Je ne sais pas si vous avez suivi la série We Own This City comme j’ai pu la binger, mais si tel n’était pas le cas - outre l’erreur flagrante à réparer immédiatement - sachez qu’elle narrait le quotidien de la Gun Trace Task Force de Baltimore, sorte de division d’élite anti crime arpentant les rues pour traquer les criminels et les dealers, arrêtés…par des flics ripoux et des criminels eux-mêmes. Superbement interprétée, dense, tendue, cette série présente donc un Baltimore urbain et violent, en prise avec la guerre des gangs et les relations perverses entre la communauté afro-américaine et une bande de flics plus enclins à vider les poches des suspects qu’à traquer le véritable ennemi.
Nous sommes donc à des lieues du Baltimore filmé par l’ineffable John Waters, sorte de ville complètement dingue peuplée d’iconoclastes improbables au comportement erratique. Et en écoutant le nouvel album des TRIAC, je ne peux m’empêcher de penser que le vrai Baltimore se cache à équidistance de cette série et du cartoon de John Waters.
De la violence donc, sans pitié, puisque le trio (Kevin Bernsten - guitare/chant, Tim Mullaney - basse/chant, Jake Cregger - batterie) est connu pour ça depuis quelques années, mais surtout, une sacrée leçon de Grind de tradition, pour calmer les ardeurs de ceux n’en pouvant plus d’attendre le prochain album de NAPALM DEATH. Pure Joy - Numb Grief-stricken Animals, sous une pochette absconse cache donc un festival de morceaux brefs et intenses, mais sérieux dans l’approche. Pas question de brader le Grind sur l’autel de la galéjade, ici, on brutalise de concert, on blaste jusqu’à ce que les bras nous en tombent, et on hurle à s’en brûler les cordes vocales. Dans la plus grande lignée des légendes d’AGATHOCLES, NASUM, BRUTAL TRUTH, TRIAC poursuit sa route sans se poser de question inutile, et reste fidèle à ce leitmotiv unique qui est le sien :
FAST, UGLY, MEANINGLESS GARBAGE.
Fast, c’est indéniable à moins d’être sourd ou de vivre en accéléré. Ugly, parfois, lorsque le rythme se veut dégressif et que les riffs se teintent de Doom crade et d’Indus en friche. Meaningless, bien au contraire, puisque ce disque décrit avec une acuité certaine le climat régnant à Baltimore depuis des années. Garbage, certainement pas, puisque ce trio fait partie des meilleurs manipulateurs Grind/Powerviolence du marché. So, messieurs revoyez votre slogan c’est du flan.
A la rigueur, je préfère vous résumer au premier morceau de cet album, « Pure Joy ». Puisque c’est évidemment le sentiment que vous allez faire naître dans le cœur de tous les Grind maniacs de la planète, trop heureux de retrouver un groupe qui n’a pas dilué sa bestialité analogique dans une mer d’effets modernes. L’approche est absolument classique, mais le son énorme et professionnel. Les titres sont explosifs, mais souvent souillés de feedback, de sonorités Indus, de percussions continues (la doublette « Styrofoam Caskets » / « Growing Meat » est à ce titre totalement exemplaire), et nous ramènent au meilleur du Crossover Crust/Powerviolence/Grind, avec toutefois une large emphase mise sur ce dernier.
On savoure. On déguste, on bave un peu, ça éclabousse, mais c’est aussi jouissif qu’un délire créatif de NASUM en plein centre-ville de Baltimore, entre deux dealers écoulant leur dope avec un minimum de discrétion. Mais les TRIAC ne sont pas corrompus, et au contraire, font preuve d’une probité et d’une intégrité d’incorruptibles. Pas question pour eux de troquer les idéologies passéistes pour plaire aux fans de synthétique bâclé, et entre deux clins d’œil à INSECT WARFARE et THE KILL, le trio disperse et ventile personnel, en prenant soin de ne laisser aucun répit à ce pauvre batteur en constante représentation. Et faites-moi confiance, le numéro en vaut la peine, et je sollicite quelques bravos à l’intention du poulpe Jake Cregger.
Visiblement, la vie à Baltimore n’est ni drôle, ni de tout repos. Quant à savoir s’il vaut mieux se retrouver du côté des flics que des truands, il y a quelques blasts à franchir pour obtenir une réponse satisfaisante. Mais n’oubliez surtout pas ceci :
Pure Joy.
Titres de l’album :
01. Pure Joy
02. Sudden and Awful
03. Styrofoam Caskets
04. Growing Meat
05. Tasteless
06. Endless Seizure
07. Pain Credential
08. Sardonic
09. Loathsome
10. Greif-stricken
11. Schadenfreude
12. Brain Reduction
13. Limping Animal
14. Coughed Up
15. Useless Coma
16. Salted Slug
C'est justement ce relent de Hardcore qui en fait du Thrashcore en condition live qui m'a dérangé. Le placement du chant fait vraiment moderne, c'est con mais ça m'a un peu rebuté, dommage parce que musicalement c'est vraiment pas mal.
28/03/2024, 16:07
Découvert l'an dernier dans un mini festival à Toulon avec Aorlhac en tête d'affiche, j'avais bien accroché et acheté leur cd (le précédent du coup) qui m'avait un peu déçu (difficile de redre justice à une m(...)
27/03/2024, 00:16
Ben si Cannibal Corpse est une légende, Immolation aussi, non? Ils avaient tourné ensemble en 1996 ( je les avais vus à la Laiterie, avec Inhumate en première partie...)...
26/03/2024, 13:16
Je viens de tomber par hasard sur ce docu à leur sujet, je sais que deux-trois ici pourraient être intéressés : TULUS - 3 DECADES OF UNCOMPROMISING BLACK METAL (FULL DOCUMENTARY) (youtube.com)
25/03/2024, 20:05
C'est très loin d'être pourri, mais j'préfère tout de même de loin "Ozzmosis", "Down to earth" ou "Black rain"...
25/03/2024, 09:21
Tout le mérite en revient à notre hôte, je n'ai influé en rien sur les choix successifs. Autrement dit, cela me convenait aussi.
24/03/2024, 19:53
J'aime beaucoup. Parcours sans faute jusqu'au septième morceau. Du death classieux moins extrême que le premier album mais plus varié. Les délires vocaux de Vincent passent aussi très bien (ce qui n'aurait pas été le cas chez Morbid).(...)
24/03/2024, 13:34
"groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom" : allez, retourne écouter tes groupes de NSBM de fond de toilettes et épargne-nous tes commentaires ridicules
22/03/2024, 09:04
A minima c'est assez inutile, rarement intéressant même si l'idée n'est pas nouvelle. Voivod l'a fait y'a peu, c'est quand même assez anecdotique sur le rendu final. Les morceaux en version d'origine se suffisant a eux mêmes.
20/03/2024, 12:18
Il prend corps au fil des écoutes, et s'il paraît moins immédiat que Firepower, il ne me déçoit pas tant les compositions restent solides et dignes du Priest. Pas encore totalement poncé mais j'encourage à y revenir et chaque écoute(...)
19/03/2024, 14:50
Superbe ce papier avec un chroniqueur qui, ça se sent, a vécu l'époque Roadrunner et sa superbe compilation (a la non moins superbe pochette) Stars on Thrash.Achat obligatoire.P.S : Euh moi une ex m'appelle pour prendre de mes nouvelles et me proposer (...)
19/03/2024, 12:13