To Satisfy An Artificial Urge

Flesh Prison

26/07/2019

Autoproduction

Non mais les mecs, si vous ne voulez pas qu’on parle de vous, continuez d’enregistrer des démos dans votre chambre et ne les faites écouter à personne, ça ira plus vite…La toile a multiplié les informations et leur vitesse de transmission, mais visiblement certains musiciens se complaisent encore dans la discrétion la plus totale, voire l’opacité un peu inexplicable…Ça ne me dérange pas d’avoir à fouiller les arcanes du Net pour obtenir des tuyaux, mais jouez un peu le jeu, ça ne le rendra pas moins intéressant. Car en fouillant dans mes archives de chroniques, je suis tombé sur ce LP de Death Grind d’une qualité tout à fait honorable, avant de me rendre compte que le groupe dont j’allais parler n’existait pas vraiment, et en tout cas, pas sous ce nom-là. En effet, pour en savoir plus sur FLESH PRISON, il faut se rendre sur la seule page officielle disponible, le Bandcamp de DIZCHU, obscur groupe du Pays de Galles, avant de se rendre compte qu’un seul et unique musicien est le point commun entre les deux entités. Sauf que le sieur Rhys Williams n’a pas de compte Facebook, et qu’il ne distille donc les renseignements que de façon éparse. C’est une fois encore la bible Encyclopaedia Metallum qui a éclairé ma lanterne en précisant que l’homme se cachait derrière les deux projets, ce qui m’a permis d’en savoir un peu plus sur l’un des deux. Cet originaire de Tredegar est donc le leader autoproclamé (et comme il est seul, c’est d’autant plus facile) de DIZCHU, projet de Black atmosphérique, qui a donc décidé d’élargir son champ d’action en se livrant à des exactions Death Grind, beaucoup plus Grind que Death d’ailleurs…Ainsi naquit donc FLESH PRISON, concept sur lequel Rhys s’est laissé aller, en jouant évidemment une fois de plus de tous les instruments (basse, guitare, chant, programmation), et en livrant ce premier LP sorti de nulle part qui mérite pourtant tout votre intérêt.

Dans le créneau Death Grind/Grind, l’approximation n’a pas sa place, et l’inspiration doit être palpable pour intéresser les esthètes. Nous n’avons pas forcément de temps à perdre avec les démos de quelques secondes qui ne font que reproduire (biffez les mentions inutiles) les excès de CARCASS, MISERY INDEX, NAPALM DEATH, PHOBIA, DEATHBOUND, et si l’exagération est l’un des principes moteur du genre, il n’en demeure pas moins qu’il doit s’accompagner d’une créativité et d’une efficacité probantes. Coup de bol, c’est justement le cas de To Satisfy An Artificial Urge, qui permet au gallois de passer du BM au Grind sans faire le grand écart facial. Et visiblement, cet album répond en effet à un besoin naturel urgent, tant le musicien s’est investi à fond dans sa réalisation pour nous offrir une toute petite demi-heure de carnage musical qui n’est évidemment pas sans rappeler les meilleurs efforts ricains du genre, entre l’exubérance d’un THE KILL et les dissonances de BRUTAL TRUTH, le tout enrobé de stridences, de feedback, et de saillies immédiates qui causent des crises de priapisme aux tympans. Très crédible dans son rôle, Williams s’en donne à cœur joie, hurle comme un beau diable sorti de sa boîte, mais manipule les riffs avec flair, se permettant l’hérésie de gonfler certains de ses morceaux de mélodies bien tangibles (« Ketracel-white », le meilleur du lot). Factuellement, ce premier LP d’un projet dont on ignore s’il sera pérenne est d’une excellente facture, et constitué principalement de morceaux très courts et lapidaires, avant que les instincts naturels de leur auteur ne reprennent le pli en fin de parcours, pour deux segments plus conséquents.

Les bouzins éclairs sont bien évidemment saturés de blasts, de guitares qui tronçonnent, de hurlements écorchés, mais le tout, et malgré une rythmique programmée, empeste la passion analogique des années 90/2000. Loin de se satisfaire d’un caprice d’un jour, le musicien donne donc des preuves de sa passion, et les inserts les plus brefs font montre d’un flair certain dans le mauvais goût, alternant le chant en growls et les couinements de petite souris, sur fond d’instrumental apocalyptique, mais fédérateur. Ainsi, le triptyque « Lying by Omission » / « Doomsday » / « Aerial Warfare » est parfaitement jouissif, avec ses accélérations dantesques, mais aussi ses passages en mid qui frappent la conscience sadique. Lorsque le gus étire un peu plus, il n’en perd pas en impact pour autant, et fait montre d’autant d’implication dans les licks et thèmes. Ce premier LP est donc du genre créatif dans l’excès, et des chapitres épileptiques de la densité de « Kill Everybody » ne sont pas sans rappeler les délires organisés par la nouvelle génération bruitiste (un peu de FULL OF HELL, un peu de NAILS, mais surtout beaucoup de PIG DESTROYER et AGORAPHOBIC NOSEBLEED). Beaucoup de clins d’œil à NASUM, et surtout, une euphorie qui ne se dément pas sur les vingt-quatre minutes de ce massacre, pour un produit fini de très haut niveau et qui semble résulter d’un effort de groupe et non d’une pulsion personnelle. Du bon boulot donc, pour un mec à qui on pardonne finalement son sens de la discrétion, qu’il compense d’un exhibitionnisme musical parfaitement indécent.      

 

Titres de l’album :

                         01. Friends with Benefits

                         02. Lying by Omission

                         03. Doomsday

                         04. Aerial Warfare

                         05. Dietary Delusion

                         06. Kill Everybody

                         07. Brawl

                         08. Illegal Alienation

                         09. Coltan

                         10. Brain Pill Man

                         11. Fuck Your Life

                         12. Lust for Carnage

                         13. Ketracel-white

                         14. The Perishing

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 08/01/2021 à 17:34
78 %    776

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20