Night Vision

Streetlight

14/03/2025

Frontiers Records

Oh joie, oh bonheur, oh volupté…En triant mes mails du matin, je suis tombé sur une annonce en grandes pompes de Frontiers annonçant la sortie du deuxième album des suédois magiques de STREELIGHT. Ignition ayant tourné sur ma platine numérique pendant des mois, cette nouvelle a eu l’effet d’une bombe sur mon petit organisme, le faisant tressaillir de plaisir avant même d’avoir posé la moitié d’une oreille sur un quart de morceau. Mais comment être déçu par un quintet capable de recréer les mélodies eighties avec ce panache typiquement scandinave ?

Toutefois, la mesure semblait de mise au regard des attentes générées par un premier album de miraculés. Ignition, aussi parfait fut-il, aurait pu n’être qu’un one-shot merveilleux, coup de chance sublime de musiciens en état de grâce sur une période donnée. Mais en découvrant les premières notes du superbe « Long-Distance Runner », les doutes, les peurs, les interrogations prirent soudain les jambes à leur cou. En quelques minutes, le quintet réaffirme sa domination du secteur nostalgique scandinave, livrant la plus belle imitation de JOURNEY depuis le premier album solo de Steve Perry.

Johannes Häger (guitare/chant), Filip Stenlund (guitare/chœurs), John Svensson (claviers/chœurs), Erik Nilsson (batterie/chœurs) et Johan Tjernström (basse/chœurs) ont beau être attifés comme l’as de pique, ils n’en ont pas moins les capacités de transcender la copie pour la rendre presque originale. Les cinq musiciens se sont surpassés au moment de donner suite à leur tonitruant début, et si la souplesse est toujours de mise, l’ambiance n’en sombre pas plus dans la guimauve pour adolescents aux dents baguées.

JOURNEY donc, TOTO, STYX, BAD ENGLISH, Richard MARX, les noms pleuvent comme des larmes de joie. Night Vision nous ramène directement aux jeunes années de NIGHT RANGER et HONEYMOON SUITE, avec ce petit plus AOR tirant sur le Yacht Rock tendu et nerveux du fut. Oublions donc un instant cette image d’Epinal grotesque avec bandana, imprimés panthère et regard torve au-dessus d’une barbe bien taillée. A la manière d’un SURVIVOR ayant choisi villégiature du côté de Stockholm, STREELIGHT éclaire la nuit de ses harmonies vocales sublimes et de son énergie Rock puisée dans les plus grandes stations FM des Etats-Unis.

Evitant avec un talent incroyable la mélasse sentimentale de Saint-Valentin, les suédois explorent les possibilités d’un Hard-Rock tempéré, et reviennent les bras chargés de cadeaux emballés comme des tubes incontournables. En imitant les meilleurs, en refusant de laisser la distorsion se faire bouffer par les claviers, Night Vision se permet même de défier le BON JOVI de légende sur son propre terrain, en le terrassant d’un impitoyable et radiophonique « Late Night Hollywood ». Beaucoup plus proche d’un excellent épisode de Miami Vice que d’un volet mollasson d’Hollywood Night, ce deuxième album est un signal fort envoyé à la concurrence, alors même que l’année 2025 vient juste de commencer.

Heureux, joyeux et d’humeur badine mais professionnelle, les STREELIGHT nous sourient à pleines dents, blanches évidemment, pour nous faire oublier la grisaille du quotidien. Capables de porter leur musique à ébullition d’un Adult Rock de grand maitre (« Leanna », TOTO approved), de citer les grands classiques d’une décennie majeure sans les copier benoîtement, les cinq musiciens parviennent à garder le niveau de compétitivité de leur premier long, en allant encore plus loin dans la perfection.

On pourrait dire que les enjeux sont plus élevés maintenant par rapport à notre premier album, mais nous avons estimé qu’il nous restait encore beaucoup de chemins inexplorés, tant musicalement que professionnellement. Nous sommes toujours admiratifs des beaux jours de l’AOR, mais nous ne regardons pas en arrière. 

