Posons les bases de cet album en quasi solo histoire d’y voir plus clair. Pour ceux ne le sachant pas, TODD MICHAEL HALL fut un concurrent de la saison 18 de The Voice, puis le chanteur de la énième formation de RIOT, RIOT V. Il collabora en son temps au BURNING STAR de Jack Starr, ce qui fait de lui une référence solide derrière le micro. Pour cet album, Todd a fait appel à une légende du Metal, qui s’est non seulement occupé de la production, mais aussi de la co-composition, Kurdt Vanderhoof, de METAL CHURCH. Tout ceci fait beaucoup de noms connus au casting de la même aventure, mais les collaborations les plus flamboyantes sur papier ne donnent pas forcément le résultat le plus brillant sur rondelle glacée. Sauf que Sonic Healing mérite son titre à la croche près, tant il déclenche des montées d’endorphine à la moindre chanson. Autant le dire tout net, cet album est une réussite totale, un KO immédiat, et certainement le traitement le plus efficace à la sinistrose ambiante qui nous ronge depuis l’arrêt de toute activité live l’année dernière. Certes, j’en conviens, la mode de recyclage des concurrents aux divers télé-crochets n’a pas donné que du bon, la hype prenant souvent le pas sur la pertinence, mais la voix de TODD MICHAEL HALL, posée sur des morceaux totalement Classic Rock est une idée de génie, le chanteur ayant souhaité évoquer la musique de sa jeunesse en se montrant allusif à tous ces groupes qui ont construit son identité musicale.
On retrouve donc un peu de tout dans cette auberge espagnole des souvenirs, du STYX, du SWEET, du SLADE, du ZEP, mais aussi du BOSTON, du REO SPEEWAGON musclé, et surtout, du Rock, du Hard Rock, des mélodies imparables, un jeu de guitare incroyable de clarté, et des tubes comme s’il en pleuvait. TODD MICHAEL HALL ne s’est pas contenté d’un caprice de gamin pour mettre son nom en avant, et s’en est remis au talent de Vanderhoof pour l’épauler du mieux possible, et l’alchimie entre les deux musiciens prend dès le premier morceau, un déjà classique qui démarre sur les chapeaux de roue DEEP PURPLE/WHITESNAKE. Riff traditionnel, énergie analogique, envie de se replonger dans la musique de son enfance, et le voyage commence sous les meilleurs auspices, dans la plus grande tradition des méga groupes vintage de ces dernières années, montés par Frontiers ou autre label flairant la bonne affaire.
Ceux qui ont suivi le parcours de Todd à la télévision savent déjà que l’homme est capable de couvrir une tessiture étonnante, mais en cette occasion, l’homme a laissé la démonstration de côté pour servir les morceaux. « Overdrive » nous prouve donc immédiatement que la démonstration, quelle qu’elle soit, n’a pas droit de cité sur Sonic Healing, puisque cette thérapie sonique en est vraiment une. Gorgé de feeling Clasic Rock et de pulsions Hard-Rock sincères, ce premier long aux dix morceaux plus deux bonus est une véritable fontaine de jouvence groovy, bumpy, high on energy, qui repasse en revue toutes les composantes du Hard classique des années 70 et 80, en évitant les gimmicks les plus faciles de refrains en étendard.
Les deux complices connaissent chacun leur boulot, et en tant que producteur, Kurdt a prodigué des soins incroyables à sa réalisation. Le son est chaud, semble émaner de larges bandes tournant sur un magnétophone des années 70, ce que l’on ressent parfaitement sur le boogie infernal à la Marc Bolan de « Let Loose Tonight ». Décidément placé sous le signe de la variété, comme un best-of des années magiques qui voyaient SWEET cohabiter avec les australiens d’AC/DC (« All On The Line »), ou des références comme SURVIVOR, REO SPEEDWAGON et FOREIGNER truster les plus hautes places du Billboard (« Running After You »), Sonic Healing est un festival guitare/voix qui peut s‘appuyer sur une rythmique solide, et des performances au-dessus de tout soupçon de la part de ses deux concepteurs. De temps à autres, Todd laisse sa voix partir dans les cieux pour nous offrir une démonstration de maîtrise phénoménale, comme à l’occasion de « Love Rain Down », tube parmi les tubes, qui permet à Vanderhoof de lâcher un riff bien gluant que les GRETA VAN FLEET auraient pu caser sur leur dernier LP.
Et même en connaissant le talent des deux musiciens impliqués dans le projet, on reste assez admiratif du résultat obtenu. De titre en titre, le duo créatif passe d’une ambiance à l’autre, sans jamais se répéter ni se cloisonner dans un univers trop restreint. Toutes les rythmiques, toutes les attaques, tous les sons de guitares et les attitudes sont abordés avec brio, et lorsque le groove d’AEROSMITH s’impose aux premiers rôles, on tape du pied en pensant aux Toxic Twins de notre jeunesse (« Sonic Healing »). Capables de durcir le ton ou de l’alléger, Kurdt et Todd s’amusent beaucoup de leur propre complicité, et naviguent à vue dans le répertoire traditionnel US, pondent des hits comme on en fait plus depuis l’orée des années 80 (« Like No Other »), s’accordent des pauses plus classiquement Rock (« Somebody’s Fool »), mais restent fidèles à leurs amours de jeunesse, même si le plaisir de découvrir un Vanderhoof plus léger occulte un peu le talent de Todd au chant.
Loin du tape à l’œil un peu m’as-tu-vu des superproductions Frontiers avec Del Vecchio à la barre, le projet TODD MICHAEL HALL fait montre d’une humilité proportionnelle au talent étalé. Maîtrisé de bout en bout, énergique, sensible, l’album déroule ses morceaux et nous séduit en profondeur (pas d’allusion déplacée, je vous en prie), et termine même par une ode aux bar-bands américains les plus capés des tournées des clubs, tendant la perche à Bob SEGER, pour un endiablé « Long Lost Rock & Rollers ».
Et puisque vous êtes gentils, l’album vous réserve une dernière surprise avec deux bonus de choix, le survitaminé « The Other Side », petit plaisir up tempo, et « Not with a Sword », gros Heavy des familles avec superposition de riffs méchamment saignants. Boogie, straight, syncopé, mélodique, musclé, ce premier effort de TODD MICHAEL HALL prouve non seulement qu’il est un chateur extraordinaire, mais aussi un homme de goût. Un album qui risque de devenir un classique de lui-même, mais qui pour le moment, reste un sacré traitement à cette déprime qui nous bouffe les neurones depuis des mois. La musique guérit tous les maux, c’est bien connu.
Titres de l’album:
01. Overdrive
02. Let Loose Tonight
03. All On The Line
04. Running After You
05. Love Rain Down
06. Sonic Healing
07. Like No Other
08. Somebody’s Fool
09. To The Bone
10. Long Lost Rock & Rollers
11. The Other Side (Bonus)
12. Not with a Sword (Bonus)
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54
Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.
19/04/2024, 15:20
On s'en cogne. Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)
19/04/2024, 07:52