I Skyggen af Livet

Sort Sind

24/11/2023

Nuclear Winter Records

Duo danois énigmatique sorti de nulle part, SORT SIND nous propose son premier album via les maniaques grecs de Nuclear Winter, et autant dire que le produit en question tabasse comme du rouquin bien vilain. Mais, puisqu’il y en a toujours un, I Skyggen af Livet est loin d’un simple jet de bile craché à la face de la bienpensante règle de musicalité, et cache dans ses sillons numériques des idées que nombre de groupes établis auraient bien aimé imaginer.

Peu d’informations sur ces deux anonymes, si ce ne sont quelques noms de groupes auxquels ils appartiennent/ont appartenu (ASCENDENCY, HAD, SULPHUROUS, et TAPHOS pour les citer), une photo promo évidemment aussi opaque que leurs intentions, et un laïus du label nous garantissant une découverte majeure, quelque part entre le Death sourd et le Black emphatique. Ou plutôt, pile en convergence des deux styles les plus vénéneux de l’underground.

Nous avons l’habitude de cet enthousiasme promotionnel formalisé par les labels en quelques formules choc. Souvent, le résultat est très loin de l’euphorie décrite, et plus proche de convenances formelles et récurrentes. Et sans aller jusqu’à dire que les SORT SIND sont l’exception qui confirme la règle, on peut quand même souligner le côté roublard de l’affaire, qui sur une durée très limitée, parvient à insuffler une respiration épique à des morceaux concis.

Trente-deux minutes, pas une de plus, mais largement de quoi se faire une idée sur un potentiel que l’on estime conséquent. Loin du chaos habituel des résidents du purgatoire mélodique, I Skyggen af Livet parvient à réconcilier le Death scandinave des nineties, et son pendant Black norvégien de la même époque. De quoi flatter les bas instincts des deux camps, sans leur donner l’impression d’être dupés par excès de séduction. Non, loin de deux couards incapables de choisir un camp pour ne pas s’aliéner un auditoire plus vaste, les SORT SIND se posent plutôt comme des admirateurs de l’extrême, affranchis de tout cliché et autres querelles de clocher. En résumé, tous les arguments sont bons du moment qu’ils servent le but général.

Et ce but général justement, est de proposer des titres riches, conséquents, ambitieux, et non dénués de complexité technique. Si les riffs se les gèlent au coin des congères les plus mortelles du nord de l’Europe (merci Euronymous et EMPEROR), la rythmique nous réchauffe les doigts engourdis et les tympans en sommeil, et ce décalage entre une certaine forme de subtilité et une complexité indéniable produit un résultat épiphanique, qui tient autant d’un désir progressif que d’un instinct d’immédiateté.

L’écoute est donc agréable, à défaut d’être surprenante, même si quelques plans viennent nous extirper du schéma bien dessiné. Les quelques passages lourds et emphatiques nous ramènent aux grandes heures du BM originel, alors que la voix grave nous laisse sur le trottoir d’un Death à l’allemande, glauque, opaque et sans espoir.

Superbement produit, I Skyggen af Livet est donc loin d’un premier jet couché à la hâte pour profiter d’une hype underground quelconque. Ces huit morceaux, intelligemment agencés sont la preuve des moyens d’un groupe qui pourrait bien dans les années à venir réclamer une place de choix sur la ligne de départ d’une nouvelle génération extrême venue du froid. Car en développant tous ses points forts, le duo est capable d’accoucher d’une grande œuvre, faisant fi des limites et frontières pour fédérer tous les publics avides de violence sensée et de cruauté tout sauf gratuite.

En attendant cet hypothétique jour, I Skyggen af Livet reste un premier album fabuleux, aux intentions claires mais exprimées avec la science exacte des musiciens les plus capables. L’hiver approchant à grands pas, il pourrait être la bande-son d’une saison froide et rigoureuse, que l’on écoutera avec attention le nez gelé et les mains congelées, à déblayer la neige quelque part dans une campagne isolée quelconque.

Et si possible, avant que le soleil ne se lève. L’obscurité sied admirablement bien à ce genre de tâche.

                    

Titres de l’album:

01. Morke

02. Fortærer

03. Foragt

04. Hævntorst

05. Tomhed

06. Skygge

07. Sortsyn

08. Dysterhed



par mortne2001 le 22/11/2023 à 16:04
78 %    118

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Chemikill

Suicidal Tendencies, Sepultura, Slipknot... la tournante improbable... ça ferait un bon poisson d'avril, mais c'est vrai....

27/04/2024, 14:11

roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54