Alors que les yeux et les oreilles sont tous tournés vers les Etats-Unis, je regarde dans la même direction, mais pour une toute autre raison. Ou plutôt : j’écoute. Cette nouveauté musicale est en effet un premier album, d’un quatuor qui pourrait bien faire parler de lui. Avec sa pochette et son baptême très RACER X, LETHAL X nous propose quatre-vingt-dix tonnes de tonnerre, explosant dans un ciel gorgé de soleil, sur une piste de course quelconque de Californie. Grosses bagnoles, moteurs surgonflés, énergie décuplée, tels sont les ingrédients d’un premier long qui s’il évite avec régularité toute originalité, n’en est pas moins intéressant pour autant.
Pas vraiment d’informations à prodiguer, juste onze titres auxquels s’accrocher. Tel est le deal proposé par 90 Tons Of Thunder, qui fait passer le look et les artifices superficiels au second plan pour se concentrer sur une musique classique, et terriblement influencée par les années 80. Entre Hard crochu et Heavy velu, les californiens tapent dans le mille en s’adressant aux nostalgiques de l’ère mélodique du Metal US, soignant des compositions bourrées de feeling et de passion d’amateurs passés professionnels depuis un bail.
Mike Szuter (basse), Harry Gschösser (batterie), Milan Polák (guitare) et Jeff Martin (chant), ne sont toutefois pas des débutants au bal des décibels. Leurs noms se retrouvent au générique de nombreux groupes consacrés, dont certains permettent de définir les balises d’inspiration. Et justement, avec un ancien et un toujours RACER X, LETHAL X valide directement ma comparaison, sans toutefois calquer les plans de ce groupe si démonstratif. Ici, pas de solo à rallonge, pas d’entrée en matière tonitruante d’une double grosse caisse pressante, juste des riffs simples, des mélodies vocales profondes, des chœurs traditionnels et des refrains pluriels, pour un plaisir Hard ‘n Heavy de midi à minuit.
SINNER, NO BROS, SHADOW EMPIRE, DOKKEN, LEATHERWOLF, BADLANDS, MSG, les CV sont chargés, et expliquent indirectement la facilité avec laquelle ces musiciens américains jouent avec la frontière séparant le dur mais souple du dur et puissant. Un sacré background qui justifie la qualité de ces chansons certes abordables et plutôt simples, mais qui débordent de générosité, et de références au passé. A la limite d‘un Heavy épique de la première moitié des années 80, 90 Tons Of Thunder ne fait sans doute pas son poids, mais nous écrase quand même de son entrain et de ses lendemains. Et l’un dans l’autre, avec une diversité qui fait plaisir à entendre, LETHAL X endosse plusieurs costumes qui lui vont à merveille.
Son parfait, sans trop de profondeur ni de graves majeurs, copie immaculée, interventions salées, le bilan est plus que positif, même si un peu plus d’audace eut été la bienvenue. A défaut de culot, les américains jouent les nuances, pour s’autoriser quelques écarts plus romantiques, dont « Dead By Sunday » est un exemple plus que parlant. Dans une ambiance à la QUEENSRYCHE des jours nostalgiques, ce titre permet de se dégager d’un pilotage automatique, et souligner la capacité du quatuor à jouer avec les sentiments et le ressenti. Et comme la voix de Jeff Martin est toujours aussi belle et au vibrato généreux, la sensibilité est chatouillée, et le plaisir décuplé. Un peu seventies lorsque le solo s’aventure en terre bluesy, mais totalement eighties quand les sextolets parviennent à s’imposer, la structure est délicate et délicieuse, et le résultat en quart d’heure américain permettant tous les flirts.
Avec ou sans toi.
Mais le groupe tient à s’affirmer comme force vive de la scène Heavy US, et n’hésite jamais à durcir le ton, à la manière d’un XYZ de saison. « Sinister Minister », « Daredevil » forcent donc le trait pour que les hard rockeurs ne passent pas la nuit au frais, et les modulations vocales, les crises rythmiques et autres cassures abruptes permettent de dynamiser le concept, qui refuse une catégorisation trop facile.
Et comme le groupe module constamment et ventile son allant, l’écoute est smooth et la surprise bien présente. Ainsi, « Tormental » joue avec les codes de la NOLA et du Thrash light, pour nous agresser d’un riff bien bluesy que PANTERA aurait pu faire sien. C’est dans ces moments-là qu’on prend la mesure de la bouteille des musiciens, qui ne tombent pas dans le piège facile de la redite ou de la facilité.
De nombreuses possibilités donc, bien exploitées, pour que ces cinquante minutes passent comme dans un rêve d’été. Le long et évolutif « God, Guts, Faith and Glory » s’amuse beaucoup d’une éventuelle analogie avec le STRYPER le plus pieux, et déroule ses arpèges WHITESNAKE en son clair. Nous passons donc d’une lumière aveuglante à des bougies tamisées, entre romantisme sincère et agression sévère, puisque les nuances sont modifiées parfois au sein d’une même structure, le Hard velouté cédant la place au Heavy surmené.
C’est très bien vu de la part des californiens. Alors que nombre de sorties du cru se satisfont du minimum syndical, 90 Tons Of Thunder pousse la curiosité un peu plus loin, et accouche parfois de morceaux très contrastés, glissant KING DIAMOND pour atterrir sur le coussin PRETTY MAIDS (« Running Away From Freedom »).
Agréablement surpris, j’ai traversé ce disque comme on part à l’aventure, avec un sac à dos et aucune idée précise du point de chute. Une liberté créative qui fait un bien fou, et qui accélère parfois le pas pour justement rappeler les débordements de testostérone de RACER X sur l’endiablé « Chasing the Flaw », qui pourra même rappeler quelques souvenirs de vélocité aux fans de VICIOUS RUMORS.
LETHAL X fait son entrée avec un panache remarquable, et réchauffe une ambiance mondiale un peu gelée. De la technique, du feeling, et une envie de regarder plus loin que les sempiternels couchers de soleil californiens.
Titres de l’album:
01. 90 Tons of Thunder
02. Daredevil
03. Fallen
04. Dancing With Shadows
05. Dead By Sunday
06. Sinister Minister
07. Tormental
08. God, Guts, Faith and Glory
09. Running Away From Freedom
10. Chasing the Flaw
11. Queen of Pain
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