No Control

Suzi Quatro

29/03/2019

Steamhammer Spv

J’ai un souvenir très précis de Suzy QUATRO, comme beaucoup d’entre nous d’ailleurs. Non un souvenir de concert, puisque je n’ai jamais eu la chance de la voir live, mais celui d’une pochette de 45t, planqué dans la collection que mon frère m’a léguée à l’époque. Celui de 48 Crash, ou j’avais découvert une jolie femme tout de cuir vêtue et qui m’avait convaincu de son talent en une poignée de minutes. Depuis, évidemment, j’ai complété mes connaissances à son sujet, en creusant sa carrière plus profondément, au point d’aller dénicher la seule compilation existante de son all-girls-group, THE PLEASURE SEEKERS, fondé après avoir aperçu les BEATLES on stage…Mais au-delà de l’anecdote, aussi ludique soit-elle, c’est évidemment le parcours Rock de la miss qui nous intéresse, la première bassiste chanteuse à être devenue une vraie star, et pour d’autre raisons que son sex-appeal animal et sa jolie frimousse de teigneuse au cœur tendre. Parce que mine de rien, Suzy va l’année prochaine fêter ses soixante-dix ans, et à l’écoute de ce nouvel album en (presque) solo, on a franchement du mal à y croire…Presque, puisqu’elle a composé ce nouvel album en étroit partenariat avec son fils Richard Tuckey (issu de son premier mariage), et que l’ensemble a donc des airs d’affaire de famille qui sent bon la complicité et les connexions cellulaires. Le processus ? Simple, guitare et basse acoustique, un porche de maison, l’été anglais 2018, un iPad, pas mal de papier, et l’inspiration mère/fils a fait le reste, se formalisant autour des onze morceaux de ce No Control, qui contrairement à ce que son titre laisse penser, résulte d’un contrôle de qualité très poussé.

 

Faisant suite à Back To The Drive en 2006, In The Spotlight en 2011 et Quatro, Scott & Powell en 2016, No Control n’est rien de moins ni de plus qu’un nouvel album de la rockeuse de Detroit, qui n’a rien perdu de sa fringale de guitares et de rythmiques bien appuyées. Et on le sent dès l’ouverture du single « No Soul/No Control », qui cavale d’un bon up tempo pour nous plonger dans les affres d’un Hard-Rock aux orgues présents, mais au riff saignant. On reconnaît bien là la patte de Suzy, qui n’a jamais cherché la complexité, mais plutôt l’efficacité. Sa musique est toujours aussi straight, honnête, no bullshit, mais loin d’un tas de cambouis pour greasers en mal d’huile de moteur. Sans tourner le dos à son passé, mais en restant campée sur des positions contemporaines, la vocaliste de légende nous offre un nouveau chapitre en tranche de vie, qui prouve que cinquante ans de carrière n’ont pas eu raison de son enthousiasme ou de son énergie. Un son sec, équilibré mais puissant sans en faire trop, un chant évidemment en avant, et surtout, une pluralité de ton confèrent à ce nouvel LP un joli parfum de survol de carrière, sans verser dans la compilation indirecte de détournement d’airs connus. Tout est flambant neuf, tout sonne juste, sincère, et si parfois, on s’égare entre Classic Rock et Hard-Rock, la ballade fait un bien fou, et permet de passer en revue toutes les tendances de cette musique qui depuis les années 50 nous permet de rester jeune. Suzy n’a pas oublié son boogie au placard, et nous séduit du félin et malin « Going Home », qui sent bon le bœuf familial le week-end, mais aussi du gluant et menaçant « Macho Man », que le KISS des années 70 aurait pu produire pour le TOP. Du groove donc, mais pas que, puisque lady QUATRO n’est pas du genre à s’enfermer dans une petite case passéiste, ce qui explique sans doute les quelques surprises disséminées de çà et là.

