La délicatesse allemande est à peu près proportionnelle à l’humilité française. L’extrême germain a ceci de subtil qu’il écrase tout sur son passage, mais il ne faudrait pas non plus prendre nos cousins européens pour de sales bourrins incapables de faire la différence entre un Messerschmitt et un deltaplane. Si leur mouvement Thrash était au diapason de son homologue sud-américain, si leur vague industrielle était l’une des plus abstraites et chaotiques, si leur Death Metal se basait sur des principes simples d’écartèlement et d’écrasement, ils sont souvent parvenus à donner le changer en laissant la parole à des groupes plus fins.
Et le hasard faisant bien les choses, ça n’est pas du tout le cas aujourd’hui.
RANZER, c’est presque un panzer, et ça en adopte le même fonctionnement. Avancer, écraser, pulvériser, balancer des obus et détruire tout ce qui se trouve sur son passage. Ce premier album est donc un véritable festival de figures brutales imposées, mais avec un twist comme disent nos amis anglo-américains. Reposant sur des principes de Thrash/Death, la musique de RANZER se concentre sur l’aspect le plus Punk du Metal, allant jusqu’à offrir le visage grimaçant d’un Crust/Thrash vraiment vilain et qui terrorise les petits nenfants que nous sommes.
Né à Kassel il y a trois ans, ce collectif de brutes épaisses (Vale - batterie, Knödgen - basse, Dürch & Peter - guitares et Kurti - chant) a quand même eu la politesse de prévenir de ses intentions via une première démo, avant de plonger la tête la première dans la réalisation d’un premier long, que je vous dévoile aujourd’hui. Très brut et brutal, Leidkultur (la culture de la souffrance pour ceux qui boudent Goethe) est un manifeste d’agression assez intéressant, puisque rudement bien amené. Car même si le Death à souvent fricoté avec les extensions Hardcore (Crust, Grind, D-Beat), il n’a pas toujours réussi à trouver le bon équilibre des forces en puissance. Ce qui rend la performance des RANZER encore plus satisfaisante.
Avec un ratio parfait de cinquante pour cent par composante, Leidkultur s’impose comme le nouveau chantre du Death/Crust. Toutefois, l’image sonore que vous vous en faites en lisant ces lignes est sans doute erronée. Car si le quintet appuie sur ses traits de caractère les plus chafouins, il n’en oublie pas pour autant d’insérer des mélodies héritées du Punk allemand pour alléger sa charge, ou au contraire, la rendre plus vicieuse. Et en matière de vices, le collectif germain s’y connaît, et pas seulement parce que la voix du roublard Kurti passe par toutes les déviances, du pervers surexcité au boogeyman bien planqué.
Riffs simples, attitude franche, réflexes instinctifs, ces dix morceaux qui pourraient presque n’en faire qu’un forment une suite très cohérente qu’on assimile à un discours rapide et concis sur la tolérance dans le milieu du Death/Thrash. Mais en fin de compte, les deux styles se retrouvent si dénaturés par un mélange forcé qu’on peine à les reconnaître. On retient du Death Metal sa distorsion grasse, ses invectives vocales graveleuses et contagieuses, du Thrash sa fluidité, mais le tout ressemble beaucoup plus à un disque de Hardcore bien velu, emballé dans une production épaisse et caractéristique d’un Metal un peu fourre-tout. Tellement fourre-tout qu’on se retrouve parfois avec un machin aussi dément que « Stress », qui en quatre minutes prête allégeance à l’extrême le plus métallique, avec blasts, grondements et tout le toutim.
L’affaire est donc assez séduisante, et plutôt surprenante. Même si le cadre est classique, la peinture se permet quelques fantaisies, dont des syncopes franchement californiennes sur « D.G.F.D. ». On ne sait plus vraiment sur quel pied pogoter, tant RANZER évite les cases avec une facilité déconcertante.
Ce qui ne fait pas pour autant de Leidkultur un chef d’œuvre, loin s’en faut. Passé le plaisir de découvrir un Death Metal rauque et sale joué à la façon d’un Punk/Hardcore un peu Crust sur les bords, la linéarité est de mise et les titres finissent par se ressembler. On dodeline du chef, j’en conviens, mais les mouvements finissent par ralentir, pour laisser place un statisme qui en dit long sur l’effet produit.
Heureusement, quelques coups d’accélérateur, et quelques aplatissements de rigueur nous sauvent du marasme, sans tirer le tout vers le haut. Le quintet aurait gagné en efficacité en prônant un peu plus la diversité, même si un gros paquet de riffs se montrent convaincants et souriants.
Pour le moment, RANZER est une incongruité charmante, une bizarrerie ludique, mais pas encore un réel espoir sur lequel miser à long terme. Trop de patates dans la choucroute, et pas assez de saucisses.
Titres de l’album:
01. Ekelhafd
02. Schönwetterfreund
03. Halsmaul
04. Frequenzverdichter
05. Staudamm
06. Stress
07. D.G.F.D.
08. Schädelfraktur
09. Demut und Gehorsam
10. Schlinge und Spaten
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11