Tiens, justement, ça tombe bien. J’avais délaissé pour quelques temps le Thrash old-school dont j’avais plus qu’abondamment parlé à longueur de chroniques, et je ressentais le désir de faire une petite mise à jour avant la fin de l’année. Et ne voilà-t-il pas que les argentins de DARK WARRIOR se mettent sur mon chemin en dévoilant leur deuxième album, quasiment dix ans après leur premier. C’est plutôt long comme attente, mais oublions le temps pour nous concentrer sur le vent. Qui si j’en juge par ces dix nouveaux morceaux est chaud, encore plus pour un hiver rigoureux.
DARK WARRIOR, c’est une certaine conception du Thrash sans pitié, celui qui nous bousille les esgourdes à longueur d’année en reprenant à son compte les méthodes des aînés. Mais concédons à cette bande de Buenos Aires une qualité que tous leurs confrères n’ont pas forcément. Ce mordant qui accélère le tempo pour jouer avec le Thrashcore, voire le Death Thrash par touches fugaces. Beaucoup d’intensité donc, pour un extrême certes contenu, mais qui reste velu, dru, et soutenu.
Ivan Dark Warrior (guitare/chant), Adrian Scoppettone (guitare), Jose Manuel Araujo (basse) et Francisco Carpintero (batterie), soit cinquante pour cent du line-up original, pour un retour en force en forme de bravade. Très capables techniquement, les argentins nous rentrent dedans avec un bel appétit, et nous refilent la chtouille de l’esprit sous la forme d’attaques lapidaires et de coups fourrés sous les lampadaires. Un habile jeu de médium et d’up tempo pour un album qui tient méchamment la route, et qui s’ingénie à reproduire les recettes de FORBIDDEN adaptées à la sauvagerie germaine d’un ASSASSIN.
Vous comprendrez par ces propos que l’enthousiasme m’étreint de sa joie fertile. C’est en effet la réalité d’un disque qui ne se contente pas de recycler la bestialité sud-américaine ou la rigueur de la Californie, en mixant tous les courants dans un effort commun. Celui de donner un coup de fouet à l’ancienne école, qui se regarde un peu trop le médiator. Un morceau comme « Enemy Attack » peut même évoquer la furie de la filière japonaise, tant le mélange entre mélodie, théâtralité et brutalité est bien dosé. Un peu de SLAYER, une pincée d’OUTRAGE, un chouïa de DEATHROW, pour une relecture des classiques qui fait du bien à mes vieux os.
Rythmiquement imparable, Sick World s’échine à dépeindre l’état d’un monde au bord du précipice, et de son peuple qui se rue dans les brancards pour mieux tomber la tête la première. Cette situation en impasse a donc inspiré les argentins, qui comme leurs joueurs de l’équipe nationale, savent dribler, attaquer, observer, pour soudainement monter une action collective vers des filets qui ne vont pas tarder à trembler. J’en tiens pour preuve le très construit « Sick World », entre hystérie collective et fulgurance individuelle, et qui redonne ses lettres de noblesse au concept de title-track.
La voix incroyablement possédée d’Ivan Dark Warrior permet à l’instrumental de décoller, et de nous enflammer de saccades formelles, mais sans ombrelles. L’efficacité est donc doublée d’ambitions artistiques déclarées, même si certains motifs semblent subtilement copiés sur la concurrence européenne (le lick de guitare qui reprend les grandes lignes du New Machine Of Lichtenstein d’HOLY MOSES).
Pas question de s’endormir donc, ni de se reposer sur ses lauriers, la pression doit constamment monter, même si les machines refroidissent de temps à autres pour éviter la culbute fatale. Très sombre dans le fond mais radical dans la forme, Sick World a en effet cet aspect maladif que les grandes œuvres Thrash possèdent toutes, et en profite pour régler son compte au radicalisme souvent absent des réalisations modernes. Ainsi, le très vilain « L.H.I. – D.I.T.L. » s’obstine à mixer l’angoisse du séminal Protected From Reality de LIVING DEATH, et l’horreur chaotique du Golem de PROTECTOR.
Délicat sur les transitions (« Roots »), mais impitoyable sur les évolutions (« Sign of Death », ambitieux et bien construit), DARK WARRIOR écrème son inspiration pour ne pas gâcher cette explosion. On se prend de passion pour ces deux guitares à l’unisson, qui débitent du riff comme un bûcheron débotte des bit…mais restons concentré, et apprécions cette digression brutale qui risque fort de réconcilier quelques âmes perdues déçues de la répétitivité nostalgique embourbée.
Beaucoup de constance dans l’effort, pour un longue-durée qui tient en haleine. On se croirait vraiment revenu au temps béni des sorties allemande et US, avec en prime, cette légère sauvagerie latine qui vient épicer des débats chahutés.
En cadeau pour un Noël approchant, une sémillante reprise des trop rares ARTILLERY, qui trouve ici un écrin à la hauteur de son destin. Du bon goût, du dégoût, loin du passe-partout et ennemi du coup de mou, DARK WARRIOR transcende le formalisme pour l’habiller d’un costume sur mesure, les épaules carrées et la descente bien taillée.
Et si mon tailleur est riche, mon thrasheur est comblé.
Titres de l’album:
01. Enigma
02. Darkness Hell
03. Burn
04. Enemy Attack
05. Judgement
06. Sick World
07. L.H.I. – D.I.T.L.
08. Roots
09. Sign of Death
10. Love Just Means Hate
11. Khomaniac (ARTILLERY cover)
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04