C’est vrai qu’on aime bien prendre son petit-déjeuner tranquille le matin. Beurrer ses tartines, faire chauffer l’eau, sortir les croissants ou la brioche du placard (où les saucisses/haricots pour nos amis anglais et allemands), et apprécier ce moment de calme avant d’affronter le reste de la journée. En gros, comme le disait notre suisse préféré Stephan Eicher, « Déjeuner en Paix ».
Ou pas.
J’avoue aimer ce petit instant de quiétude post-réveil. Mais de temps à autres, lorsque le besoin d’énergie se fait sentir et que la vitamine C n’est disponible qu’en format agrume, je me plonge dans l’actualité brutale pour en extirper les protéines dont j’ai besoin, et l’oméga 3 aussi. Et ce matin justement, pris par surprise dans le menu des Bandcamp, je suis tombé sur le nouvel EP/LP des bataves de DEAD HEAD, l’un de mes groupes fétiches, qui justement, s’est manifesté tout à fait au hasard pour m’aider à marcher du bon pied.
Pour les accros, DEAD HEAD c’est un label de qualité. Deux premiers albums d’une densité rare, suivis par une discographie plutôt riche, et plus de trente ans de carrière. Mais aussi, une présence erratique sur la scène, avec une longue attente entre deux nouveautés, soit la frustration ultime pour des fans habitués à être rassasiés avec régularité. Mais les mets les plus fins sont aussi ceux qui nécessitent le plus de préparation, et deux ans à peine après le monstrueux Slave Driver, le quatuor de Zwolle nous sert une nouvelle mise en bouche épicée, qui va ruiner bien des estomacs et des intestins.
Hans Spijker (batterie), Robbie Woning (guitare), Ronnie Vanderwey (guitare) et Ralph de Boer (basse/chant), soit trois-quarts du line-up d’origine, reviennent donc sur le devant de la scène avec un interlude tout à fait charmant. Huit titres de pur Thrash/Death agrémentés de mélodies prononcées, pour un réveil tonitruant à faire exploser ce satané truc aux deux cloches qui sonne toujours beaucoup trop tôt.
Shadow Soul est donc selon les sites un format moyen ou long, mais en connaissant le parcours des gus, on sait que ces vingt minutes et quelques ne peuvent incarner un album complet. Mais on s’en contente sans faire la fine bouche, puisque la livraison sent bon, et attaque les naseaux et le palais sans complaisance. On retrouve donc tout ce qui a fait le charme de ce groupe encore trop sous-estimé, ces rythmiques solides, ces guitares qui s’affairent sans compter leurs efforts, et ce chant raclé et vicieux qui sublime des compositions plus fines qu’elles n’en ont l’air.
Et le groupe a très bien élevé son nouveau bébé, puisque celui-ci crie beaucoup, s’agite comme un damné, mais se montre persuasif lorsqu’il réclame son lait. Il lui arrive même de se taire quand l’heure de la sieste arrive, moment de repos sonorisé par l’instrumental « Defiance », qui sert en quelque sorte de césure à l’hémistiche.
Mais cette délimitation est bien la seule à prôner une accalmie. Le reste du tracklisting cavale rapidement, s’arrête brutalement, et reprend sans calmants, pour nous faire surfer sur la vague Thrash/Death des années 80/90, avec toujours en exergue ce parfum DEMOLITION HAMMER, SADUS, RECIPIENTS OF DEATH, INCUBUS, en version moins grognon et plus ronchon.
Toujours un peu technique sur les bords, le quatuor n’aime rien tant qu’agrémenter sa folie de quelques arabesques bien placées, comme ces interventions qui rappellent le vibrato furieux de Kerry King (qui n’a pas joué de basse sur cet album, je tiens à le préciser). Ce qui donne lieu à de petits massacres Thrash en règle, comme ce furieux « The Age Of Hype », très eighties et qui se donne à fond sans déborder du cadre de coloriage. Une couleur un peu marron d’ailleurs, comme du sang séché, et quelques manifestations plus insistantes, « The Run » et sa première partie Heavy comme une enclume, ou encore « Caverns of Fate » qui n’est pas sans évoquer le groove du vieil EXHORDER.
Tout ça est donc très recommandable, mais on en vient rapidement à regretter la brièveté de l’apparition. Surtout que DEAD HEAD nous a encore réservé des saillies nettes et violentes (« Opulent Disruption »), et quelques hommages à l’ancienne génération via la citation de MORBID SAINT sur l’impitoyable « Litany Of The Weak ».
Un retour en toute discrétion, pour un EP qui est un produit de saison. Le printemps a beau nous réchauffer de ses floraisons, DEAD HEAD continue de décapiter toutes les fleurs qui dépassent du grillage. Alors faites attention à vos doigts, ils peuvent parfois montrer trop d’enthousiasme dans la taille maison.
Mais Dieu que c’est bon. Encore meilleur qu’un café dans lequel on trempe son saucisson.
Titres de l’album:
01. Litany Of The Weak
02. Serpents Of Fame
03. Caverns of Fate
04. Defiance
05. The Age Of Hype
06. The Run
07. Opulent Disruption
08. Dark Emptiness
Terrible. Le Thrash / Death au top. On dirait du Legion of the Damned en (bien) mieux avec un coté Slayer de vicelard.
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