Oh joie, oh bonheur, oh volupté…En triant mes mails du matin, je suis tombé sur une annonce en grandes pompes de Frontiers annonçant la sortie du deuxième album des suédois magiques de STREELIGHT. Ignition ayant tourné sur ma platine numérique pendant des mois, cette nouvelle a eu l’effet d’une bombe sur mon petit organisme, le faisant tressaillir de plaisir avant même d’avoir posé la moitié d’une oreille sur un quart de morceau. Mais comment être déçu par un quintet capable de recréer les mélodies eighties avec ce panache typiquement scandinave ?
Toutefois, la mesure semblait de mise au regard des attentes générées par un premier album de miraculés. Ignition, aussi parfait fut-il, aurait pu n’être qu’un one-shot merveilleux, coup de chance sublime de musiciens en état de grâce sur une période donnée. Mais en découvrant les premières notes du superbe « Long-Distance Runner », les doutes, les peurs, les interrogations prirent soudain les jambes à leur cou. En quelques minutes, le quintet réaffirme sa domination du secteur nostalgique scandinave, livrant la plus belle imitation de JOURNEY depuis le premier album solo de Steve Perry.
Johannes Häger (guitare/chant), Filip Stenlund (guitare/chœurs), John Svensson (claviers/chœurs), Erik Nilsson (batterie/chœurs) et Johan Tjernström (basse/chœurs) ont beau être attifés comme l’as de pique, ils n’en ont pas moins les capacités de transcender la copie pour la rendre presque originale. Les cinq musiciens se sont surpassés au moment de donner suite à leur tonitruant début, et si la souplesse est toujours de mise, l’ambiance n’en sombre pas plus dans la guimauve pour adolescents aux dents baguées.
JOURNEY donc, TOTO, STYX, BAD ENGLISH, Richard MARX, les noms pleuvent comme des larmes de joie. Night Vision nous ramène directement aux jeunes années de NIGHT RANGER et HONEYMOON SUITE, avec ce petit plus AOR tirant sur le Yacht Rock tendu et nerveux du fut. Oublions donc un instant cette image d’Epinal grotesque avec bandana, imprimés panthère et regard torve au-dessus d’une barbe bien taillée. A la manière d’un SURVIVOR ayant choisi villégiature du côté de Stockholm, STREELIGHT éclaire la nuit de ses harmonies vocales sublimes et de son énergie Rock puisée dans les plus grandes stations FM des Etats-Unis.
Evitant avec un talent incroyable la mélasse sentimentale de Saint-Valentin, les suédois explorent les possibilités d’un Hard-Rock tempéré, et reviennent les bras chargés de cadeaux emballés comme des tubes incontournables. En imitant les meilleurs, en refusant de laisser la distorsion se faire bouffer par les claviers, Night Vision se permet même de défier le BON JOVI de légende sur son propre terrain, en le terrassant d’un impitoyable et radiophonique « Late Night Hollywood ». Beaucoup plus proche d’un excellent épisode de Miami Vice que d’un volet mollasson d’Hollywood Night, ce deuxième album est un signal fort envoyé à la concurrence, alors même que l’année 2025 vient juste de commencer.
Heureux, joyeux et d’humeur badine mais professionnelle, les STREELIGHT nous sourient à pleines dents, blanches évidemment, pour nous faire oublier la grisaille du quotidien. Capables de porter leur musique à ébullition d’un Adult Rock de grand maitre (« Leanna », TOTO approved), de citer les grands classiques d’une décennie majeure sans les copier benoîtement, les cinq musiciens parviennent à garder le niveau de compétitivité de leur premier long, en allant encore plus loin dans la perfection.
On pourrait dire que les enjeux sont plus élevés maintenant par rapport à notre premier album, mais nous avons estimé qu’il nous restait encore beaucoup de chemins inexplorés, tant musicalement que professionnellement. Nous sommes toujours admiratifs des beaux jours de l’AOR, mais nous ne regardons pas en arrière.