« Strings » n’en étant pas une des moindres. Plaisant d’observer l’artiste en terrain moins connu, s’amusant d’une guitare en appui plus qu’en insistance, et de chœurs remplissant la pièce comme un hit des 60’s aurait pu le faire. Tube improbable d’un album moins formel qu’il n’y parait au prime abord, ce morceau est une sorte d’énorme pépite de chocolat sur un gros cookie bien moelleux, et nous bascule dans le temps, du côté des girls-groups de la MOTOWN, tout en acceptant des claviers très connotés 80’s. Quelques cuivres faisant le reste, on savoure ce plaisir même pas coupable, d’autant plus qu’il est placé juste avant une autre friandise. Bossa, ambiance à la mariachi, pour un « Love Isn't Fair » qui casse le rythme mais ne plombe pas l’ambiance, invitant même les BEACH BOYS de « Kokomo » au brunch organisé par Mink DeVille, pour un petit instant de douceur colorée, chaud comme un étrange été londonien. Mais loin de se disperser, Suzy préfère ventiler, aérer pour ne pas lasser, au risque de se laisser glisser sur une pente légèrement cabaret pour ne numéro en première classe de « Easy Pickings », qui sent bon les bars louches à deux heures du matin et les regards en coin. Un piano un peu bastringue, un harmonica au bord de l’épuisement, et surtout, ces lignes vocales subtilement dédaigneuses, qui soudainement s’accentuent sur une augmentation de l’intensité électrique. On craque, évidemment, parce que tout ça est tellement bien fait et tellement frais qu’on se replonge dans une adolescence passée à découvrir la culture de ses aînés.

Avec No Control inutile de se prendre la tête sur la sempiternelle question du « meilleur album de ». Avec sa discographie si fournie et sa pelletée de tubes du passé, la miss est désormais bien au-dessus de ça, se contentant de nous faire plaisir en se faisant plaisir. Mais ça n’est pas pour autant que le tout sent l’affaire bâclée, loin de là, chaque morceau se voulant différent du précédent, et parfois, hors du temps. Ainsi, la profession de foi de « Bass Line » résonne comme une épiphanie, avec son motif qui tourne en rond autour de quatre cordes qui sonnent et tonnent, joué smooth mais ferme, un peu west-coast sur les bords, avec ce petit plus de culture Indie des années 90 à la WEEZER. Mais pour vous éviter des sueurs froides, soyez rassurés, la QUATRO revient à intervalles réguliers à ce qu’elle sait faire de mieux, ce Hard Rock n’Roll qu’elle a toujours dans la peau, plus mature peut-être, mais toujours aussi costaud. Ainsi, « Don’t Do Me Wrong » vous fera headbanguer ou swinguer en concert, de même que « Heavy Duty », juvénile ce qu’il faut, et largement digne des harangues les plus efficaces de la musicienne. Toujours aussi rebelle, la musicienne n’en fait qu’à sa tête, et la collaboration avec le fiston a dû représenter pour elle une grande fierté, spécialement en constatant la qualité des morceaux élaborés à deux. Alors oui, vous aurez du saxo, vous aurez de l’harmonica, et pas que des riffs qui bavent gras, mais nous parlons de Rock N’Roll n’est-ce pas ? Ce Rock qui peut se mouvoir comme un greffier dans un couloir, sur « I Can Teach You To Fly », ou valser lourd comme un Blues de la Nouvelle Orléans délocalisé à Détroit ou dans le swinging London (« Going Down Blues »).

Difficile de croire en écoutant cet élixir de jeunesse musical que Suzy a vu le jour en 1950…Elle pourrait en remontrer à bien des petites jeunettes, mais tel n’est pas son but après tout. Tout ce qu’elle souhaite, depuis toujours, c’est de satisfaire son public et de lui montrer qu’elle est restée la même. Cette rockeuse de cuir à la moue boudeuse qui n’a jamais joué les pleureuses.        


Titres de l'album :

                            01. No Soul/No Control

                            02. Going Home

                            03. Strings

                            04. Love Isn't Fair

                            05. Macho Man

                            06. Easy Pickings

                            07. Bass Line

                            08. Don't Do Me Wrong

                            09. Heavy Duty

                            10. I Can Teach You To Fly

                            11. Going Down Blues

Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 06/04/2019 à 16:08
82 %    1134

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52