King Of The Badlands

Manic Sinners

18/02/2022

Frontiers Records

Double coup de pub pour tonton Serafino, avec la signature des MANIC SINNERS. Double coup de pub, puisque King Of The Badlands est leur premier album, et surtout, parce que ce nouveau groupe nous vient de Roumanie, ce que les arguments promotionnels ne manquent pas de souligner. Bien que je n’ai jamais réellement compris l’intérêt d‘une nationalité dans l’intérêt que peut susciter un groupe, autant avouer que la musique des roumains, sous des atours classiques, cache une réelle volonté de s’éloigner des canons en vogue dans le rooster transalpin. Pour autant le folklore local se taille-t-il une part intéressante dans cette œuvre assez attendue ? Pas vraiment, puisque les morceaux e ce trio sonnent clairement européens, avec cette petite touche rugueuse qui fait la différence.

Mais laissez-moi vous présenter Ovidiu Anton (chant), Adrian Igrisan (batterie, claviers et basse), et Toni Dijmarescu (guitare et basse), trois nouveaux venus sur la scène internationale, qui avec ces douze morceaux ont un beau coup à jouer pour imposer leurs noms. Noms qui sont déjà connus nationalement pour certains, puisque Adrian Igrisan est aussi le guitariste/chanteur du groupe CARGO, une référence en Roumanie, pour avoir été régulièrement disque d’or et avoir accompagné sur scène des pointures de l’envergure d’IRON MAIDEN, URIAH HEEP, ou encore GILLAN. Adrian a d’ailleurs été élevé au rang de chevalier (l’équivalent des arts et des lettres chez nous) par son président pour sa contribution culturelle, ce qui en fait l’un des musiciens les plus respectés, qui pour l’occasion s’est écarté de son chemin pur mettre sur pied ce nouveau projet.

MANIC SINNERS sur Frontiers, c’est donc un minimum de charges à respecter, une certaine approche de la mélodie, une crédibilité technique, et une capacité à pondre des hits comme s’il en pleuvait. Et même avec le support au mix de l’increvable des mille-bornes Alessandro Del Vecchio, King Of The Badlands sonne agressif, frais, et différent des produits usuels distribués par le label italien.

Avec à sa tête un ancien compétiteur de l’Eurovision, ce groupe a donc des atouts individuels dans la manche, mais surtout, une cohésion collective assez remarquable. Ce qui l’est aussi, c’est cette capacité à retranscrire un langage musical dans un idiome plus personnel, comme si le trio souhaitait naturellement s’éloigner des références les plus évidentes. On en prend note dès le morceau d’ouverture « Drifters Union », sorte d’hymne de grève très musclé et reposant sur un up-tempo vraiment diabolique, le tout saupoudré de chœurs vaillants et d’harmonies musclées. L’énergie est donc palpable, le Hard joué subtilement Heavy, avec une rythmique mise en avant et un organe de tête rauque et lyrique à la fois. En un seul titre, le trio nous met dans sa poche et nous fait rejoindre ses rangs, affirmant ses différences avec le reste de l’écurie dont ils font désormais partie.

Autre qualité intrinsèque d’un album décidément très attachant, cette variété de ton et d’ambiances, entre Hard mélodique, AOR gonflé et Heavy Metal charnu, ce qui confère une aura particulière à l’œuvre, nageant entre trois eaux sans prendre l’eau. Les tubes ne font pas semblant de l’être, et entre « Anastasia » et sa mélodie entêtante, et « Ball And Chain » et son émotion claire palpable comme l’eau fraiche d’un ruisseau, l’ensemble est d’une qualité rare, et résulte d’une réelle volonté de montrer des capacités de composition notables.

Production assez rêche et virile, riffs capables et persuasifs, formalisme de surface pour placer des pions Heavy plus classiques (« Under The Gun »), intermèdes instrumentaux assez inopinés (« Out For Blood », « Crimson Queen ») pour aérer la pièce, la fraîcheur est donc de mise, et la singularité s’affirme dans avoir à forcer le talent. Nous sommes donc loin de la standardisation à outrance des sorties Frontiers les plus génériques, nivelées par Alessandro, et plus proche d’un talent individuel fondu dans une masse qui doit accepter la différence.

Je n’affirme évidemment pas là que les MANIC SINNERS sont les sauveurs tant attendus de la scène mélodique européenne, mais ils en présentent en tout cas un visage différent, plus brut, sans oublier les recettes américaines les plus efficaces du style (« Carousel »).

L’écoute est en tout cas agréable, les surprises éparses mais délicieuses, la variété de mise, et si quelques morceaux semblent encore un peu naïfs de leur traditionalisme, on comprend que King Of The Badlands est l’œuvre de musiciens confirmés qui ont suffisamment roulé leur bosse pour savoir ce qu’ils veulent, et ce que leur public souhaite entendre.

Faites-donc fi de cette histoire de nationalité roumaine pour apprécier un excellent album, encore un peu rigide par moments, mais qui témoigne d’un professionnalisme qui a su rester frais. 

      

                                                                                                                                                                                                               

Titres de l’album:

01. Drifters Union

02. King Of The Badlands

03. Anastasia

04. Ball And Chain

05. Under The Gun

06. Out For Blood (Instrumental)

07. Carousel

08. Nobody Moves

09. Play To Lose

10. Crimson Queen (Instrumental)

11. A Million Miles

12. Down In Flames


Facebook officiel


par mortne2001 le 22/02/2022 à 14:49
80 %    398

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52