Curse Of Cain

Curse Of Cain

12/05/2023

Atomic Fire Records

Dans la série théâtralité, concept, cinématographie musicale et mystère de boule de gomme, les artistes ont toujours eu beaucoup d’imagination pour dépasser le cadre restrictif de l’image groupe de scène/guitare-basse-batterie-chant. Certains ont même vu dans ce challenge le seul moyen d’expression viable, comme Paul McCartney souhaitant envoyer le fameux Sgt Pepper sur la route à la place des BEATLES. Pas question donc de jean/baskets, encore moins de t-shirt informe et d’air détaché, mais bien de costumes, d’histoires abracadabrantesques, et de délires personnels en images d’Epinal projetées sur le mur de l’ambition. Les noms affluent alors à la mémoire, KISS, GWAR, LORDI, MUSHROOMHEAD, SLIPKNOT, DEATH SS, CRIMSON GLORY, et la liste est loin d’être exhaustive. Beaucoup voient ceci d’un mauvais œil, comme si le concept prenait le pas sur la musique, tandis que d’autres n’apprécient rien de plus que cette combinaison look/style qui permet pendant quelques instants d’oublier le monde réel pour se balader dans les recoins d’une imagination débordante.

Aujourd’hui, de nouveaux musiciens se proposent de perpétrer cette tradition. Une tradition née à la fin des années 60 avec les MONKS ou Screaming Jay Hawkins, et qui trouve aujourd’hui encore un certain écho dans le cœur des fans de légendes et autres histoires montées de toutes pièces.

CURSE OF CAIN est donc une nouvelle entrée à ajouter au dictionnaire des fantasmes et autres allégories monstrueuses. Ces suédois masqués et bardés de cuir se distinguent donc de leurs confrères nostalgiques par une réelle envie d’explorer un univers plus personnel, via une musique moderne, décomplexée, et relativement complexe sur la forme. Mais le fond reste le même : beaucoup de Metal, mais aussi des inflexions Electro, de la Pop en masse, pour un résultat qui accroche l’oreille et donne envie de danser entre deux images gravées dans le cerveau.

Soulkeeper, Rainbow, The Pirate, Mechanic et Timekeeper avancent donc sous la lumière, engoncés dans des costumes qui réfléchissent le soleil pour l’assombrir dans une couverture de ténèbres. Entre steampunk, influence Mad Max, révérence à KING DIAMOND et tribut payé à SLIPKNOT, ces passifs-agressifs schizophrènes  louvoient avec beaucoup d’intelligence, en prenant soin de composer des titres en parfaite adéquation avec leur vision des choses et leur concept, pour le moins étrange.

Vu de l’extérieur, CURSE OF CAIN ressemble à un nouveau petit frère de la scène Metalcore mondiale, avec ses guitares affamées et ses rythmiques compressées. On trouve dans ce premier album en forme de livre/disque, des allusions à la scène américaine des années 2000, entre LINKIN PARK et PAPA ROACH, près de SLIPKNOT mais pas trop pour ne pas pomper l’air vicié, et surtout, des idées porteuses, parfois sous la dominance d’un Djent timide et effacé ou d’un Metal électronique nuancé et varié. Les sensations sont donc multiples, et la puissance de l’ensemble est parfaitement compensée par des mélodies amères, symptomatiques de la jeune génération du tournant du siècle.               

      

A défaut d’être totalement original, le quintet se montre convaincant. Ferme dans ses prises de position, acceptant la plus-value d’instruments extérieurs comme le piano, CURSE OF CAIN prend ses marques, et développe un bestiaire sinon fascinant, du moins intriguant. Si le volet « apparence » est vite occulté (bien que les costumes soient très travaillés et de qualité), la dimension artistique de l’ensemble apparaît comme la variable la plus imprévisible, tant le tracklisting fait preuve d’hétérogénéité. Car entre un « The Hunt » introductif et très alternatif et « Never See The Light », délicat et fragile, la distance est longue, et l’écart important. Ce qui permet de déguster cet album sans craindre l’écœurement, même si quelques nuances de goût reviennent régulièrement irriter le palais.

Je mentirais en affirmant que le ramage de CURSE OF CAIN est à la hauteur de son plumage. Les inserts subtilement gothiques entre deux crises d’acné Metalcore sont trop systématiques, les arrangements électroniques allusifs et pas assez poussés, les voix standard et les refrains en explosion un peu trop faciles. Tout ceci ressemble donc méchamment à un simple disque de Metal moderne tourné vers ce qui était la jeunesse de la génération précédente, et le concept fait si long feu qu’on en vient à se demander s’il existe vraiment au-delà des tenues et des masques de mardi-gras.

Non que le tout soit désagréable, loin s’en faut, mais nous pouvions nous attendre à plus surprenant et grandiose de la part de musiciens adoptant un tel look, haut en couleurs, entre cuir du vendredi soir et épidémie de peste londonienne. La fin de l’album, qui laisse retomber la pression est assez difficile à supporter, même si le final malin de « Blood The End » impose une certaine mélancolie.

Il y aura donc encore beaucoup de chemin à parcourir pour les suédois s’ils espèrent défier certaines légendes masquées. Et même sans aller jusque-là, imposer leur nom sera tâche ardue tant leur Metal se veut généraliste et pas assez spécifique. Pas de quoi avoir peur des monstres et regarder sous son lit le cœur battant, mais peut-être un conte attachant à raconter aux enfants pas si sages.  

  

                         

Titres de l’album:

01. The Mark             

02. Alive                    

03. Embrace Your Darkness 

04. Blame                  

05. Hurt                     

06. Never See The Light       

07. The Ground         

08. Dead And Buried

09. Blood The End


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par mortne2001 le 28/04/2023 à 17:30
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