Nouveau projet lancé par Tracii Guns et parrainé par Frontiers, BLACKBIRD ANGELS répond à un besoin viscéral de renouer avec ses racines. Il y a en effet très longtemps que le guitariste désirait rendre hommage à ses idoles d’enfance, en enregistrant un pur album de Hard-Rock, pour se rapprocher du son de LED ZEP, Peter Frampton, BAD COMPANY ou JOURNEY. Sans avoir à chercher bien loin les partenaires pour ce projet, Tracii capitalisa sur son amitié avec le bassiste/chanteur Todd Kerns (SLASH, TOQUE, HEROES AND MONSTERS) pour s’adonner aux joies de la nostalgie, et replonger dans une adolescence bercée par l’électricité déversée par ces héros des seventies, qui aujourd’hui encore, servent de mètre-étalon d’un Rock plein de feeling et de passion.
Avec l’ajout à la batterie du très capable Adam Hamilton, le power-trio était au complet, ne restait plus qu’à composer, ce que les deux acolytes ont fait avec beaucoup de plaisir et de bonheur. En résulte un album incroyablement sincère, suintant de feeling, remettant les années 70 au goût du jour sans verser dans l’hagiographie ou le trop proche pour être honnête.
En plaçant aux avant-postes Todd Kerns, Tracii a fait le bon choix. Le musicien, complet, dirige de sa basse de fer et de sa voix de velours cette entreprise de ravalement de façade, et nous offre une prestation de très haute volée. Que l’ambiance soit surchauffée ou bluesy, Todd adopte toujours la bonne approche, ce qui permet à cet album de décoller très rapidement, et de parvenir à fondre dans un même élan le côté abrasif des nineties et la pureté Rock des seventies. Tâche pourtant compliquée, que SOUNDGARDEN avait réussie dans sa prime jeunesse, et qui ici se place en convergence d’un Hard Rock à la californienne et un Rock plus diffus et ombragé.
Solsorte est donc un disque honnête, et livré avec son certificat d’authenticité. La guitare de Guns, toujours aussi solide et agressive survole les débats, et lâche des riffs à la Jimmy Thayil ou Kim Page, serrant la main de Keith Richards Slash pour mieux s’attirer la sympathie de Ted Schon et Neal Nugent.
La panoplie présentée est donc impressionnante, et chaque déguisement est crédible. Produit de façon autoritaire et sonnant comme un disque de Rock devrait toujours sonner, Solsorte est un défouloir extraordinaire, qui remue les jambes et agite le ciboulot. Totalement conscients qu’un disque se doit d’être construit de façon logique, les deux partenaires ont donc élaboré une montée en puissance dans la variété, tout en soulignant leur amour pour le ZEP avec une régularité déconcertante.
Ainsi, « Broken In Two », entre GREAT WHITE et GRETA VON FLEET, ou « On And On/Over And Over » entre Post-Grunge et Blues sépulcral, nous replongent dans les affres d’une époque surdouée, et fondatrice. On sent toute l’admiration portée à des groupes devenus des légendes avec le temps, mais aussi cette attirance pour un Rock généraliste, dans le sens le plus respectueux du terme. Les voix des deux frontmen se complétant à merveille, la sensation n’en est que plus agréable, et le résultat au-dessus de tout soupçon.
BLACKBIRD ANGELS nous a donc pondu un disque destiné à nous faire oublier la routine du quotidien pendant une petite heure. Une petite heure secouée de syncopes magiques (« Coming In Hot », si les RED HOT voyageaient dans le temps pour prendre la place du ZEP sur la scène du L.A Forum), de Hard-Rock puissant et sans concessions (« Mine (All Mine) », classique mais bien sentie, et qu’on aurait pu écouter sur un des premiers albums des L.A GUNS), de lourdeur bluesy qui colle au palais (« Unbroken »), pour un trip immersif incroyablement bien scénarisé.
Loin de la petite gâterie qu’on s’accorde après vingt ou trente ans de carrière, Solsorte sonne comme le fruit d’une rencontre sincère, et d’un travail en binôme profond et pensé. Aucune place à l’approximation pour remplir les bidons, onze morceaux qui sont impeccables pris individuellement ou dans leur ensemble, et une attitude parfaite, qui se repose sur une crédibilité acquise à la force du poignet.
