Soulmates

Scarlean

29/11/2019

Mystyk Prod

Avec Ghost, on sentait que les avignonnais de SCARLEAN avaient le potentiel pour devenir un grand de la scène Modern Metal européenne. Tous les ingrédients étaient là, la graine était plantée, mais nous attendions qu’elle pousse pour pouvoir l’admirer en pleine floraison. La maturation aura donc pris trois ans, mais la fleur est enfin éclose, grande, belle, aux ramifications denses et aux racines fermement plantées dans le sol de la diversité. Car les SCARLEAN sont de cette espèce de plantes sauvages qui se nourrissent de tout ce qui les entourent pour devenir plus fortes et plus résistantes, mais aussi plus précieuses, comme ces hybridations entre deux roses pour en donner une troisième magnifique. Et en tant que deuxième longue-durée d’une jeune carrière née en 2014, Soulmates est impressionnant de maturité et d’éclectisme. S’il est toujours difficile de jauger la bête, qui prend un malin plaisir à louvoyer entre les tendances, il serait profondément injuste de taxer le quintet d’une étiquette un peu trop généraliste, ce que plusieurs sites font pourtant en les affiliant au créneau du Metal progressif. Certes, la musique du groupe est évolutive, technique et ouverte, mais je préfère y voir une sorte de Metal moderne très personnel, qui n’hésite pas à utiliser les codes de son époque tout en rendant hommage à ceux du passé. Et avec un line-up renouvelé, une collaboration fameuse et une reprise « de risque » assez culottée, ce second chapitre de la saga échappe à toute mode, très intelligemment, pour affirmer ses positions sur un terrain mouvant. Evacuons d’emblée les notions de CV qui risquent d’encombrer cette critique et d’occulter le talent des musiciens. Précisions immédiatement que le groupe a accueilli à la batterie le grand percussionniste Eric Lebailly (ADAGIO, Louis BERTIGNAC, Stuart HAMM), venu apporter un soutien de poids à l’excellent bassiste Olivier Jacquet, et qu’il s’est offert un featuring fameux pour une appropriation ne l’étant pas moins. C’est ainsi que nous avons le plaisir de retrouver la divine voix d’Anneke van Giersbergen, très en verve de collaborations depuis son départ de THE GATHERING, venue ici prêter main forte au quintet sur une relecture de la nostalgique « Wonderful Life » de Black.

Certes, cette reprise n’est pas inintéressante, et apporte un cachet encore plus spécial à l’album, mais aussi agréable soit-elle, elle n’est qu’une petite cerise sur un gâteau déjà voluptueux, moussu et copieux, et non un glaçage riche qui détourne l’attention de la génoise. Le plus gros de cette réalisation sont évidemment les compositions personnelles du groupe, qui défriche encore plus de terrain, et se pose en nouveau chantre d’un Metal contemporain très à l’aise.         

« Aucune limite. Nous faisons de la musique comme elle nous vient, et les étiquettes ne nous intéressent pas. »

C’est Alexandre Soles l’auteur de cette assertion, et loin de faire preuve de morgue excessive, le chanteur assume honnêtement l’ouverture pratiquée sur Soulmates. Retrouvant leur mascotte sur la superbe pochette, incarnant la noirceur, que le groupe oppose à cette fillette d’innocence et de lumière, SCARLEAN se fraie un chemin constant entre les ténèbres et les étoiles, articulant sa musique comme une mécanique de sentiments. On sent cette dualité dès le morceau d’ouverture « Next to the Maker », qui bien que faisant partie d’une logique plus classique et presque Alternative Pop n’en représente pas moins un prologue tout à fait pertinent. Les guitares sont bien présentes, mais n’empiètent pas sur les mélodies, et la rythmique, alors encore en rodage assure le minimum avant de frapper un grand coup. Certes, on sent en filigrane les évidentes influences du combo, de cette base Néo Metal héritée de la gravité de KORN jusqu’à ces arabesques techniques dignes de PERIPHERY, mais le rendu est assurément personnel, et immédiatement prenant. Et cette emprise ne se relâchera pas tout au long de l’album.

