TBA

The Brutal Aftermath

10/03/2018

Autoproduction

Une fois de plus, pas grand-chose à se mettre sous la dent pour obtenir plus d’informations sur un groupe dont seule la page Facebook indique l’existence. Pourtant, les points forts du combo en question auraient appelé un peu plus de développement, tant leurs qualités individuelles et collectives méritent amplement une mise en avant. Nous en venant de Maryborough, Hervey Bay en Australie, les THE BRUTAL AFTERMATH se proposent d’incarner une certaine vision d’un Thrash progressif empruntant tout autant aux références usuelles qu’à leurs extensions plus actuelles, histoire de nous démontrer que le style a encore pas mal de choses à dire. Formé en 2010, ce quatuor (Adam Jasch - basse/chant, Brett Kernke - batterie, Quand Lee - guitare et Simon Smith - guitare/chant) a donc patiemment préparé son grand soir pour débarquer sur la scène nationale armé d’un LP en bonne et due forme, qui joue même l’ambition en affichant une durée plus que (dé)raisonnable d’une heure bien tapée. Huit morceaux pour soixante minutes de musique, le pari est risqué, mais globalement relevé. En choisissant d’incarner une sorte de raccourci assez futé entre les séminales 80’s et les ambivalentes 90’s, les australiens ont fait le choix de la dualité classicisme/modernité, sans tomber dans les travers d’une production trop compressée et aseptisée. Lâchant quelques influences évidentes et variées sur leur page officielle (METALLICA, TRIVIUM, IRON MAIDEN, DEVIL DRIVER, LAMB OF GOD, NIRVANA, BLACK SABBATH, MACHINE HEAD, OPETH), ces jeunes musiciens ont joué la carte de la sureté, histoire de ne pas baliser un terrain trop restreint. Et à l’écoute des huit bombes de ce TBA, on comprend assez facilement qu’ils ont phagocyté le jeu de leurs glorieux ancêtres pour en restituer une version très personnelle, à cheval entre un Power Metal vraiment convaincant, un Thrash méchamment mordant, mais aussi un Heavy particulièrement séduisant, refusant de fait les facilités bombastic d’un genre qui se contente souvent d’effleurer la surface sans chercher à creuser.

Certes, et c’est une évidence, ce premier LP n’est pas exempt de défauts, y compris en termes de production, encore un peu balbutiante sur certaines fréquences (les guitares semblent un peu bridées, et la caisse claire se rapproche un peu du son si chéri par un Lars Ulrich pas vraiment béni). Musicalement, si les structures sont ambitieuses, elles semblent parfois perdre un peu le nord à force d’accumuler les plans qui n’ont pas vraiment de logique entre eux, comme si toutes les idées avaient été jetées pêle-mêle dans la bataille. Mais il faut dire qu’avec deux titres qui dépassent allègrement les dix minutes, il y avait de quoi s’inquiéter, même si ces deux segments constituent une acmé très crédible. Deux pistes uniquement sous la barre des cinq minutes, pour un véritable festival de riffs, d’arpèges, d’accélérations, de compressions, et d’instants de compassion, tel est le menu de ce premier effort sorti à compte d’auteur, qui a quand même de quoi en remontrer à bien des ténors. On tombe facilement sous le charme de certaines charnières, comme cet enchaînement diabolique entre « What Is Left To Conqueer… » et « …When There’s Nothing Left To Kill », qui tombe pile au-delà du quart d’heure de jeu, mais qui se propose de résumer l’affaire Thrash en quelques directions fort bien choisies. Si le chant pourra sembler un peu fluet au regard des standards habituels, il offre une souplesse que des grognements et autres hurlements auraient empêchés, et s’accorde parfaitement d’une bande son ambivalente et toute en dualité, qui oppose constamment la force à la mélodie, histoire de ne pas sombrer dans le vintage passe-partout. Beaucoup plus crédible et culotté qu’un énième travail old-school stérile, TBA parvient donc dans ses moments les plus homériques à nous persuader du bien-fondé de sa démarche, et effleure l’esprit du SUICIDAL le plus métallique pour l’incarner dans une version reliftée d’un MORTAL SIN expurgé de ses velléités les plus véhémentes. En traitant du cas des pistes les plus évolutives et progressives, il est impossible de passer sous silence la magie qui opère lors des quasi douze minutes du foudroyant « Inception », qui rappelle de son agencement le film éponyme de Christopher Nolan, proposant des décors en trompe l’œil, des voix multiples nous perdant dans des réalités parallèles, pour finalement dresser un tableau onirique d’un extrême qui refuse de se voir cantonné dans son rôle restrictif.

Aussi nuancé qu’un LP de METAL CHURCH, aussi puissant qu’un jet de fiel des TRIVIUM, ce TBA est donc une surprise délicieuse, qui nous éloigne enfin des turpitudes prévisibles de la scène vintage mondiale. Aussi Heavy qu’il n’est Thrash, ce Crossover pioche même dans l’héritage Hardcore de quoi alimenter son bestiaire, et nous convainc de ses chœurs revanchards superposés à des harmonies fatales. Si la section rythmique est mise à contribution sans discontinuer, le travail vocal est lui aussi remarquable, au moins autant que le rendement de guitares qui s’échinent à piocher les riffs les moins éculés pour mieux nous transpercer de saccades impitoyables. Sans atteindre (et là n’est pas le but) le niveau d’un WATCHTOWER, ou d’un SIEGES EVEN, les THE BRUTAL AFTERMATH démontrent que leurs capacités techniques et leur habilité créative leur permettent de tenir la dragée haute aux influences usuelles, même si quelques épisodes auraient gagné à être plus synthétisés. 

Mais c’est toujours avec sincérité que les australiens s’aventurent en terrain mélodique, même si parfois la mise en place semble un peu erratique (« The Raping of Your Right », qui ose quand même une soudaine violence que l’on n’a pas forcément vue venir). Pas encore assez peaufiné pour s’imposer réellement, ce LP n’en est pas moins digne d’intérêt, et sans vraiment nous prendre à la gorge de bout en bout, maintient notre attention en variant les climats, se perdant parfois dans les limbes d’un Heavy-Thrash résolument moderne et féroce (« Dictator », le plus bourrin du lot, mais qui fait du bien). Le trip se termine même sur un ultime exutoire, via le lapidaire « Gotham », qui nous recréé le décorum des DC Comics, optant pour une diversité de tempi (allant même jusqu’aux blasts) et une imbrication de plans terriblement performants. Sombre mais éclairé, dense mais aéré, ce premier album est donc une bonne carte à jouer pour nos amis australiens, qui se pavent un chemin doré que l’avenir leur permettra sans doute de fouler. Et ils ont fait des efforts pour nous offrir un monde beaucoup moins prévisible que celui développé par la scène actuelle, même si leurs décors font encore un peu trop carton-pâte pour nous embarquer. On exigera pour la suite plus de concision, et une expurgation des idées les moins indispensables.


Titres de l'album:

  1. Rising
  2. Fixxxed Again
  3. What Is Left to Conquer...
  4. ...When There's Nothing Left to Kill
  5. Inception
  6. The Raping of Your Rights
  7. Dictator
  8. Gotham

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par mortne2001 le 24/05/2018 à 14:38
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