La musique, c’est un voyage. Un voyage par-delà les frontières physiques que l’homme a dessinées, dans d’autres pays, pour y découvrir d’autres cultures. Une évasion sur le toit du monde pour l’observer avec du recul. Des voix qui se mêlent, des notes qui se percutent, de la quiétude, de l’inquiétude, et quelque chose entre le chaos et la paix éternelle. Mais la musique, c’est aussi un voyage intérieur, une façon d’exorciser ses démons ou de rechercher son moi profond. John Lennon l’avait fait dès son premier album solo, en analyse personnelle de traumas d’enfance, d’autres ont creusé le sillon, si profond qu’ils ont réussi à combiner les deux destinations. Intérieur/extérieur, pour mieux s’intégrer au panorama et ne faire plus qu’un avec la nature.
Et quel bonheur de s’oublier pour se retrouver au milieu des forets, des lacs, des paysages urbains et autres dessins magnifiques d’une nature confrontée à l’imagination des hommes. Pas toujours positive, malheureusement.
KWOON propose justement à ses auditeurs de partir, loin, et longtemps. D’ailleurs, si longtemps qu’on se demandait ce que devenait Sandy Lavallart, contremaitre d’un chantier en perpétuelle mutation et évolution. Pas de nouvelles en longue-durée depuis de très longues années, et un retour qui fait chaud au cœur. Une fois encore bien entouré par des musiciens d’exception, Sandy doit ces rencontres à son envie de partage. Animé du désir d’aller jouer chez l’habitant, en acoustique, il contacte Katia (bassiste de LOS DISSIDENTES DEL SUCIO MOTEL), qui lui présente Gregg, son compagnon batteur. Une fois les trois cimentés, Katia complète le concept avec la guitare de Nico (guitariste de LDDSM), pour aboutir à ce quatuor que l’on retrouve aujourd’hui sur les fiches techniques.
Pour des raisons de coût, Sandy est enchanté de réduire la présence scénique à quatre musiciens essentiels, en laissant deux ou trois sur le carreau. Mais qu’importent les proportions de l’orchestre, puisque la substance est toujours aussi présente. Celle qui émane de l’esprit poétique d’un homme qui ne manque pas d’idées pour surprendre, et de mélodies pour apprendre. Ainsi, Odyssey mérite son nom à chaque chapitre, à chaque couplet, à chaque harmonie, à chaque note. D’une tonalité mineure mélancolique et contemplative, ce nouvel album s’arpente comme un périple aux frontières de l’impossible. Qu’on s’enregistre au sommet d’une montagne ou à la lisière d’un volcan éteint, le but est le même : notifier ses sensations sur partition, pour que le langage musical universel fasse son office, et s’adresse à tous les rêveurs qui ne sont pas dupes.
Comme le souligne l’auteur lui-même, beaucoup vont trouver ces chansons tristes et glauques. Leur approche est intime, autant qu’un trip individuel peut l’être, mais leur portée émotionnelle est inestimable. On pourrait presque sentir les gouttes de pluie, le vent, le soleil, voir les grands espaces, sentir le ciel sur son visage et entendre la toile de la tente se détendre et flotter dans le couchant. Sans quitter son fauteuil, on profite d’une vue imprenable sur l’humanité, et surtout, sur la magnificence d’une nature qui nous surprend encore de sa beauté fragile et forte à la fois.
Odyssey est de fait très difficile à raconter. Il est par contre très facile à écouter, à découper, pour assembler les séquences dans un ordre aléatoire, selon la sensibilité de chacun. Basé sur un principe simple de contrastes, entre une guitare puissante et un accompagnement pur et éthéré, il incarne le meilleur d’un Post Rock parfois trop symbolique pour vraiment toucher. On sent ici que le créateur a voulu mettre en sons des images très précises, via une traduction dans un langage universel. Comme un Devin Townsend perdu dans le monde d’HYPNO5E, comme un David Gilmour en pèlerinage sur les terres de TENGIL, ce troisième album est d’une maturité dans la rêverie assez folle. La seule prérogative pour l’apprécier à sa juste valeur est de laisser son pragmatisme au vestiaire, et d’accepter de s’abandonner pour être porté par des harmonies fantomatiques, et des gammes éthérées.
J’ai toujours adoré le danger et repousser les limites. D’ailleurs, je ne les repousse pas, je les brise !
En quarante-cinq minutes, Sandy applique ce précepte. Sous cette pochette superbe se cache peut-être l’album que RADIOHEAD n’a jamais pu enregistrer, ou tout simplement, le plus beau journal intime couché sur bandes. Magnifiquement mixé par Thierry Kronental, Odyssey est apaisé, tranquille sous les étoiles, mais cache son amertume sous une épaisse couche de cordes, de grappes de notes, et de lignes vocales d’un calme rassurant. On trouve l’inspiration à son meilleur sur le sublime « Jayne », digression féminine à la beauté diaphane, et à son apogée de simplicité sur le sublime « Wolves », qui n’a de loup que cet instinct nocturne pour échapper à la réalité diurne.
KWOON n’évite pas les dangers comme un voyageur un peu pleutre qui craint sa propre ombre. Il les accepte comme partie d’un tout, comme composante d’un univers qui laisse chaque chose à sa place, jusqu’à ce que les hommes bousculent l’équilibre pour le rentre trop instable.
Projet multimédia, comme à son habitude, ce nouvel album est illustré par des clips magnifiques, qui rendent hommage au sens de la performance de leur sujet principal. Qu’il soit isolé en montagne ou que son instrument voyage dans l’espace, Sandy Lavallart garde les pieds sur terre et la tête dans les étoiles pour garder le cap sur une liberté chèrement acquise.
PINK FLOYD, ARCHIVE, Thom Yorke, les influences sont évidemment portées avec fierté, mais transcendées par une expérience de baroudeur de l’extrême, qui un jour, pourrait jouer à dix-mille mètres de profondeur pour provoquer un évènement d’importance. Entre temps, il nous reste cette musique superbe et ciselée, qui ne se refuse rien, qui affronte tous les obstacles pour se faire l’interprète de sentiments sincères et de peurs bien réelles. « Nestadio » évoque cette majesté, et se concentre sur le ressenti d’un musicien qui ne triche pas, qui ne ment pas, qui ne galvaude pas, et qui se contente de se décrire tel qu’il est.
Un homme libre, un instrumentiste/compositeur honnête, et un être doté d’une telle empathie qu’il partage son bonheur avec ses fans sans demander grand-chose en retour. Mais le voyage en a-t-il un ?
Titres de l’album:
01. Leviathan
02. King of Sea
03. White Angels
04. Life
05. Blackstar
06. Last Paradise
07. Jayne
08. Wolves
09. Youth
10. Fisherman
11. Nestadio
12. Keep On Dreaming
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04