Comment mieux résumer une entreprise condamnée au succès dès sa genèse ? Avec des instrumentistes au-dessus de tout soupçon, cette volonté de mordre la vie comme une pomme d’api, et cette capacité surnaturelle à pondre des mélodies immédiatement mémorisables, Night Vision arpente les trottoirs suédois à la tombée de la nuit pour y former son armée, faite de nostalgiques des ondes courtes et des adorateurs du Billboard. Nerveux, sautillant et exubérant, « Straight To Video » nous ramène à l’époque des vidéoclubs, lorsque le choix du film du vendredi soir était une chasse au trésor. Et il n’est pas si incongru d’envisager ce nouvel album comme un local de location vidéo, tant chacun de ses morceaux pourrait être le love theme d’un classique californien.

Aussi tendre qu’il n’est agressif, Night Vision alterne avec bonheur les séquences d’émotion et les montées en pression, allant jusqu’à se prendre pour FOREIGNER le temps d’un « Fly With Eagles » aussi smooth qu’un calypso pondu par Donald Fagen.

Pomme d’amour qui fond dans la bouche comme un premier baiser, cet album est une mine de hits intarissable. Avec sa production précise et sa gestuelle étudiée, il permet à STREELIGHT de continuer sa trajectoire ascendante, rappelant peut-être aux NIGHT FLIGHT ORCHESTRA ce qu’ils furent avant de sombrer dans la Pop parodique.

Pour danser, pour aimer, pour se rappeler, « Where Did Love Go » est le genre de ballade dont les charts raffolaient il y a quarante ans, alors que le roublard « End Game » se permet des citations ambitieuses, à deux doigts d’un Progressif chaleureux. C’est à ce moment-là qu’on réalise toute la marge de progression d’un groupe qui peut devenir le meilleur de sa catégorie (et qui l’est peut-être déjà), tant il est capable d’insuffler à chaque titre une passion individuelle.

Le gel a fait son grand retour aujourd’hui, et pourtant, je ne ressens pas le froid. STREELIGHT est comme un plaid moelleux qu’on porte sur les épaules pour supporter les frimas de l’hiver, et qui permet de l’affronter sans craindre les engelures. Un pas de plus pour la postérité, et un album qui n’a pas fini de tourner.       

                                                                                                          

Titres de l’album:

01. Long-Distance Runner

02. Captured In The Night

03. Sleep Walk

04. Learn To Love Again

05. Late Night Hollywood

06. Leanna

07. Straight To Video

08. Fly With Eagles

09. Where Did Love Go

10. End Game


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par mortne2001 le 15/03/2025 à 17:33
99 %    582
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Derniers commentaires
Seb

Excellent ce morceau !!

12/07/2025, 19:15

metalrunner

Beau boulot vite du live

12/07/2025, 18:25

LeMoustre

Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?

11/07/2025, 13:36

LeMoustre

Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.

11/07/2025, 13:34

LeMoustre

@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison 

11/07/2025, 13:32

MorbidOM

Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal. 

11/07/2025, 13:28

LeMoustre

Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)

11/07/2025, 12:42

Humungus

Je pense que là, tout est dit... ... ...

11/07/2025, 10:01

DPD

Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?

10/07/2025, 21:43

DPD

T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..

10/07/2025, 21:36

DPD

Désoler si j'en ai rien à foutre du dernier groupe Brésiliens de war metal.

10/07/2025, 21:29

Alain Akbar

@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.

10/07/2025, 21:20

DPD

Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)

10/07/2025, 15:17

DPD

L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)

10/07/2025, 15:09

Ivan Grozny

Oui très bon groupe, je recommande également !

10/07/2025, 14:36

Ivan Grozny

C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)

10/07/2025, 14:34

DPD

Sinon j'aime beaucoup Chat Pile comme groupe récent.

10/07/2025, 14:27

DPD

@GPTQBCOVJe suis  horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)

10/07/2025, 14:16

DPD

Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)

10/07/2025, 13:47

Humungus

Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".

10/07/2025, 13:22