Comment mieux résumer une entreprise condamnée au succès dès sa genèse ? Avec des instrumentistes au-dessus de tout soupçon, cette volonté de mordre la vie comme une pomme d’api, et cette capacité surnaturelle à pondre des mélodies immédiatement mémorisables, Night Vision arpente les trottoirs suédois à la tombée de la nuit pour y former son armée, faite de nostalgiques des ondes courtes et des adorateurs du Billboard. Nerveux, sautillant et exubérant, « Straight To Video » nous ramène à l’époque des vidéoclubs, lorsque le choix du film du vendredi soir était une chasse au trésor. Et il n’est pas si incongru d’envisager ce nouvel album comme un local de location vidéo, tant chacun de ses morceaux pourrait être le love theme d’un classique californien.
Aussi tendre qu’il n’est agressif, Night Vision alterne avec bonheur les séquences d’émotion et les montées en pression, allant jusqu’à se prendre pour FOREIGNER le temps d’un « Fly With Eagles » aussi smooth qu’un calypso pondu par Donald Fagen.
Pomme d’amour qui fond dans la bouche comme un premier baiser, cet album est une mine de hits intarissable. Avec sa production précise et sa gestuelle étudiée, il permet à STREELIGHT de continuer sa trajectoire ascendante, rappelant peut-être aux NIGHT FLIGHT ORCHESTRA ce qu’ils furent avant de sombrer dans la Pop parodique.
Pour danser, pour aimer, pour se rappeler, « Where Did Love Go » est le genre de ballade dont les charts raffolaient il y a quarante ans, alors que le roublard « End Game » se permet des citations ambitieuses, à deux doigts d’un Progressif chaleureux. C’est à ce moment-là qu’on réalise toute la marge de progression d’un groupe qui peut devenir le meilleur de sa catégorie (et qui l’est peut-être déjà), tant il est capable d’insuffler à chaque titre une passion individuelle.
Le gel a fait son grand retour aujourd’hui, et pourtant, je ne ressens pas le froid. STREELIGHT est comme un plaid moelleux qu’on porte sur les épaules pour supporter les frimas de l’hiver, et qui permet de l’affronter sans craindre les engelures. Un pas de plus pour la postérité, et un album qui n’a pas fini de tourner.
Titres de l’album:
01. Long-Distance Runner
02. Captured In The Night
03. Sleep Walk
04. Learn To Love Again
05. Late Night Hollywood
06. Leanna
07. Straight To Video
08. Fly With Eagles
09. Where Did Love Go
10. End Game
Pour moi, par ordre décroissant préférentiel, ce sera :Massacra - Enjoy the ViolenceMercyless - Abject OfferingsLoudblast - Disincarnate
23/04/2025, 12:56
Allez, mon top 3 français des années 90: Massacra - Signs of the Decline Mercyless - Abject OfferingsLoudblast - Sublime Dementia
23/04/2025, 08:42
Je rajoute une couche avec l'album d'Anialator sorti en fin d'année dernière. Je l'ai beaucoup écouté et l'écoute encore avec plaisir.
22/04/2025, 19:35
Plus fan de Massacra que de Loudblast perso, même si je possède les deux premiers albums du groupe.
22/04/2025, 19:34
De mon côté j'ai toujours eu du respect pour le groupe même si ce n'est pas ma génération, je n'étais pas né quand ils se lançaient... Donc ils ne m'ont pas marqué comme ils ont pu le faire avec leurs fans de la prem(...)
22/04/2025, 17:35
Pour moi Loudblast, ce sont des suiveurs avec un bon train de retard sur ce qui se fait à chaque époque et Clearcut fait partie de cela... Bref, je ne suis pas très client de leurs albums, on m'avait chanté les louanges de Burial Ground, je me suis ennuyé..(...)
22/04/2025, 16:04
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Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)
20/04/2025, 18:02
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20/04/2025, 14:08
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20/04/2025, 12:45
Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)
19/04/2025, 14:36
J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)
19/04/2025, 09:13
J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?
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