En regardant la pochette de cet album, mes yeux m’ont joué des tours et mon cerveau en a fait plus d’un. J’ai bien cru que le nom du groupe était SHARK OF STEEL, et je m’attendais à voir le poisson s’agiter pour nous chanter une vieille chanson de marin Metal. Mais non, le patronyme de ce groupe est bien SHAFT OF STEEL, ce qui n’enlève rien au ridicule de cette image de synthèse complètement à côté de la plaque. Comment imaginer en effet en regardant ce banquet près de la cheminée que la musique cachée sous cette illustration étrange se rapproche des plus grands du Hard mélodique et de l’AOR des eighties ? Mais au petit jeu des devinettes, il y a plusieurs éléments à prendre en compte. D’abord, la bio du groupe, dont l’origine ne remonte pas à hier. Formé en 2004 par Alex Markham (guitare) et Robert Fenning (chant), SHAFT OF STEEL n’était alors que Heavy et Power Metal brûlants. Les influences des musiciens louchaient vers BLIND GUARDIAN et DREAM THEATER, et il fallut quelques années pour que les deux initiateurs du projet ne constatent leur amour commun d’un Hard beaucoup plus mélodique. Mais las, malgré la formation d’un quintet solide et des concerts annoncés, l’aventure prit fin abruptement, avant que le groupe ne puisse enfin remettre le couvert en 2011. Mais cette fois-ci, pas question de faire des concessions. Les harmonies et la douceur devaient être reines, et c’est ainsi qu’en 2014 un premier EP éponyme vit le jour. Sans savoir qu’il leur faudrait attendre encore six ans avant de pouvoir proposer leur premier longue-durée, les musiciens pouvaient enfin se montrer sous leur vrai jour et laisser parler leur vraie nature, nature qui a muri mais qui n’a pas changé, ce qu’on constate assez rapidement à l’écoute de Steel Heartbeat.
Ainsi, le sextet composé de Robert Fenning (chant), Alex Markham (guitare), Adam Carruthers (guitare), Chris Smurthwaite (claviers), Dominic Swords (basse) et Michael Levy (batterie) nous offre en 2020 dix chansons qui sentent bon le dentifrice, et qui s’ancrent dans une tradition d’AOR renouvelé. On sent en effet que les londoniens ont parfaitement compris que le style avait de nouveau le vent en poupe depuis quelques années, et se lâchent donc totalement en jetant des mélodies pures sur le tapis. D’ailleurs, les choses sont claires dès « Touching You Every Day », qui avec son intro claviers/guitare rappelle le meilleur de JOURNEY…Complètement investis par leur mission, les anglais en profitent pour rappeler les figures les plus imposées du style, mais d’une façon assez inexplicable, on sent que leurs inclinaisons pour le Power Metal et le Heavy Metal n’ont pas forcément disparu. En effet, la longueur des morceaux et la densité technique et rythmique de certains passages nous ramènent à l’orée de leur carrière, lorsque les noms d’IRON MAIDEN et DREAM THEATER étaient plus importants que ceux de Richard MARX ou REO SPEEDWAGON. Mais ne commettez pas l’erreur de croire que les SHAFT OF STEEL ne sont que tendresse et compromission radiophonique : leur Hard mélodique reste très Hard, autant que celui du premier BON JOVI ou des premiers NIGHTRANGER et HONEYMOON SUITE. Le son, très clair et ample est caractéristique des productions AOR Heaven, et nous transporte loin dans le temps, lorsque le mixage n’était pas aseptisé et que chaque producteur insufflait sa patte à un produit.
Alors, dans les faits, que trouve-t-on sur ce premier LP d’un professionnalisme incroyable ? L’osmose indéniable entre deux têtes pensantes qui ont parcouru un sacré bout de chemin ensemble, mais aussi une envie, celle de prendre sa revanche sur le destin qui a fait traîner les choses. Bien sûr, des titres comme « I've Never Been Alone (With A Girl Like You Before) » trahissent une sensibilité harmonique exacerbée, mais le mérite des anglais est de ne jamais tomber dans le piège putassier des mélodies trop populaires pour séduire les masses. Leur AOR est de grande classe, ciselé, et osons le terme, « européen ». On sent du SHY évidemment, mais aussi la frontière Pop franchie il y a longtemps par les IQ et MARILLION, sans que le Progressif ne s’impose. La voix de Robert Fenning est toujours aussi flamboyante et puissante, et les guitares d’Alex et d’Adam ne cèdent jamais un pouce de terrain aux claviers de Chris Smurthwaite. En résulte donc de véritables chansons/hits, compromis entre la souplesse des ondes FM américaines des 80’s et de l’affection européenne pour la distorsion (« All Because Of You »), le tout calibré mais assez spontané pour intéresser tous les amateurs d’une musique peaufinée. A vrai dire, chaque entrée est un tube en puissance, de ceux que le Billboard célébrait lorsque la mode était encore à la musique humaine et analogique. Que le tempo soit enlevé et l’ambiance musclée (« Together As One Tonight »), ou que la sensibilité soit mise en avant sur fond de dramatisme instrumentale de soap (« Vulnerable Man »), toutes les flèches atteignent leur cible, et frappent en plein cœur. Difficile en effet de remettre en cause l’implication des musiciens et leur intelligence de composition, même lorsque la tension retombe et retrouve les concessions de DARE ou SHY (« Falling Through The Flames », sur laquelle Robert Fenning atteint des notes assez impressionnantes).
