Quand on parle de Progressif, on pense toujours aux mastodontes des seventies, les PINK FLOYD, YES, RUSH, GENESIS, KING CRIMSON. Des gens éduqués, souvent issus d’études d’archi ou d’art, qui détournent les codes de la musique populaire pour se rapprocher de ceux plus complexes du classique. C’est une façon de voir les choses, mais il serait bon de ne pas faire d’amalgame. Car après tout, le terme « Progressif » accepte de multiples définitions, pour peu que vous ayez l’esprit ouvert et aventureux. Et s’il est un point que personne ne pourra contredire, c’est que loin des réflexions lysergiques et autres trips bucoliques, cette musique peut se montrer aussi agressive qu’un Metal extrême vraiment puissant.
On le sait depuis des années maintenant. Depuis qu’EMPEROR a redéfini les règles du Black Metal en lui faisant épouser des structures opératiques et cette grandiloquence baroque venue du froid. Et même depuis que KING CRIMSON a composé des hymnes à la gloire de la violence sourde et kafkaïenne. Depuis, les artistes se sont décomplexés, et osent densifier leur art d’une bonne dose d’énergie purement Metal, sans tomber dans les travers du populisme, ni continuer de planer à des hauteurs élitistes. Et les tchèques d’ERELEY ont bien assimilé cette possibilité, eux qui depuis dix ans proposent justement un Metal évolutif, créatif, mais incroyablement agressif.
Fondé par les frères Jiří « York » (guitare) et Lukáš « LaResistans » Réda (guitare/basse/synthés/programmation), ERELEY est devenu une véritable institution dans sa ville de Cheb. Après deux albums aussi aventureux qu’impeccables, les deux frères ont pris leur temps pour composer et publier ce troisième album, qui a exigé des recherches fouillées pour se faire distribuer par un label. C’est finalement l’institution WormHoleDeath qui a remporté l’affaire, et c’est ainsi que vous allez pouvoir découvrir la beauté trouble de Garden, jardin d’Eden de violence et de quiétude, de beauté et de laideur, de complexité et de sincérité.
Avec un line-up complété par Jan Kapr (basse), Matěj Brož (claviers, qui depuis a quitté le groupe) et William Izmalkov (batterie), ERELEY aborde donc la cruciale étape du troisième album, quatre ans après Diablerie, un deuxième long qui respectait son titre et nous entraînait dans un univers de dualité, entre le bien et le mal, dans une sorte de purgatoire en salle d’attente. Ce nouveau virage étant difficile à négocier, le groupe s’en est remis à ses qualités propres, et a fait sienne cette devise qu’il affiche fièrement sur sa page officielle :
Nous ne sommes pas vraiment des musiciens qui explosent les gammes ou qui reprennent les chansons de nos idoles. Nous travaillons à notre façon, et nous ne sommes que les messagers de nos propres sentiments. Nous ne jouerons jamais comme les autres, nous ne deviendrons pas populaires. Notre seule priorité est de procurer du plaisir à nos fans grâce aux sentiments cachés dans notre musique.
Ces sentiments/notions sont facilement identifiables. L’espoir, la chance, la résignation, l’objectivité, l’amour, la haine, l’interrogation, le doute, les certitudes, et bien d’autres impressions plus ou moins nettes ou floues. Pour parvenir à matérialiser ce ressenti, le quatuor ne recule devant aucune possibilité, allant jusqu’à citer le Rock Progressif le plus classique pour mieux le pulvériser d’une crise de colère soudaine, à la mode OPETH. Ainsi, « Black Floyd », reste l’étape majeure la plus caractéristique du modus operandi, avec son intro délicate en son clair et en volutes de guitare qui s’envolent en tourbillon, avant que la violence sous-jacente ne remonte à la surface dans un élan de brutalité sourde.
Evidemment, les règles implicites sont suivies à la lettre. Les morceaux sont longs, développés, nuancés et complexes dans leurs humeurs. Poésie musicale, Garden pourrait être une peinture représentant Adam et Eve devant subir le courroux divin pour leur curiosité déplacée, avec le proverbial serpent souriant ironiquement dans un coin du tableau. On trouve dans ce tableau la quiétude de la végétation, l’ombre du pommier, les premiers émois d’un couple originel, puis le vice, la punition, et les inquiétudes suivantes.
« Universum » tape justement dans le tas de ces conséquences inévitables, avec son alternance de luminosité et de ténèbres, avec toujours cette myriade de nuances procurées par deux guitares libres et sauvages, une basse indépendante, et une batterie qui s’adapte aux circonstances sans chercher à tirer la couverture de survie à elle.
Le seul regret est l’absence d’un titre vraiment épique, s’étalant sur un quart d’heure ou plus. Mais la somme d’informations prodiguée est déjà assez conséquente pour ne pas qu’on pense avoir loupé le coche. Tout au plus pointerons nous du doigt ce chant un peu trop prévisible, et ces riffs qu’on retrouve calqués d’un titre à l’autre. Mais les effets, les progressions, les harmonies et les unissons sont largement assez nobles pour qu’on oublie de formuler ces critiques mineures.
D’autant que le final « Morthra » vient interrompre avec beaucoup de clairvoyance cette évolution un peu trop soulignée. Les contrastes se fait moins prononcés, les options moins resserrées, et le résultat plus aéré. La frontière entre Rock et Metal plus fine, le chant enterré dans le mix, et les textures plus empilées pour incarner une sorte de mille-feuilles éthéré, que l’on déguste entre deux pensées qui errent.
ERELEY a-t-il accouché de son grand œuvre ? C’est possible, même si ses deux premiers albums étaient déjà des accomplissements notables. Mais Garden a ce parfum des disques aboutis, précis et pourtant suffisamment vagues pour laisser une libre interprétation à chacun. Un Metal progressif racé et dense, pour une danse entre deux souvenirs jaunis exhumés d’un herbier revenant à la vie.
Les parfums sont bien là, et la nature fait le reste. Un éternel recommencement.
Titres de l’album :
01. Mordo
02. Symphony of Hell
03. Type 0 Steel
04. Somewhere in You
05. Black Floyd
06. Universum
07. Orient Flowers
08. Morthra
Tip: Morthra!!!
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04