PHOBOPHILIC : amour psychologique de la peur.
Avec un nom pareil, inutile de s’attendre à de jolis quatrains sur la nature, l’amour romantique et les fleurs. Et c’est donc tout à fait logiquement que ce quatuor du Dakota du Nord nous propose un Death Metal sourd, d’obédience classique, agrémenté de quelques obsessions Lovecraftiennes. Fondé en 2016, ce collectif de sauvages a déjà à son actif quelques démos et un EP lâché en 2019, ainsi qu’un split partagé avec SEDIMENTUM (un titre chacun, pas de jaloux), soit un terreau de base pour faire pousser son Metal de la mort, qui paie évidemment son tribut aux légendes les plus vivaces de la scène.
PHOBOPHILIC ce sont donc quatre musiciens (Christian Alm - basse, Vincent Tweten - batterie, Josh Poer - guitare et Aaron Dudgeon - guitare/chant), qui pour leur premier album ont pu compter sur leur bonne étoile, qui les a mis sur la route du label Prosthetic Records, chaumière pour tous les désaxés de la planète à la réputation souillée de noir et de sang depuis longtemps. L’association a donc largement de quoi faire la une des colonnes underground, d’autant plus que ce premier long est hautement recommandable à tous les nostalgiques de la brutalité made in USA.
Adeptes de la dualité, les membres de ce quatuor nous proposent donc un cocktail revigorant, à base de lancinance à la INCANTATION, et d’accélérations brutales à la IMMOLATION. Avec quelques clins d’œil adressés à la scène suédoise des années 89/92, le mélange n’en est que plus létal, et on se laisse rapidement pervertir par ces riffs sombres et sournois, cette rythmique polyvalente, et cette voix particulièrement infâme, grognée post-mortem par un zombi pas vraiment satisfait de devoir chercher de la cervelle.
Enveloping Absurdity dure pile ce qu’il faut, mais propose des morceaux développés, presque progressifs dans l’esprit, et en tout cas, suffisamment évolutifs pour combler les amateurs de Death riche et morbide. On se laisse donc happer par ce vortex d’énergie négative, à la rencontre de Poe et de ses histoires macabres et surnaturelles, pour un voyage sans retour au pays des morts et de leur survie dans l’inconscient. Comme un vieux grimoire revenant à la vie, l’album laisse tourner ses pages pour nous offrir un miroir de l’âme particulièrement noir, au reflet unidimensionnel.
Difficile dès lors de décerner le prix du chouchou de la semaine, puisque tous les morceaux sont recommandables. Aucun tour pendable, du classicisme, un amour de la chose bien faite, pour une balade dans les allées d’un cimetière fantasmé, aux tombes ébène et aux fleurs fanées.
On savourera la fantaisie rythmique d’un « Cathedrals of Blood (Twilight of the Idols) », assez proche du ENTOMBED le plus groovy, et on gardera pour la bonne bouche l’interlude électronique Ambient « Individuation », qui offre une transition cauchemardesque vers la fin de l’album. Et cette fin, à l’image de l’entame, est consacrée à saper les bases du Death moderne pour le faire glisser vers sa période légendaire.
Avec deux guitares qui geignent leur mal-être, un chant presque indiscernable faisant office de troisième ligne rythmique et un batteur qui s’amuse à coller des fills partout, PHOBOPHILIC propose une sorte de rencontre incongrue entre dISEMBOWELMENT et Dave Lombardo, aux pays des merveilles hérétiques. De fait, la conclusion « Enveloping Absurdity », title-track noble, nous présente une porte de sortie maladive, mélodiquement instable, en réminiscence de ce que les plus grands pouvaient proposer dans les mid nineties.
On précisera pour être honnête qu’Enveloping Absurdity ne révolutionne rien et fonctionne sur une nostalgie au premier degré, mais avec quelques qualités propres, dont cette fameuse rythmique très ludique, PHOBOPHILIC s’en sort avec plus que les horreurs, et propose un album abouti, construit, réfléchi, mais aussi viscéral et bestial. Clinique, froid, congelé même, Enveloping Absurdity est une belle maladie old-school dont on ne guérit pas, et le premier postulat d’un groupe qui s’inscrit immédiatement dans la tradition la plus graveleuse du Death américain historique.
Il est bon d’avoir peur parfois.
Titres de l’album :
01. Enantiodromia
02. Those Which Stare Back
03. Nauseating Despair
04. Cathedrals of Blood (Twilight of the Idols)
05. Individuation
06. The Illusion of Self
07. Survive in Obscurity
08. Enveloping Absurdity
Yes, c'est en cours de rédaction. Au camping, nous n'avons pas été impacté par l'orage, pas de dégâts en tout cas.Merci à toi de t'être présenté à moi, c'est toujours cool de croiser des pa(...)
17/05/2025, 18:12
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
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Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
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Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
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J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
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12/05/2025, 13:38
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08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52