Voilà qui est pour le moins tonitruant. Au moment de présenter leur deuxième album au public, les colombiens de HEX CROW (escroc ?) ont abandonné toute mesure, toute pondération, pour se jeter dans la lave bouillante d’un Speed Metal très connoté 80’s, mais enflammé et passionné. Presque sept ans après l’introductif Creatures of the Night, les originaires de Bucaramanga remettent donc le couvert, gardant leurs plats au chaud pour ne pas perdre en saveur. Une saveur méchamment épicée, aux accents pimentés, qui brûlent le palais mais réchauffent l’estomac. Et il en faut pour encaisser ces dix uppercuts dont la puissance est au moins équivalente à celle d’une centrale électrique en surchauffe permanente.
La recette est simple : une rythmique à bride abattue, une guitare qui n’est jamais repue, une grosse basse ventrue, et des mélodies velues. Le tout bien agité par une production casher, pour rester collé à des principes old-school éprouvés.
Mais ne voyez pas en ce power-trio des brutes épaisses en slip de peau. Daniel Mantilla (basse/chant), Felipe Ortega (batterie) et Sebastián López (guitare) savent moduler sans exhiber leurs abdos, nous réservant parfois des passages plus intimes et harmonieux. Mais l’ossature de The Last Scribe est recouverte de muscles et de peau anciens, datant de cette époque magique de la NWOBHM. Beaucoup de nuances donc dans la puissance, même si le but avoué reste de vous prendre à la gorge pour ne plus vous lâcher.
Ou faire semblant, pour vous laisser croire que vous avez encore la possibilité de respirer.
Entre le Power Metal américain des années 80, son pendant Heavy du nouveau siècle et le Speed âpre et européen, The Last Scribe noircit des pages, mais pas pour ne rien dire. J’en tiens pour preuve le long et épique « Creed or Cause », qui se permet un solo seventies de toute beauté dans un contexte HM nostalgique. En tant que meneur, le guitariste Sebastián López accepte de se mettre en avant, se reposant sur un jeu fluide et expressif pour aérer des compositions guidées par des riffs simples, mais pas simplistes.
Les chœurs tiennent évidemment une place importante dans cette aventure, tout comme le chant parfois suraigu de Daniel Mantilla. Et entre le Heavy Rock espagnol et la violence sud-américaine, HEX CROW a trouvé sa voie définitive, allant même jusqu’à caresser de courts breaks bluesy pour prouver son ouverture d’esprit.
Un peu RAVEN dans l’esprit, HEX CROW est aussi efficace que concis. On ne rallonge pas le discours lorsque tous ses arguments ont été exposés, et on parle parfois avec un débit très haché. « Cry Out », plus Gallagher que les frères du même nom aurait largement eu sa place sur Wiped Out, avec cette débauche d’énergie qui sent bon l’éclate en salle de répétition, en attendant de pouvoir jouer son répertoire dans un cadre digne de ce nom.
« Church of Madness », « The Patriarchs » entament les négociations, mais on comprend vite que les colombiens n’ont pas l’intention de faire de prisonniers. La cadence d’abattage, les vieux adages, relookés, la basse qui claque et envoie tout promener, les ingrédients sont formidablement bien dosés, et le plaisir décuplé. Alors que nombre de groupes portés sur la nostalgie se contentent d’un ersatz pas forcément habile, les trois colombiens développent leurs propres qualités pour ne pas passer pour des dilettantes fatigués (« Blood Omen », parfum RAVEN insistant une fois encore, le corbeau vole haut).
Sauvage, rude, mais à la production bien sèche, The Last Scribe est un livre de légendes qui reviennent à la vie. Certes, la narration est parfois stagnante entre deux actes d’héroïsme remarquables (« Slay the Tyrants », un peu tiède au deux tiers de l’album), mais l’entrain global et ces cassures soudaines en mode attentif aux mouvements ennemis (« Dust on Leather », la poussière prend sur les armures, et la lourdeur sent la saumure), permettent de varier les plaisirs.
La fin du disque, perméable au mid tempo et aux accents chaud de l’Allemagne de Heino (« Filthy Lucas », entre ACCEPT et GRAVE DIGGER), avant de tout exploser d’un énorme morceau de C4 (« Disobedience », on flirte avec le Thrash, mais on ne met pas la langue) garantit une conclusion parfaite, et nous laisse sur un sentiment de plénitude agressive.
HEX CROW joue la franchise, et déroule une action sans interruption. On se prend de passion pour ces chansons canon qui emballent le tempo comme un playboy les brunes latinos. Entre Speed, Power, Heavy, le trio colombien sinue avec brio, signant l’un des albums les plus chauds de cet hiver 2025. Encore un peu tôt pour se prononcer, mais assez convaincu pour mettre en avant.
Titres de l’album:
01. Church of Madness
02. The Patriarchs
03. Purple Fire
04. Creed or Cause
05. Cry Out
06. Blood Omen
07. Slay the Tyrants
08. Dust on Leather
09. Filthy Lucas
10. Disobedience
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
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Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
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@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
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@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36