Si comme moi, vous aimez les riffs bien saccadés, et les envolées rythmiques soudaines renvoyant au meilleur d’EXODUS (et donc, en partie, à la triplette magique « The Last Act of Defiance » / « Fabulous Disaster » / « Toxic Waltz », une jouissance que l’on oublie jamais), alors, votre corde sensible sera certainement touchée par « Into Purgatory », véritable morceau d’ouverture du dernier album des serbes de KOBOLD. Ce titre contient à peu près tout ce qu’on attend d’un vrai morceau de Thrash qui ne fait pas de quartier, et qui modernise la nostalgie pour la rendre plus actuelle. Mais pas de mystère là-dessous, ni de poudre de perlimpinpin, puisque les KOBOLD après six ans de carrière accusent déjà envoi de leur troisième album. Qu’on appellera donc par facilité celui de la maturité…exubérante.
Après Deathparade et Masterpace, les originaires de Belgrade s’en reviennent donc méchamment remontés, et accompagnés d’une kyrielle de collègues venus leur prêter main forte. Elio Rigonat (guitare/chant), seul membre d’origine est aujourd’hui flanqué de deux lieutenants, Stefan "Edwin Pickett" Stanojević (basse, 2018) et Pavle "Yopa" Simić (batterie, 2021). Trois musiciens au fait de la théologie old-school made in USA, qui en 2022 nous expliquent comment mixer Thrash furieux, Speed Teigneux et Heavy Metal classieux, sans perdre en puissance ce qu’on gagne en finesse.
Technofascism et sa dénonciation du fascisme de la technologie est donc terriblement ancré dans l’actualité, et replace le contexte d’une déshumanisation par écrans et claviers interposés. Une thématique qui prend de plus en plus de place dans les débats de société, qui déplorent l’anonymat provoqué par cette addiction, et l’isolation qui en découle, sans en oublier les dérives sécuritaires (caméras, identification forcée, traçage et collecte des données personnelles), et plus personnelles (trolls en tous genres, agressions virtuelles, arnaques…). De quoi solidement alimenter un album qui se veut engagé, et qui pour le coup, dégage un maximum d’énergie.
Ne vous laissez donc pas abuser par l’étiquette « old school » que les sites dégainent plus vite que les avis critiques objectifs. Si les KOBOLD sont en effet des musiciens qui ne rechignent pas à loucher vers le passé, ils n’en sont pas moins des compositeurs de leur temps, qui ne crachent pas sur un brin de fantaisie technique ou d’arrangements ludiques, sous la forme de breaks étranges et mélodiques (« Empire - It Is Us »), ou de samples évocateurs (« Into Purgatory »).
Du coup, une vraie folie émerge de ce concept-album, qui permet de s’éloigner des obsessions de la majorité des groupes actuels pour leurs aînés. Si l’influence d’EXODUS, et plus particulièrement du jeu rythmique de Gary Holt est indéniable, elle est diluée dans des références plus personnelles, un peu comme si Josh Christian de TOXIK avait pris la place de Rick Hunolt à la fin des années 80. Soit une union pas si contre nature que ça, entre Techno-Thrash violent et Thrash mélodique et précis, pour une sensation terriblement agréable qui ne ménage pas ses efforts brutaux pour se piquer à un Death ouvert lors de montées en tension (« Soul Cacophony »). La voix, très aigue, pourra rebuter les amateurs de gorges plus raclées et graves, mais rappellera de bons souvenirs aux accros du Thrash allemand, et d’ASSASSIN, ou même à la fanbase de VIO-LENCE. Très bien agencé, car d’une durée conséquente, Technofascism est donc l’exemple parfait de vintage recyclé avec panache, qui ose des choses un peu plus risquées qu’un simple démarcage qui flatte dans le sens du poil, mais qui n’apporte pas d’eau au moulin Metal.
Entre ces BPM qui s’affolent et cette envie de se poser quelques instants pour se la jouer plus lourd (« Technofascism »), KOBOLD passe donc en revue toutes les possibilités, tout en s’accrochant à ce beat rapide qui évoque avec beaucoup d’acuité la fluidité des deux grands Tom Hunting et Dave Lombardo. En tant que frontman indéboulonnable, Elio Rigonat assure dans les grandes largeurs, hurle comme un putois, balance des licks gluants qui collent à la peau, mais aussi des soli très capables ainsi que quelques fantaisies de manche. On se fascine assez rapidement pour ce jeu aussi efficace qu’épileptique, et on craque pour cette démence instrumentale parfaitement renforcée d’une folie vocale intense.
Et comme l’homme n’hésite pas à interrompre la bonne marche de l’album par des titres plus étranges et amèrement harmonieux (« Neosynthesis »), l’ennui n’est pas à craindre, d’autant que cette dualité vocale permanente aère le propos avec beaucoup de pertinence.
On pourra évidemment garder son objectivité intacte, et dire que certains plans sont refourgués assez régulièrement, que les soli ont tendance à rester dans les mêmes cases, mais avec une telle quantité de riffs tranchants, de saccades fulgurantes, et de breaks à mosher comme un beau diable (on sent même parfois en filigrane quelques références au Crossover de NUCLEAR ASSAULT sur « Death By Life » et sa grosse basse grondante), KOBOLD transforme tranquillement l’essai, et fait de ce troisième album un virage parfaitement négocié.
Alors, lâchez votre smartphone, et concentrez-vous sur cette réalité. Ça vous réveillera plus efficacement que tous les discours politiques du monde.
Titres de l’album:
01. Hatred Speedfuck (feat. D. & M.)
02. Into Purgatory (feat. Sloba of Toxic Trace & Haste)
03. Empire - It Is Us (feat. Dujke of Scaffold)
04. Soul Cacophony (feat. Gibu of BG Bagra)
05. Technofascism (feat. Dan Brudar & Krvavi)
06. Neosynthesis (feat. Nikodinovski of Consecration)
07. Seven Tongues Of God (feat. Dača of Nadimač)
08. Death By Life (feat. Petar of Blankfile)
09. Virus (feat. Lazar of Rapidforce & KxK)
10. Ketamine (feat. S. of Nadsvest & Gorgoroth)
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