRAH PROXIIMA, ex-PARABSTRUSE, ex-SALLOW MOTH, ex-SEMEN ACROSS LIPS, ex-THO, ex-WILDSPEAKER, ex-BUNRAGE, ex-LUNARIAN SEA, ex-NAUTILUSK, ex-SMOOSZ, ex-SUGAR HIGHLANDS, ex-SYNTHETIC ONSLAUGHT, ex-THEY MOSTLY COME OUT AT NIGHT, ex-VISION ÉTERNEL, ex-WRITHE) : tous les instruments + voix.

Et la productivité aussi d’ailleurs.

Un an d’existence, et déjà deux EPs et deux LPs qui ont la durée d’un EP. Mais nous évoluons dans le Grind n’est-ce pas ? Ainsi, Scum n’a jamais été The Wall.

Brièveté est mère de concision. C’est en tout cas la façon dont Garry conçoit les choses, puisque l’homme, de janvier à février a trouvé le moyen d’enregistrer deux albums entiers, le premier, Integument Crystallization, orné du portrait d’une sublime jeune femme, et le second, écouté aujourd’hui, Cries Methodically, qui réveille la petite fille à chats qui sommeille en chacun d’entre nous.

Alors, Experimental Grind, parce que c’en est évidemment, mais aussi parce que c’est facile. Le truc est bourré d’arrangements sonores, de gimmicks, de déviations totalement barrées, de musique de poupée danseuse, et d’une violence à faire passer le bombardement de l’Ukraine par la Russie pour un vulgaire feu d’artifices de petit patelin de trois-cents âmes.

Entre TOTAL FUCKING DESTRUCTION, FULL OF HELL et un CARA NEIR réduit à sa plus simple expression, HOMESKIN est un foutoir génial, créature de Frankenstein d’un docteur es-Grind qui aime vraiment le style, et n’est pas prêt à le brader pour quelques cris de goret ou autres blasts réguliers. Ici, c’est la folie, les morceaux sont évidemment très brefs, mais l’inspiration est multiple. Comme un carnaval de province passé en soixante-dix-huit tours pour un épisode de Scoubidou, Cries Methodically est une masse de mioches qui chialent parce que leur glace est tombée sur le bitume, parce qu’ils n’ont pas chopé la queue du Mickey, parce que les pinces de la machine sont trop écartées pour attraper la reine des neiges, et parce que finalement, un taré les a tous réunis dans la cave d’une attraction glauque. Dans les faits, Cries Methodically à de faux airs de Us, le chef d’œuvre d’Aster. Comme si les négatifs underground et condamnés à errer dans un monde de miroirs avaient brisé les glaces pour prendre la place des lardons officiels qui chialent comme des madeleines de Proust.

Du coup, beau bordel.

Plus simplement, HOMESKIN/Garry A. Brents fait du Grind pour les véritables amoureux du style. Du Grind fou dans sa tête, riche musicalement, qui change de direction comme un lapin sous Alice/acides. Du Grind techno, du Grind bargeot, mais du Grind qu’on écoute dix ou quinze fois à la suite pour en savourer le moindre détail. Alors, produit impeccablement, flingué, on apprécie cette tranche de folie, parce que l’extrême manipulé par des scientifiques musicaux doués n’est pas chose si courante que ça.

En plus, le chat est vraiment mignon.   

Titres de l’album:

01. Sharpened

02. Partial Removal

03. Drain With Me    

04. Foul Smells Lurk 

05. Lingering in Disrepair     

06. Crept Into Cabinets        

07. Labyrinthine Tower        

08. Cistern Moon

09. Not At This Time

10. Unkept                 

11. Rarity

12. Nerve

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