Quand on les voit comme ça, l’œil sévère et la posture ferme, on se demande à quelle sauce Hardcore ils vont nous les bouffer. Et puis on se souvient d’un trip en Suisse pour découvrir un premier longue-durée qui avait pas mal marqué. LightCrusher a beau accuser plus de cinq ans d’âge, il se bonifie avec le temps, mais il l’était de récolter une nouvelle cuvée pour retrouver cette douce ivresse de violence et de Groove.
KLAW, c’est le coup de griffe Thrash fatal, la dérouillée létale, l’influence conjuguée de la Suède et des Etats-Unis, pour définir des balises de production honnêtes et franches. Depuis 2017, le quintet de Zurich pilonne en arrière-plan pour apporter son parpaing au mur old-school, aujourd’hui aussi long que la muraille de Chine. Mais les mecs sont d’honnêtes travailleurs, et surtout pas des usurpateurs. Et c’est pour cette raison que leur musique sonne aussi moderne que nostalgique. Un vortex entre CHANNEL ZERO et SOILWORK/AT THE GATES.
Dani Bürkli (basse), Reto Bachmann (batterie), Chasper Wanner & Pat (guitares) et Jonas (chant) sont des gens très francs. Ils ne noient pas le poisson et le laissent filer le long de cette eau salée qu’est le Thrash des années 2000. Un poisson qui nage très rapidement, et qui se glisse entre les sédiments pour y trouver sa pitance. Une pâtée malaxée de Metal intrépide et de mélodies limpides, pour un parcours au long cours mais les nageoires en mode turbo.
Gods And Creators est le genre de beigne qu’on encaisse avec quelques os qui craquent et un œil bien beurré de noir. Compact, puissant, élégant et formel, ce deuxième album multiplie les riffs, les changements de rythme, et nous embarque dans une randonnée de l’extrême, mais avec quelques pauses salvatrices. D’ailleurs, l’injonction « Press Start » est très claire : une fois le premier pas accompli, le reste va suivre et sans possibilité de retour en arrière. Pas le genre de la maison. On avance, on avance, jusqu’à ce que le but soit atteint : le sommet, avec ses neiges épaisses et son point de vue global sur la scène Thrash européenne.
Produit avec classe et précision, Gods And Creators est le genre de travail qui nous éloigne un peu des galères à rames du vintage un peu toc sur les bords. Basé sur des chansons fortes à l’identité l’étant tout autant, il cumule les bons points, et nous met K.O assez rapidement. Mais le but n’étant pas de nous estourbir à la première volée, le quintet suisse se permet des variations, des allusions, et intègre de beaux éléments d’un Metal plus générique pour oxygéner les pauvres victimes.
Et plus le sommet approche, plus la marche est difficile.
Pas de Crossover, pas de mosh, pas d’astuces à deux sous pour faire plaisir aux mioches, juste de solides coups de pioche qui percent la pierre et la font éclater. Au rythme du monstre « Carousel of Flames », agressif et persuasif, illustré par une vidéo qui consolide la promo. On aime ces deux guitares qui usinent comme des turbines, ce chant vraiment pas content, et cette solidité de ton qui permet quelques arrangements de fond. Des choses plus ou moins discrètes, comme sur « Swell », qui suinte de vilénie et qui transpire de midi à minuit.
Musiciens affutés, les suisses connaissent la chanson et la hurlent pour nous mettre en pamoison. Les hymnes se suivent et se chevauchent, créant une ode à la cruauté sophistiquée, qui se repaît de rythmes en chien de fusil et d’accélérations totalement scandinaves (« Pictures of My Past »). En toute cohérence, et avec quelques déviances, KLAW a les ongles très longs, qui pénètrent dans la chair comme des aiguillons. Mais le quintet sait aussi inquiéter et suffoquer, comme le démontre l’oppressant « Senseless » qui n’en manque pourtant pas.
Un GRIP INC mené de front par un dissident Death, un festival de savoir-faire, et quarante-cinq minutes règlementaires bien remplies. Respectant les codes en vigueur, et en faisant preuve d’un bel opportunisme, Gods And Creators n’hésite pas à citer SLAYER et METALLICA, et même à les confronter sur le terrible « Walk the Line », numéro de funambule entre deux immeubles solides comme le roc.
Ce feeling légèrement Hardcore permettra sans doute au groupe d’intéresser les deux écoles, même si le Metal règne en maître. Il s’impose avec poigne sur le nuancé « Fearbreeder », qui dégénère rapidement en attaque éclair, il écrase les doutes sur l’orgiaque « Curse of the Blessed », avec ces médiators en folie, et nous agresse même d’un ultime pain sur l’aplati « Alcoholic ».
Malgré cette dégaine propre sur soi et cet âge qu’on devine respectable, KLAW s’amuse beaucoup à jouer les jeunes premiers au bal des non-débutants. Ils ont beau faire de l’œil et aguicher de watts empilés, on les sait sûrs d’eux, et prêts pour une valse sans hésitation.
Deuxième album, confirmation. Sortez les missels et le beurre, et headbanguez jusqu’à pas d’heure. Le curé attend ça avec impatience, lui qui a un jour donné la messe avec Paul Baloff et Tomas Lindberg.
Titres de l’album:
01. Intro
02. Press Start
03. Gods and Creators
04. Carousel of Flames
05. Swell
06. Pictures of My Past
07. Senseless
08. Walk the Line
09. Fearbreeder
10. Curse of the Blessed
11. Stay Sit Roll Fetch
12. Alcoholic
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19