Même vivant dans une grotte au fin fond de la Lozère, même coupé du monde avec l’ordinateur dans le placard et l’antenne TV sur le tas de compost, même en renvoyant le facteur avec l’aide d’un molosse affamé depuis des semaines, vous n’avez pas pu manquer la nouvelle : DIAMOND HEAD a remis le couvert un an après son dernier album The Coffin Train pour célébrer l’un des évènements les plus importants de cette année 2020 : les quarante ans d’un des albums les plus légendaires de la NWOBHM. En effet, cette triste année 2020 célèbre les quatre décennies de la sortie de Lightning To The Nations, autrement nommé The White Album, œuvre profondément ancrée dans le patrimoine Rock anglais et ce pour une raison que personne n’ignore non plus. Sans DIAMOND HEAD, sans ses tournées à l’orée des années 80, pas de Lars Ulrich, et sans Lars Ulrich, pas de METALLICA, et sans METALLICA, pas d’hommage à DIAMOND HEAD, soit une jolie boucle bouclée par l’histoire, qui raconte ici celle d’un petit groupe de Stourbridge qui allait faire partie de la plus grosse révolution de l’histoire musicale depuis… le Punk anglais quelques années plus tôt. Si tous les fans de Heavy Metal n’ont pas forcément écouté ou aimé DIAMOND HEAD, tous les fans de METALLICA connaissent leur musique depuis la cover des californiens de « Am I Evil ? », sur la première version maxi de Garage Days Revisited. Ces mêmes fans ont pu apprécier ensuite tout un défilé d’appropriations musclées, « Helpless », repris sur Garage Days Re-Revisited avec Jason, « The Prince » qu’on découvrait en face B du maxi Harvester of Sorrow, « It’s Electric » relifté sur Garage Inc, etc…
En gros, Brian Tatler peut remercier Lars et James de leur passion, artistiquement parlant évidemment, les deux compères les ayant érigés au rang d’idoles, mais aussi financièrement, les retombées de royalties suite à leurs reprises étant tout sauf négligeables. Alors, il était évident qu’un jour, Brian - seul survivant du line-up de l’âge d’or - allait se retourner vers son passé pour réécrire humblement l’histoire. Il considérait en effet que ce premier album de sept titres seulement, enregistré en une seule semaine par des gamins de 19/20 ans méritait un autre éclairage, plus moderne, plus puissant, et c’est donc très logiquement qu’il a bossé avec son chanteur Rasmus Bom Andersen pour élaborer une nouvelle version de ce classique, propre à séduire les quelques ignorants et réticents restant. Enregistré principalement dans les Raw Sound Studios d'Andersen à Londres, mais aussi en France, Lightning To The Nations 2020 offre donc un nouvel éclairage à cet album passé depuis longtemps à la postérité, et si l’entreprise pouvait s’envisager comme douteuse et opportuniste au départ, il faut reconnaître l’évidence à l’arrivée. Cette relecture a la même envergure que le légendaire Bonded by Blood revu et corrigé par EXODUS, et montre un groupe aux épaules carrées, à l’attitude frondeuse, et à l’assurance incroyable.
Si les originaux ne manquaient déjà pas de panache et d’ambition, les nouvelles versions les renvoient à l’âge de pierre du Heavy Metal, les transformant en vestiges du passé, en artéfacts méchamment abimés par le temps, pâles, sans saveur, et d’une finesse de papier à cigarettes. Dès l’entame, « Lightning To The Nations » prouve la validité du ravalement de façade, et nous bombarde de guitares hargneuses et d’une rythmique percutante. On s’en rend encore plus compte lors de l’écoute du rigolo « Sucking my Love » (que METALLICA a aussi repris, mais de façon plus discrète à ses débuts), mais surtout en savourant la version 2020 du classique qui a tout déclenché, « Am I Evil ? » qui de son approche proto-Thrash nous explique par A+B pourquoi METALLICA a été si obsédé par la musique de DIAMOND HEAD. Le son est énorme, les guitares de Brian Tatler et Andy "Abbz" Abberley lacèrent les enceintes, alors que l’énorme frappe de Karl Wilcox vous assomme de sa grosse caisse profonde et de sa caisse claire ferme. De son côté, Dean Ashton n’a plus qu’à cimenter le tout et nous offrir quelques roulades dont il a le secret, histoire de faire glisser « It’s Electric » du côté métallique vers lequel il a toujours penché. Et on s’aperçoit en dévorant cet album que DIAMOND HEAD s’est violemment rapproché de la musculature de METALLICA pour renouveler le genre, les deux groupes partageant plus ou moins le même son, mais DIAMOND HEAD jouissant d’un chanteur au timbre et au coffre plus modulé que le grand James.
Alors, ça déroule et la fête est totale. Le beat est jumpy, l’envie et là, et le tout ressemble à une cure de rajeunissement qui gomme les rides de Brian, et souffle sur la poussière de l’œuvre originale. Incroyable de constater que quarante ans plus tard, Lightning to the Nations sonne encore plus frais qu’en 1980, ce qui est pourtant le cas. Et lorsque le quintet entonne l’irrésistible « Helpless », les réflexes conditionnés prennent le pas sur la mesure, et la chevelure s’envole, même si cette version n’a pas la vitesse et la candeur passionnée de celle issue du Garage Days Re-Revisited de METALLICA. Quel bonheur absolu d’entendre ces merveilleuses chansons dans des incarnations aussi crédibles et enjouées, et quel plaisir aussi de constater le côté cyclique de ce conte de fée, en réalisant que pour une fois la politesse a été rendue, et que le HEAD s’aventure en terre METALLICA pour rendre hommage à ses plus grands fans et mécènes.