Elle se resserre même à l’occasion de « Haters », qui une fois encore rappelle le KORN de ces dix dernières années, avec ce riff simplissime et gravement redondant, mais les arrangements spatiaux en arrière-plan, ces intonations fragiles sur la voix, ces percussions fines et éparses, permettent de s’éloigner d’un schéma un peu trop établi, pour épouser la cause nineties avec phrasé Rap et transitions coulées. On constate que le groupe a fait des progrès considérables, en confrontant son art à celui de valeurs sûres, pour apprendre et se tirer vers le haut. Entre des partitions de batterie écrites à la plume, des interventions de basse pertinentes et claquantes, et des guitares qui servent le propos et non l’inverse, l’équilibre est parfait, et la singularité de mise. Non que le groupe cherche à être original à tout prix, mais sa nature versatile lui permet d’être allusif tout en atteignant une profondeur de ton qu’on constate dès « Wasting my Time » qui ne perd pas le nôtre. Les idées sont claires, le propos maîtrisé, et les ambiances contrastées, toujours entre émotion et réalisme cru, ce qui permet aux moments d’émotion d’être parfaitement à leur place dans le contexte, via « Perfect Demon », à la sensibilité Post-Grunge, mais au réalisme harmonique amer et en directe lignée des ALICE IN CHAINS. Vite surnommé le A PERFECT CIRCLE français, SCARLEAN préfère ici se détacher de cette encombrante comparaison pour jouer l’individualisme, même si certaines de ses influences avouées sont plus criantes que jamais. On pense évidemment à une version moins élitiste de TOOL, pour la finesse d’interprétation et les prouesses individuelles tangibles, mais l’efficacité reste le moteur principal du travail du groupe, qui n’hésite jamais à moduler la violence ambiante d’une touche légèrement éthérée (« Treat me Bad »).

L’écueil principal de ce genre de réalisation reste la redondance, la répétition maladroite sous couvert de persuasion forcée. Mais le quintet d’Avignon l’évite avec brio, préférant parfois la fausse simplicité d’un Alternatif progressif (« You’ll Never Know »), ou la souplesse d’un Rock en faux-fuyant, élastique et légèrement mystique (« A Lie to Remember »). Peu de paraphrase donc, encore moins de scories, Soulmates est un album qui prend son temps pour s’insinuer dans votre organisme, teintant votre mémoire d’harmonies modernes et décomplexées (« Ego »), et de Post Pop efficace et catchy (« The Smell of the Blood »). Il serait donc de mauvais ton de se souvenir de ce disque pour sa participation fameuse et son duo improbable. Car comme je le disais, aussi sympathique soit la reprise proposée, elle n’est qu’un cadeau offert par le groupe à ses fans, un petit plaisir passager, pour un ensemble qui s’en serait très bien passé. Et aujourd’hui, SCARLEAN a de faux airs d’orchidée géante, poussant sur une terre fertile, et qui risque fort de prendre encore plus d’ampleur à l’avenir, nous enivrant de son parfum sauvage. Une photosynthèse hors norme pour un groupe ne l’étant pas moins.

     

Titres de l’album :

                         01 Next to the Maker

                         02 Haters

                         03 Wasting my Time

                         04 Perfect Demon

                         05 Wonderful Life

                         06 Treat me Bad

                         07 You’ll Never Know

                         08 Our World will Surely Stop

                         09 A Lie to Remember

                         10 Ego

                         11 The Smell of the Blood

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par mortne2001 le 18/12/2019 à 18:16
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Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy. 

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C’est toujours parodique ou c’est mieux 

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Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

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02/07/2025, 10:20

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@senior boomerdo : va changer ta couche, grand-père

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