Un groupe allemand qui parle de zombies, d’aliens et d’alcool, ça vous dit quelque chose ? Si vous me répondez TANKARD, vous aurez raison d’une certaine manière, mais pas aujourd’hui. Car un autre groupe d’outre-Rhin a commencé sa carrière en se roulant dans la fange de la galéjade alcoolique et horrifique, avant de dévier pour suivre une trajectoire bien plus sérieuse. Et c’est ainsi que les SPACE CHASER, puisqu’il faut bien les nommer, s’inspirent aujourd’hui des écrits de Carl Sagan pour écrire leurs histoires personnelles. Nous parlons donc du soleil qui se bouffe lui-même, d’un futur dystopien, et donc de thèmes d’actualité, pour un Thrash qui va finalement chercher son inspiration dans les années 80 et 90. Dix ans d’existence pour le combo berlinois, mais cinq années de silence depuis leur dernier longue-durée Dead Sun Rising. Un silence qui s’explique assez facilement, puisque les musiciens, mécontents de leurs dernières démos, ont décidé de repartir de zéro pour enregistrer le troisième album digne de ce nom dont ils avaient besoin pour honorer une signature avec le géant Metal Blade, qui leur permettra enfin de se faire un nom sur la scène internationale. C’est d’ailleurs ce qu’ils souhaitent, et ils l’admettent sans ambages, et c’est certainement pour cette raison que ce troisième album sonne si pro, enragé, intelligent et carré.
Enregistré à l’aide de l‘anonyme Jan Oberg au Hidden Planet, et masterisé par l’incontournable Dan Swanö aux Unisound Studios, Give Us Life est donc le résultat des ajustements procédés par le groupe, et n’hésite pas à tremper son Thrash dans d’autres substances, dont le Speed et le Death. SPACE CHASER avoue en tant que collectif adorer le Thrash, mais ne pas forcément chercher à composer un morceau dans ce style. Tout part d’une idée que le groupe laisse grandir, avant d’en faire un morceau à part entière. Et si certains titres des démos mises au placard ont trouvé refuge sur ce dernier-né, la plupart du travail est inédit, mais présente le quintet sous un jour très flatteur. Fini les chœurs à reprendre en foie à longueur de (bas) morceau, finis ces passages un peu trop chantants et optimistes, le nouvel album fait la part belle à la violence et ose des teintes plus sombres pour convaincre le public Metal de sa puissance.
Il s’agit toujours d’un acte de violence, la vie et la mort. Quand une étoile se débarrasse de sa coque et devient une naine blanche, elle finit par mourir, comme toute forme de vie biologique ou non. Si une étoile se transforme en supernova, elle explose et disperse tous les éléments nécessaires à la création de la vie, et le processus recommence, et recommence encore. Des milliers de mondes doivent disparaître pour en créer de nouveaux, afin que la vie continue.
La vie, la mort, l’espace, la création de nouveaux mondes, la vie qui continue, des thèmes classiques et éternels pour un album qui lui, ne se gêne pas pour lier le présent, le passé et le futur du Thrash. Loin des œuvres à consommation rapide sorties d’une chaine McDo de production facile à digestion immédiate, Give Us Life provoque la mort pour donner la vie, et offre à la vague old-school un second souffle, qui risque fort de propulser le groupe au niveau de leader d’un mouvement proche de l’implosion. Sans vraiment chercher à choquer de leur culot ou de leur imagination débordante, les SPACE CHASER se rapprochent parfois d’une version plus agressive et lapidaire du HEATHEN d’Evolution of Chaos, moins progressive, mais beaucoup plus brutale. On peut aussi envisager la chose comme la collision des galaxies SCANNER et OVERKILL (« Signals »), et la voix assez unique de Siegfried Rudzynski, aigue et aux harangues pleines de poigne permet à des compositions à tiroir de sonner immédiates et efficaces. J’en veux pour preuve le nombre conséquent de riffs qui parsèment cette réalisation, sans la laisser s’approcher de trop près du soleil Techno-Thrash pour ne pas se bruler les ailes.
Entre franchise et ambition, ce troisième chapitre de la saga allemande est probablement ce qui se fait de plus professionnel dans le milieu en ce moment. Loin des influences EXODUS, SLAYER, DESTRUCTION à peine régurgitées pour attirer le chaland en manque de facilité, le quintet (Sebastian Kerlikowski - basse/chœurs, Matthias Scheuerer - batterie, Martin Hochsattel - guitare, Leo Schacht - guitare et Siegfried Rudzynski - chant) se creuse la tête pour en extirper des idées sinon neuves, du moins, moins évidentes que la moyenne, et proposer des chansons évolutives, mais écrasantes. Et si les mélodies sont moins prépondérantes que par le passé, elles n’en dérivent pas moins dans l’espace et se font une place enviable sur le hit flamboyant « Burn Them All ».
Doté d’une production moderne pour servir le propos d’une optique old-school, Give Us Life est sans conteste le haut-fait de cette première décennie de création pour les allemands. A l’instar d’un sachet de thé, il faut laisser l’album infuser dans con cerveau et ses veines pour en apprécier les effets et les ambitions, les meilleurs morceaux ayant été disséminés sur toute sa longueur. Et si le burner incandescent « Remnants of Technology » (illustré d’une superbe vidéo aux idées loufoques, mais aux costumes extraordinaires) constitue une entame franche qu’on est en droit d’attendre d’une telle étape cruciale, c’est véritablement « Juggernaut » et son intro en char d’assaut qui donne le véritable signal de la guerre des étoiles.
Les riffs peuvent paraître formels, redondants, le chant un peu systématique, les chœurs brillant par leur absence, mais de fil en aiguille, on appréhende tout le sérieux apporté à la réalisation d’un tel album, pourtant relativement court au regard de ses ambitions. Seul le final « Dark Descent » ose jouer les prolongations ténébreuses pour nous laisser sur un sentiment étrange et amer, avec sa basse claquante et sa rythmique rampante, mais il est inutile d’attendre l’épilogue pour apprécier cette histoire spatiale en phase avec son temps. Il suffit d’affronter le choc de « Cryoshock » qui n’a pas oublié les méthodes syncopées d’EXODUS, et si parfois le quintet se laisse aller à ses instincts les plus allemands (l’intro collégiale de « Antidote to Order », trop cliché), le résultat global est à la hauteur des attentes de Metal Blade, qui a finalement parié sur le bon croiseur intergalactique.
Titres de l’album:
01. Remnants of Technology
02. Juggernaut
03. Cryoshock
04. A.O.A
05. The Immortals
06. Signals
07. Burn Them All
08. Give Us Life
09. Antidote to Order
10. Dark Descent
Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !
25/04/2024, 13:28
25/04/2024, 12:44
ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !
25/04/2024, 10:28
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54
Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.
19/04/2024, 15:20
On s'en cogne. Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)
19/04/2024, 07:52