La vache.
Veuillez me pardonner cette entrée en matière bovine et peu fine, mais au vu du tracklisting du deuxième album des canadiens de MAD PARISH, je n’ai pu m’empêcher de m’exclamer de façon péremptoire. Plus de dix ans après leur découverte, les québécois reviennent avec dans leur musette une œuvre aussi ambitieuse que la bibliothèque d’Alexandrie. Avec une petite réputation qui attendait d’être confirmée, les six musiciens ont mis le paquet pour asseoir leur crédibilité, et accumulent pas moins de vingt-et-un morceaux à offrir à un public certainement hébété par tant de créativité.
Révélé en 2014 avec Procession, le sextet montréalais (Josh McConnell - guitare/chant, Bob Eaglesham - guitare/chœurs, Aaron Carbray - guitare, Steve Ludwik - basse/chant, Paskal Belanger - batterie et Dave Lines - claviers/chœurs) s’était méchamment fait oublier pendant une grosse décennie, il était donc évident qu’un simple album en suite mineure n’allait pas être suffisant pour rafraichir la mémoire des fans d’un Metal pur et franc. Alors, autant se lancer en mode GUNS N’ROSES et s’offrir un comeback en grandes pompes, ce que The Dust Of Forever est à n’en point douter.
La poussière accumulée pendant une décade a donc été soufflée de près pour laisser le mobilier brillant et propre. Si Procession faisait montre d’indéniables qualités de composition et d’exécution, il parait après coup bien humble comparé à cette démonstration de force et d’opulence, qui multiplie les inserts, les transitions, et qui jongle entre les décennies avec une créativité impressionnante.
Entre Hard progressif des seventies et NWOBHM des eighties, MAD PARISH a choisi de ne pas choisir, et nous offre une œuvre dense, riche, complexe, qui n’est pas sans rappeler l’anachronisme d’un Of The Sun + Moon de SACRED BLADE, ou un MANILLA ROAD actualisé AOR et Pomp Rock. Les comparaisons vous intriguent, vous doutez de leur pertinence ? Alors, plongez-vous dans les eaux pures et calmes du magnifique « Ouen Formation », petit chef d’œuvre de simplicité musicale qui réconcilie les générations aussi efficacement qu’un YES en grande forme tournant avec MAGNUM en première partie.
Construit comme un énorme concept album, The Dust Of Forever est une vraie aventure Heroic-Fantasy qui sent bon la terre sacrée, les légendes racontées et le feu de cheminée. Les multiples transitions permettent de rebondir d’une ambiance à une autre, et rien ne sonne cheap ou trop facile. Malgré ces soixante-dix minutes bien tapées, le disque donne le sentiment de passer très vite, chaque composition nous présentant un décor différent, loin du carton-pâte qui fait illusion, mais qui déçoit et lasse très rapidement.
Refusant le cloisonnement, MAD PARISH évite les querelles de clocher, et unit tous les publics, comme si 1981 venait juste de rendre les armes. Bien plus enrichissant qu’un album de HAUNT ou de n’importe quel autre nostalgic act, ce deuxième acte est aussi théâtral qu’efficace, et aussi souple que puissant. Doté d’un groove indéniable conjugué à l’imagination d’un MAIDEN des jeunes années, il nous entraîne très loin, nous emmène très haut, et nous lâche en plein ciel, pour planer au-dessus des courants en vogue il y a quarante ans. Même la production s‘échine à retrouver la patine analogique de cette décennie rêvée, et la sensation est donc très concrète, mais aussi très onirique. « Astra T.R.A.Z (Tower Reformatory Asteroid Zone) », petit précis à l’usage des fans d’un Hard-Rock assoupli, « Resistius » et son emphase naturelle qui ramène à l’esprit les groupes flirtant avec le Rock progressif (quelque part entre ALAN PARSONS PROJECT et NIGHT FLIGHT ORCHESTRA) sont autant de vignettes qu’on colle dans un album de contes et mythes.
« An Age To Quell » s’enfuit même sur un tempo très SATAN, avec des claviers très ludiques qui jouent avec leurs touches de façon très subtile. On trouve de tout dans cette histoire magnifique, et les surprises vont bon train, stimulant l’imagination et accentuant la passion. Il aura fallu une bonne dose de travail pour accoucher d’un tel monstre, et MAD PARISH excuse sa longue absence de la plus belle et honnête des façons.
Titre épique/insert, le schéma est bien rodé, et l’ambiance pénétrante. Entre SPACE ELEVATOR et SAGA, entre un proto-DREAM THEATER et un néo-GENESIS, The Dust Of Forever assume totalement ses influences, et les régurgite avec classe et facilité. L’étrange mais mélodique « Loched » captive de ses chœurs entremêlés, et nous hypnotise d’effets d’orgue Hammond complètement défoncé, réconciliant les amateurs du PURPLE et les afficionados du festival d’Amougies.
Il est donc impossible pour moi de vous en dire trop sans gâcher cette magnifique surprise. La meilleure publicité à faire à cet album est d’en propager la bonne parole, et de faire comprendre qu’il s’agit d’un mouvement unique dans la production actuelle. En gros, une autre façon de jouer sur l’old-school sans ressasser les sempiternelles formules anglaises et américaines.
A la manière d‘un VOÏVOD champêtre (« Cathedron Wakes » et son vocoder taquin), MAD PARISH s’invente un vocabulaire propre, et remet au goût du jour les ambitions d’hier. Lorsque le Rock n’était pas encore étiqueté avec précision dans les bacs des disquaires, et lorsqu’il était encore possible d’écouter la même journée JUDAS PRIEST et ASIA.
Je craignais vraiment de m’ennuyer fermement, et finalement, je me suis retrouvé pris en plein rêve. La magie pratiquée par les canadiens n’est ni noire ni blanche, elle est pastel, entre violence et romance, pour un trip immersif plus stimulant qu’une réalité virtuelle prévisible. Ici, on ne copie pas bêtement, on réinvente allègrement. Et cette ambition mérite tous les louanges.
MAD PARISH explose, et la concurrence implose. Désormais, la nostalgie devra être plus intelligemment dosée. Ce qui est finalement le plus beau compliment à adresser à un groupe sublimé.
Titres de l’album:
01. Prophecy
02. Defecther
03. Possess The Child
04. Outerest In Irisius
05. Ouen Formation
06. Hunted
07. Astra T.R.A.Z (Tower Reformatory Asteroid Zone)
08. Transmission #1 Dream On
09. Resistius
10. Aeternal
11. An Age To Quell
12. Transmission #2 – Will Of God
13. Loched
14. Cathedron Wakes
15. Book of Rites
16. Bishop’s Tomb
17. Transmission #3 – Baz Raa Luum
18. The Experience Hunter
19. Trajectory: Tantus
20. The Dust Of Forever
21. Hail To The Hunter
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15