Trop jeune pour avoir connu les seventies en live, comme moi ? Des regrets de n’avoir jamais vu le ZEP, le SAB’, CACTUS, SIR LORD BALTIMORE, le LYNYRD, et des tonnes d’autres, dont Bowie, Zappa, Bolan ? Aucun problème, puisque certains musiciens farouchement attachés à une tradition musicale rétrograde se chargent de les faire revivre pour vous, avec plus ou moins de bonheur. Parce que pour recréer une magie, il faut en connaître les trucs, mais aussi avoir du goût, et un certain panache. Et si certains s’amusent beaucoup avec leurs tours de passe-passe, ils n’atteignent jamais le prestige des formations susnommées. Spécialement lorsqu’ils s’ancrent d’eux-mêmes dans une mouvance particulière, très connotée, de celles que ce bon vieil Ozzy et ses camarades de Birmingham ont inventé et popularisé…mais pas que. Admettons quand même que les américains de LIGHTNING BORN aient été gravement traumatisés par les deux premiers albums de BLACK SABBATH, et qu’ils tentent par tous les moyens d’en ressusciter l’esprit occulte, grave, lourd et persistant. Nous n’avons pas affaire ici à de jeunes loups aux dents longues qui ont usé les partitions de LED ZEP (école GRETA VAN FLEET), mais bien à de vieux briscards qui connaissent bien la mélodie et les rythmiques, puisqu’en guise de groupe, nous aurions presque affaire à un supergroupe, bien que je conchie cette appellation. Un peu dans l’optique d’un VLTIMAS qui regroupe des maniaques du Death Metal pour jouer du Death Metal, LIGHTNING BORN, le nom, cache des instrumentistes rodés à la cause Vintage Rock & Doom, puisqu’on retrouve aux postes le bassiste Mike Dean (CORROSION OF CONFORMITY), la chanteuse Brenna Leath (THE HELL NO), le batteur Doza Hawes (MEGA COLOSSUS, ex-BLOODY HAMMERS; ex-HOUR OF 13) et le guitariste Erik Sugg (DEMON EYE), ce qui nous donne une jolie concentration d’accros aux riffs ombrageux et aux coups de caisse claire appuyés.
Noms connus, pedigree fameux, mais résultat convaincant ? Avec les talents additionnés, la réponse est évidente, mais le triomphe n’en est pas pour autant éclatant. S’il est certain que l’amour de Mike Dean pour la musique des années 70 crève les tympans depuis la parution de Blind ou Deliverance, s’il est clair que la voix incroyable de Brenna Leath s’accommode fort bien de cette ambiance rétrograde, et s’il est plus que frappant que le jeu de guitare de Sugg et la frappe de Hawes assurent le background idoine, nous sommes loin de la révélation sur le chemin du cimetière de Salem, puisque ce premier long éponyme assure dans les grandes largeurs, mais se contente clairement de faire le job. Bien sûr, on attend toujours plus des musiciens talentueux, notamment qu’ils transcendent leurs passions et leurs aptitudes pour nous livrer des œuvres hors-norme, et c’est pour cette raison que je vous demande de faire preuve de clémence après avoir lu ces nuances. Lightning Born est en effet un excellent album passéiste, avec des compositions qui tiennent la route, mais il n’est justement que ça…Et dans une époque rongée par la gangrène old-school, on attend aujourd’hui un peu plus d’un LP qu’un simple exercice de mimétisme, aussi troublant soit-il.
A l’écoute, on s’y croirait. D’une, parce que la production à cette patine analogique qui transforme les bits en sillons de vinyle, matifiant la batterie, striant les guitares de médiums un peu écorchés, dopant la basse aux rebonds d’un écho grave, et laissant la voix un peu en arrière-plan, comme captée d’une autre pièce du manoir. Ensuite, parce que les compositions sont excellentes, qu’elles soient brèves ou développées. On sent que le passif/passé des musiciens a été mis sur la table, et que leur carrière leur a grandement servi au moment d’enregistrer cet album. Mais là où la géniale PRISTINE parvient à adapter les canons d’antan à l’excellence d’aujourd’hui, LIGHTNING BORN se contente d’effleurer la surprise pour ne provoquer qu’un intérêt appliqué, de ceux que l’on réserve aux groupes les plus méritants, mais pas forcément les plus surprenants. Et « Shifting Winds », « Magnetic », « Silence » de sonner comme des inédits du SAB’ repris à leur compte par des clones de LUCIFER ou OCTOPUS (sans le petit plus de ces deux-là), alors que d’autres, plus concis, pas forcément plus créatifs mais plus réactifs, nous replongent dans la vitalité rafraîchissante d’une décennie qui a tout repris à son compte, y compris le Rock de papa (« Renegade », nerveux, et sublimé par la voix puissante de Brenna qui laisse digérer un riff convenu, mais bien secoué). Et parfois, lorsque le quatuor s’éloigne de ses références oppressantes pour adopter un ton plus léger, la balade devient plus bucolique sans perdre sa notion de danger (« Out for Blood », qui aurait pu être chanté par Pepper Keenan).
Inutile de jouer les fines-bouches et de pointer du doigt un manque d’originalité, puisque tel n’est pas le but premier de ce genre d’entreprise. Mais à défaut de pouvoir espérer du neuf avec du vieux, on aurait bien aimé un peu plus qu’une relecture un peu sage des standards Doom en vogue il y a presque cinquante ans (« Godless », son côté DANZIG pas vraiment assumé sauve la barque, mais ne l’empêche pas de tanguer pendant sept minutes bien tassées), ou qu’une accumulation de gimmicks Soul’n’Heavy encore un peu timorée (« Oblivion »). L’organe vocal de miss Leath nous évite l’ennui dans les moments les plus convenus, elle qui ne force pas ses cordes et qui évite la dramaturgie la plus lénifiante, et le groove insufflé à certains titres nous allège un peu les petons, qui s’agitent enfin au doux son d’un groove un peu grognon (« Magnetic »). Malgré tous ces griefs formulés, la qualité intrinsèque de Lightning Born ne doit pas être atténuée, puisque les cinquante minutes passent à peu près rapidement (malgré quelques redites un peu gênantes, mais symptomatiques de ce genre d’essai), et que le jeu de basse de Mike est toujours aussi coulant et plaisant. Le tout s’ingurgite donc comme une bonne rasade de Jack, mais laisse le gosier un peu à froid, alors qu’il ne demandait qu’à être incendié. Et si le projet se veut viable et durable, il faudra se montrer moins timide pour continuer à convaincre, une bête répétition de cette reproduction ne permettant aucune indulgence de notre part.
Titres de l’album :
1.Shifting Winds
2.Renegade
3.Silence
4.You Have Been Warned
5.Salvation
6.Magnetic
7.Out for Blood
8.Power Struggle
9.Oblivion
10.Wildfire
11.Godless
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00