Mercyless + Nervochaos + Violentor

Mercyless, Violentor, Nervochaos

Secret Place, St Jean De Védas (France)

du 16/06/2023 au 16/06/2023

Par égard envers ceux qui n'allaient pas au lointain Hellfest, une soirée de Metal extrême nous était proposée à la TAF. Le programme estival de la salle est généralement fourni, même si l'on revoit des groupes qui sont déjà passés maintes fois. N'empêche que le cadre extérieur est beaucoup plus agréable que celui de la saison d'hiver. Et puis, ça nous changerait après un festival généraliste colossal comme le Primavera. En route donc sous le soleil et en dépit de la circulation d'un vendredi soir dans une ville perpétuellement en travaux.

On entendait VIOLENTOR depuis les alentours de la salle. Le groupe se produisait devant une assistance encore maigre et distante, le devant de la scène étant encore dans l'angle du soleil couchant à hauteur de visage. Pas de quoi démoraliser ce trio international autour d'un guitariste beugleur Italien, tous d'âge mûr, qui déroulait du Speed-Thrash-Black délicieusement rétrograde malgré une production excessivement bâclée. Le braillement usé qui tenait lieu de chant était sous-mixé, la basse tenue par un membre du groupe culte Péruvien Anal Vomit (…) se sentait plus qu'elle ne s'entendait, et la guitare sonnait vraiment sale. Seule la batterie tenue par un Bulgare s'en sortait, sur un tempo rapide. Ce style qui doit tout à Hellhammer, Possessed, Sodom et Gehennah, bon comme un vin d'IGP, est devenu assez en vogue aujourd'hui. Les tentatives de communiquer en mauvais anglais de base échouant, c'est plutôt par gestes et signes universels d'approbation que s'exprima un peu de communion avec cette musique brute de passionnés.

Alors qu'on profitait du food truck pour dîner rapidement mais correctement à la pause, force était de constater que l'affluence était plutôt mince hélas, une cinquantaine de personnes en incluant les employés de l'entreprise voisine venus boire une bière pour clôturer la semaine ensemble. La concurrence du distant mais surpuissant Hellfest et la sensation de déjà-vu de l'affiche y étaient sans doute pour quelque chose.


NERVOCHAOS est reparti pour sa énième tournée de cent dates estivales en Europe (exagérer n'est pas mentir). Le batteur fondateur du groupe il y a une trentaine d'années parvient toujours à renouveler un personnel très changeant. Le Brésil a de la ressource. Dieu merci, la production était bien meilleure. Ce Death Metal a gardé du Thrash le soin de varier le tempo et les riffs. Pour exhorter par l'exemple les quelques jeunes spectateurs en premier rang à se lâcher, le chanteur descendit de l'estrade. C'était sympathique, mais Nervochaos ne montre aucune originalité, ne prend aucun risque même mesuré et enchaîne sans temps mort des plans mille fois entendus. Cela peut emballer des novices plongés dans le Metal depuis une paire d'années seulement, et procurer à la rigueur un bon petit moment au metalleux plus expérimenté. Néanmoins on comprend pourquoi ce groupe chevronné n'a jamais percé au long d'une longue carrière pourtant bien remplie. Là encore, le spectacle était affaire de passion. On jouait beaucoup sur les signes de ralliement métalliques traditionnels et un discours d'union des fans quelles que soient les coupes de cheveux. Cela laissait le loisir de remarquer que l'un des deux guitaristes portait un t-shirt d'Into Darkness, groupe allemand de Heidelberg, ville jumelée de longue date avec Montpellier. L'autre guitariste et le chanteur revêtaient le même t-shirt de Mercyless pour leur part ; l'intention était bonne, mais l'effet visuel aussi dérangeant que lorsque votre cousine éloignée s'était pointée au mariage de votre frère avec la même robe que la sœur de la mariée… Le set fut assez court nonobstant le répertoire conséquent, et s'acheva sur un dernier titre lui-même très bref.