Balade de rigueur, avec nappes veloutées et arrangements glacés (« Body And Mind »), immédiatement contrebalancée par un tempo jumpy et une cadence youpi (« Lucky Girl », du BALANCE/JOURNEY dans le texte), modulations en clair/obscur typiques de la charnière romantique de 85/86 (« You See Smoke When I See Fire »), et un final aux proportions intéressantes, atteignant les sept minutes et témoignant d’un passé lointain aux influences différentes. On retrouve alors les prémices d’un groupe qui cherchait encore sa direction, et cet hybride entre Metal torride et progressif et Hard plus accessible et harmonique est un vrai cadeau de clôture, via le surprenant mais prenant « Every Time I Look At You ». Alors, je n’aurai qu’un seul conseil à vous prodiguer. Passez outre cette pochette grotesque qui ne rime à rien et aiguille dans une mauvaise direction, et laissez-vous balancer par les chansons de Steel Heartbeat. Votre cœur d’acier pourrait bien y succomber.
Titres de l’album :
01. Touching You Every Day
02. I've Never Been Alone (With A Girl Like You Before)
03. All Because Of You
04. Together As One Tonight
05. Vulnerable Man
06. Falling Through The Flames
07. Body And Mind
08. Lucky Girl
09. You See Smoke When I See Fire
10. Every Time I Look At You
Une vidéo de poseur : Mes vinyles les plus underground... / David Martin
Jus de cadavre 13/12/2020
Je vous rejoins sur tout les gras :- MOONSPELL ne sert plus à rien depuis "Irreligious" (inclus).- APHRODITE'S CHILD est un putain de groupe fort injustement moqué.
23/01/2021, 05:21
Demis a quand même sorti un album sobrement intitulé 666 avec les aphrodite's child, donc respect.
22/01/2021, 21:43
Hé oui ! Et je m'en suis aperçu à quel moment ? après les 17H que la vidéo a pris pour être en ligne !!Disons que je rends hommage aux dyslexiques qui aiment le death metal !!
22/01/2021, 21:05
Putain Napalm ils signent pas que du bon... Là ça sent le désir de faire une Konvent mais dans le Thrash et pour le moins, on peut dire que c'est loupé !
22/01/2021, 18:35
Pour ma part, je dois avouer que, n'ayant que le premier mini-album et les deux albums suivants, Moonspell, que j'ai pu apprécier (et apprécie toujours pour ce qui est des albums que j'ai... surtout Wolfheart), n'est pas vraiment resté à porté(...)
22/01/2021, 13:33
C'est triste mais je ne trouve plus rien d'intéressant chez MOONSPELL, cela m'apparaît comme un encéphalogramme plat. Première déception 2021 !
22/01/2021, 07:51
Nan mais je suis d'accord, les riffs et la voix sont biens, mais... passez une oreille sur le solo sérieux.... ça ferait débander un mammouth.
21/01/2021, 20:09
Que c'est bon, ce son ! Le Doom/Death est un des genres de metal que je préfère, mais c'est plutôt dur d'en trouver (surtout du bon). Encore une belle découverte !
21/01/2021, 19:19
Ah putain ouais ! Y en a qui se sont fait sucrer leur vidéo pour moins que ça je pense sur YT !
21/01/2021, 18:06
Vraiment bien foutu, que ce soit au niveau des paysages sonores que de la prod. Je me bois bien écouter ça sur un beau vinyl, installé dans un chesterfield râpé, faisant tournoyer gentiment un cognac dans son verre, le lévrier à poils ras m'app(...)
21/01/2021, 16:54
Réponse de Roseline : Cest quoi ce truc de sauvage, je comprends rien, par contre je sais que j'ai ordre de dire non, non ,non car le médicale buisness désire étendre son marché jusqu’à fin 2021, le temps de se goinfrer un peu encore pu(...)
21/01/2021, 14:31
Une tentative de coup d'état... on était plus proche du cirque Pinder que d'un putsch.
21/01/2021, 12:45