Quand on pense au Raw Black, on imagine immédiatement un son âpre, à la limite du compréhensible. On se dit qu’on va avoir droit à un festival de riffs suraigus posés sur un lit de rythmique inamovible, le tout recouvert d’un nappage de vocaux enregistrés sur un micro de fortune dans la pièce à côté. De quoi faire passer la pire des démos des années 80 pour une production Bob Rock ou Mutt Lange. Il faut dire que les groupes du cru n’hésitent jamais à en rajouter dans l’éthique puriste, au point de s’aliéner une grosse partie de la fanbase, dont le pouvoir de résistance connaît quand même quelques limites.
Mais le Raw Black, ce ne sont pas que ces cassettes mal enregistrées, ces maquettes torchées via un deux-pistes fatigué depuis la première apparition live de MAYHEM. Il arrive aussi que le style se concentre sur ses aspects les plus violents, refusant toute compromission, mais restant compréhensible et abordable par tout fan de sensations sonores crues et sincère. Les américains de LUCIFIXION répondent à ce cas de figure, et leur premier album, quoi que très volent et rude, reste très éloigné des turpitudes « true » des musiciens blafard au bagage technique inexistant.
LUCIFIXION ne prodigue aucune information utile, ce qui en soit, est une information utile. Tout au plus savons-nous que le groupe se résume à un duo si l’on s’en réfère aux photos promo, et qu’une démo a déjà été publiée en 2021. Mais Trisect Joy of Pierced Hearts est bien leur premier produit professionnel et développe une vision d’un Black Metal agressif et noir comme la nuit.
Mais cette vision est tout sauf nihiliste, et concentrée sur une haine de la religion évidemment patente.
Une haine qui se cristallise autour d’une violence instrumentale intense, qui rappelle évidemment les accès de colère nordiques des nineties, amplifiée par l’âpreté d’une approche américaine sans concessions. Les premiers titres nous balaient déjà de leur cruauté sans fard, mais font aussi preuve d’une ambition assez imposante. Pas moins de deux titres de plus de huit minutes dans le trio de tête, qui déploient les mêmes arguments : une fascination pour DARKTHRONE, une hypnose substituant le traditionnel métronome pour un marteau, et une souffrance auditive qui laisse des acouphènes sévères vous gâcher la journée.
Mais aussi ténébreux et puissants soient « Hammer Of Fevered Lights » ou « Feral Mass » (et Satan sait s’ils le sont), c’est « Iron Outer Midnyghte » et son long quart d’heure qui cristallise tout l’intérêt que l’on peut porter à une œuvre traditionnelle, mais d’une qualité exemplaire. Long morceau à tiroir de plus de quinze minutes, judicieusement placé en pénultième place, ce titre est une sorte de parangon de la méthode LUCIFIXION, avec son lot de riffs glaciaux, d’accélérations brutales et de harangues vocales souffreteuses, et une démonstration progressive de capacités évidentes, que l’étiquette Raw Black ne prend même pas la peine de cacher.
Ce Raw Black ne l’est finalement pas tant que ça, puisque le son est épais, sans trop de frétillement ou de grésillements, et si les aigus se taillent la part du lion, les graves peuvent compter sur la basse et la grosse caisse pour être représentés correctement. C’est donc un album tout à fait carré qui nous est proposé, composé avec intelligence, et ne reposant pas sur un simple et ridicule principe de refus des exigences de base. Pas question ici d’envoyer bouler les responsabilités sous le tapis d’une crédibilité douteuse, mais bien de jouer un BM conséquent, artistiquement solide, et méchamment persuasif.
LUCIFIXION fait donc une entrée remarquée sur la scène US, et n’a pas à rougir face à la concurrence nationale ou européenne. On sent le duo capable de grandes choses, et pourquoi pas, d’un concept album long et fascinant, reprenant à son compte les recettes déjà exposées par ce Trisect Joy of Pierced Hearts.
Pas super joli pour un lundi matin, mais qui a dit qu’ils devaient tous se passer au soleil ?
Titres de l’album:
01. Hammer Of Fevered Lights
02. Howl, Thy Desolate Sound
03. Feral Mass
04. Agony Fugue
05. O To Strike One Great And Final Wound On Thee Sum Of Thee Lives Of Thee Earthe
06. Iron Outer Midnyghte
07. Trisect Joys
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00
Merci pour cette belle chronique.Voici notre site.https://burningdead-official.com/fr/categories/
04/06/2025, 14:18
Ah pis j'avais même pas vu (encore entendu) qu'il y avait une reprise de GOATLORD !!!Ceci confirmant donc cela.
04/06/2025, 07:35
Tout ce que j'aime !!! !!! !!!En même temps, venant d'un groupe dont le batteur porte un t-shirt TRISTITIA, ce ne peut-être que bonnard...
04/06/2025, 07:34
Je n’ai jamais entendu parler de ce split vous savez ou l’écouter ou ce le procurer
03/06/2025, 13:35
Effectivement difficile de rester insensible à ce type de festival, à taille humaine, avec une ambiance conviviale sans tomber dans la cour des miracles et surtout avec une bell prog’. Très content d’avoir découvert Gravekvlt et pris la mandale attendue de (...)
02/06/2025, 23:00