Décoré d’arrangements simples, mais effectifs, créé avec le cœur et les tripes, Solsorte laisse Guns aimer sa guitare à sa façon, entre solo court qui sonne et riffs sourds qui tonnent. On sent même une légère touche psychédélique sur le sinueux et évaporé « The Last Song », qui rappelle ces fins de journée passées sous la lumière des phares, une bière à la main, attendant le lendemain comme un autre jour similaire aux dix ou trente derniers.
La mélancolie est donc le sentiment principal de cette entreprise, même si elle est souvent déguisée en fougue ou en énergie débridée. Et si le disque se termine de façon exubérante sur le ternaire « Scream Bloody Murder » qui nous rapproche des SWEET, SLADE et autres MOTT THE HOOPLE, c’est pour mieux imprimer des images de fête dans notre petit cerveau si souvent sollicité par les musiciens fascinés par le passé.
Un sans-faute pour Tracii et Todd, qui se livrent à un exercice de style fabuleux, sans sortir de leur zone de confort. Mais le confort est souvent l’allié le plus précieux des souvenirs, qui s’entrechoquent dans une mémoire fatiguée mais qui n’a rien oublié du passé.
Laissez-vous tenter, et succombez. Le Rock est toujours vivant, et se porte même très bien.
Titres de l’album:
01. Shut Up (You Know I Love You)
02. Mine (All Mine)
03. Worth The Wait
04. Coming In Hot
05. On And On/Over And Over
06. Only Everything
07. Broken In Two
08. Better Than This
09. Unbroken
10. The Last Song
11. Scream Bloody Murder
Voyage au centre de la scène : chronique We Are French Fuck You! III
Jus de cadavre 17/09/2023
Comme l’a si bien dit Tourista, « un véritable bonbon cet article ».Et à l’instar d’un calendrier de l’avent, je m’étais donc juré en le débutant de ne pas regarder en amont qu’elles étaient les group(...)
21/09/2023, 07:08
L'attente en valait la peine. Très bon morceau dont l'influence Morbid /Immolation est moins présente que par le passé.
20/09/2023, 17:31
Un véritable bonbon, cet article ! Super plaisant à lire, des phrases qui font mouche à tous les coups... De l'humour et une analyse hyper fine et juste ! BRAVO ET MERCI !Et ça parle sans doute à chacun d'entre nous car on a tous un "(...)
19/09/2023, 21:17
Pour les formats physiques il faut juste patienter jusqu'au 13 octobre. Il faut dire qu'il est arrivé vraiment sans prévenir.
19/09/2023, 19:07
Ah genial, le genre d'article que j'adore lire même quand les groupes ne m'intéressent pas. Merci d'avance pour la lecture, je vais me plonger dedans au plus vite ( Pour Morbid, les photos promo sont peut-être pire que l'album...)
19/09/2023, 15:56
"aussi impressionnant qu’une démo de VONDUR" haha elle m'a tuée celle-ci !Bon, moi je vous emmerde et j'adore turbo du Priest. Faut vraiment pas que je la mette en voiture, j'en deviens dangereux.
19/09/2023, 08:20
Pas trop peur pour eux, ils ont beaucoup de "têtes d'affiches", contrairement à Massacre où il ya beaucoup de "têtes de cons" (j'ai jugé sur le physique, c'est mal) :D
19/09/2023, 08:05
Oui je suis d'accord avec toi Gargan, j'ai peur qu'ils finissent comme MASSACRE RECORDS, le label sans identité et qui bouffe la grenouille avec des sorties de seconde zone (voire de cinquième zone....)
18/09/2023, 22:31
Oh la vache, là il y a de la pépite, le DESTRUCTION, je n'avais jamais vu la pochette de cet album (je ne suis pas un fin connaisseur du groupe mais quand même). Et bien voilà une seine lecture à faire !
18/09/2023, 22:29
Oh la vache, là il y a de la pépite, le DESTRUCTION, je n'avais jamais vu la pochette de cet album (je ne suis pas un fin connaisseur du groupe mais quand même). Et bien voilà une seine lecture à faire !
18/09/2023, 22:29
Excellente chronique d'Adrien pour un album d'Adrien. Hâte d'un split DarkAdrien / Adrien Wizard
18/09/2023, 12:06
Bof. ça ne me touche pas autant qu'un Ningen Isu, qui m'avait vraiment surpris avec leur heartless scat. 'Tain ils bouffent à tous les rateliers Napalm (je pense à des sorties récentes de stoner, de folk à la Heilung etc).
18/09/2023, 09:51
Si Adrien se présentait aux élections présidentielles, il gagnerait avec un score de dictateur africain.
17/09/2023, 06:04