Le second intermède fut à l'inverse étonnamment long, mais tout à fait agréable dans le soir tombant, entre fanatiques racontant leurs derniers et prochains concerts et achats d'albums autour de bières. En étant peu nombreux, on fait mieux connaissance parfois aussi.


Enfin l'institution nationale MERCYLESS monta sur scène sur l'intro orchestrale déjà entendue… et dont l'effet triomphant tomba à plat en raison d'un pépin technique retenant les trois instrumentistes autour de quelques potards sur le côté de l'estrade. Après une brève rigolade, la tannée commença. Depuis sa reformation il y a une douzaine d'années, le groupe Alsacien a insisté sur le côté sur son plus sombre et sulfureux, assumant une imagerie blasphématoire à faire hausser les sourcils à Benton et Mc Entee réunis, qui les assoit dans les strates les plus obscures du Death Metal. Cette férocité se traduit musicalement, avec un son enfin irréprochable, une rage et une certaine urgence à envoyer cette dose de Death Metal old-school dont nous avions bien besoin, comme Max Otero le disait. Le nouveau batteur, en t-shirt blanc et plus jeune, a parfaitement fait le travail sur un répertoire souvent puisé dans les deux premiers albums (quel bon "Spiral of Flowers" !), sans négliger bien entendu la promotion du dernier qui avait été interrompue par la pandémie.

Spontané et rigolant de ses bafouillements, Max lâcha un "¡ Muchas gracias !" soulignant discrètement la petite émotion que cela devait lui faire de se rapprocher, depuis le Haut-Rhin où il vit, de l'Espagne de ses ancêtres. N'oubliant pas d'où il vient, il dédia "A Message for Those who Died" à Ged, figure importante de la scène de notre région depuis plus de trente ans brutalement disparu il y a quelques mois, qui avait participé à l'organisation de l'un des premiers concerts de Mercyless ici après la reformation et dont les encouragements n'avaient pas laissé le groupe insensible, au commencement d'un pari alors risqué. Suivit "Burn at the stake", sur un thème mémoriel similaire.

Le grand atout de Mercyless, c'est de savoir composer : les titres anciens comme récents sont intenses, variant les riffs et le tempo, ils ressembleraient encore à quelque chose avec n'importe quelle autre instrumentation. C'est du Death Metal de tradition, haut de gamme et sans compromis, voire surenchérisseur… au prix de l'effacement complet du souvenir de deux albums expérimentaux de la fin des années 90 qui n'étaient pourtant pas dégueulasses et illustraient le talent de composition polyvalent du patron. Malgré cette maîtrise à casser nos nuques, un nouvel incident obligea à un changement de guitare rythmique, laissant le groupe à trois façon Venom le temps d'un demi-morceau. Le jeu d'éclairage dans l'obscurité croissante donnait à la scène un aspect spectral par moments, et ce sans fumées. Nous n'avons pas senti le temps passer à headbanger, tandis que devant une simili-fosse se formait, avec circle-pit malgré la bosse protégeant les connexions électriques au milieu. On se sépara sur la reprise traditionnelle, jouissive et pied au plancher d'"Evil Dead" que Max n'eut même pas à nommer, promettant de revenir rapidement. "Tubular Bells" servit de générique de fin, selon une référence que moi non plus je n'aurais pas besoin d'expliquer.


Appréciant cette sortie dans des semaines intenses au travail et la tiédeur vespérale, je suis resté un bon moment. On apprit ainsi que Mercyless a un nouvel album bien avancé et que le nouveau batteur est intégré définitivement. Nous verrons ce qu'il en est. En tout cas c'était une belle remise au point après une escapade éclectique.


par RBD le 19/06/2023 à 17:00
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Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Jus de cadavre
membre enregistré
21/06/2023, 23:23:21

Mercyless toujours au top. Quel excellent groupe trop souvent oublié de la grande époque française ! 

"On apprit ainsi que Mercyless a un nouvel album bien avancé" Une bien bonne nouvelle ! Merci pour le report !

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