Et c’est ainsi que les anglais vaillants se fendent d’un « No Remorse » en hommage au Kill Em’All des Four Horsemen, un « No Remorse » qui n’a d’ailleurs rien à envier à son modèle de 1983 et qui se montre même plus puissant, et chanté avec plus de fougue. Belle pirouette et joli signe de la main de la part de DIAMOND HEAD (d’aucuns diront que ce n’est qu’une petite politesse rendue pour services majeurs), qui ne s’arrête pas là et continue sur sa lancée, en citant dans le texte JUDAS PRIEST, LED ZEPPELIN et DEEP PURPLE, trois groupes qu’ils ont connus à leurs débuts en 1976. Là encore, le résultat est brillant, même lorsque Brian et Rasmus se frottent à « Immigrant Song », classique de chez les classiques, qu’ils honorent d’une attaque de front et d’une inspiration moderne et groovy en diable.
« Sinner » de JUDAS n’est pas moins réussi, loin de là, et retrouve le tranchant des guitares de K.K et Glenn, sans que Rasmus n’ait à rougir de la comparaison avec le grand Rob. En final, « Rat Bat Blues » tiré du Who Do We Think We Are du PURPLE est une petite friandise qu’on déguste sur le pouce, même si l’on aurait préféré que « No Remorse » occupe la place d’épilogue pour mieux boucler la boucle. Mais quel bel hommage d’un groupe envers sa propre histoire, et certainement l’actualisation la plus pertinente depuis très longtemps, et plus simplement, une fête du Metal à laquelle tout le monde est convié, quelle que soit sa position sur la question. Sommes-nous le diable ?
Oui, nous le sommes.
Titres de l’album:
01. Lightning To The Nations
02. The Prince
03. Sucking My Love
04. Am I Evil?
05. Sweet And Innocent
06. It’s Electric
07. Helpless
08. No Remorse (METALLICA cover)
09. Immigrant Song (LED ZEPPELIN cover)
10. Sinner (JUDAS PRIEST cover)
11. Rat Bat Blue (DEEP PURPLE cover)
Le reprise de Metallica est juste excellent !
Exact ! Super prod.
Groupe et surtout (!!!) album indispensable.
C'est bien pourquoi il ne fallait pas à mon sens toucher à l'oeuvre primaire se suffisant largement à elle même. Et même si Andersen à une putain de présence vocale, je préfère de très loin les versions originales avec Harris.
Bref, aucun intérêt là-dedans si ce n'est les reprises en fin d'album et le (forcément) clin d'oeil-renvoi d'ascenseur à METALLICA.
Cryptosis, c'est bien le groupe qui ouvrait pour Vektor lors de leur dernière tournée ou je confonds ?
24/03/2025, 19:45
Vous le croyez ou pas, mais je n'ai jamais entendu causer de ce groupe...Au vu des deux critiques dithyrambiques, je vais donc forcément me pencher sur la chose... ... ...
23/03/2025, 06:33
S'il remonte un groupe qui reprend le style de Katatonia jusqu'à "Last Fair Deal Gone Down", je suis alors enthousiaste au-delà du raisonnable ! Affaire à suivre !
22/03/2025, 14:51
Il manquerait une petite chose à cette sélection si je ne signalais que Sindre Nedland, le chanteur d'In Vain, est décédé le 2 mars 2025. Il avait 40 ans.C'était un remplaçant qui avait assuré les concerts depuis l'&eac(...)
20/03/2025, 22:09
Merci pour ce report, qui rend très bien compte de ce moment hors du temps. J’avoue qu’une setlist uniquement composée de titres d’argus ne m’aurait pas déplu (comme au courts of chaos de l’an passé si je ne me trompe pas) mais c’est(...)
18/03/2025, 21:35
On a connu des ruptures plus violentes... J'ai l'impression qu'il faut comprendre qu'il va lancer sa propre formation pour reprendre de vieux titres de Kakatonia (pardon, c'était trop tentant et je ne le pense pas vraiment) voire approfondir leur style. Ce se(...)
18/03/2025, 20:21
C'est le groupe du chanteur de feu Paean. Il faut que j'essaie l'album de 2022.
15/03/2025, 15:41
Franchement Alcest mérite mieux qu'un de ces énièmes groupes de post-rock ou post-metal à la con ou tout est recraché.
15/03/2025, 11:50
Très bon groupe de Death grind,que je viens de découvrir moi qui aime la musique extrême je ne suis pas déçu !Je le conseille à tous
12/03/2025, 10:09
Va vraiment falloir arrêter ces commentaires politiques systématiques, c'est d'un redondant, même si, je conviens que pour le présent groupe ce soit peu évitable. Mais un peu de sérieux, le capitalisme honni se réjouit justement des luttes (...)
12/03/2025, 08:01
Oui il y avait des tensions je pense. Hinds voulait clairement une orientation moins "Metal" depuis quelques temps pour Masto... Et dernièrement il était très critique sur le concert d'adieu de Black Sab' auquel Masto va participer. Il avait po(...)
11/03/2025, 20:35
Du tout bon ça !!!PS : L'intro de la chro c'est pour de vrai mortne2001 ou juste pour la beauté du texte ???
11/03/2025, 19:29