On a souvent tendance à penser que le Stoner est un espèce de défouloir pour grosses brutes en mal de riffs graisseux, embrumés dans les vapeurs d’alcool, qui se perdent eux-mêmes dans leur propre délire à base de guitares lourdes et de rythmiques ne l’étant pas moins. Mais n’oublions pas à la base que ce sous-genre créé par facilité répond à l’origine à des standards plus généralistes de Heavy Rock, style lui-même plutôt libre permettant toutes les audaces entre les mains de musiciens créatifs. Inutile donc lorsqu’on écoute un album du cru de reprocher certaines facilités, qui après tout sont les caractéristiques de n’importe quelle approche stylistique (Thrash, AOR, Grind, Death, Deathcore et tout ce que vous voudrez), si l’ensemble se dégage de ses obligations contractuelles par un processus créatif notable. Et c’est indéniablement le cas de nos amis belges du jour, nous en venant de Gand, et répondant au doux nom d’EYES ON THE MACHINE. En traduisant par facilité ce sobriquet, il serait facile d’y voir un mélange d’HAWKWIND (« Silver Machine ») et de RAGE AGAINST THE MACHINE, mais les deux pistes nous enverraient derechef vers une impasse, puisque c’est plutôt du côté de SLEEP et de MASTODON qu’il faut chercher les racines de l’ensemble. EYES ON THE MACHINE est donc un collectif en format quintet (Jonathan Matthys - chant, Kurt Van Damme et Ward De Clercq - guitares, Sep Van Vliet - basse et Fanio Van de Steene - batterie), fondé en 2016, et qui nous offre avec cette citation éponyme son premier longue-durée qui risque de se faire une place au chaud dans le cœur des fans de Heavy subtilement psyché, mais délibérément concret. Sans bousculer l’ordre vintage établi, les belges font preuve d’une belle maîtrise du vocable Rock et Metal, et nous délivrent une prestation assez fascinante dans les faits, et parfois surprenante dans le rendu.
Restant plutôt vague dans leurs références, et citant avec réticence les noms de MASTODON, TOOL, DOZER, RUSSION CIRCLES, SLEEP ou IDEALUS MAXIMUS, Eyes On The Machine peut compter sur une splendide pochette aux atours délicieusement sexy pour attirer l’œil, et sur une musique construite et pour le moins aventureuse pour séduire les oreilles. En sept petits morceaux, dont deux conséquents, les cinq instrumentistes font le tour de la question Heavy tout en laissant quelques zones d’ombre pour aménager des espaces disponibles à l’avenir. Du Heavy donc, dans la plus pure tradition SABBATH, un peu de Doom évidemment, histoire de coller à la réalité TROUBLE ou ST VITUS, mais aussi pas mal de mélodies, des cassures, des changements de rythme, et des chœurs employés avec parcimonie mais efficience pour enrichir le tout. Et de fait, chaque composition se veut partie d’un tout, qui tient largement la route, et nous entraîne aux confins d’un monde aussi Rock que Metal, mais terriblement musical, parfois lourd, et souvent fluctuant. On pense évidemment aux longues chevauchées des 70’s, adaptées dans un langage que les KYUSS ont souvent employé, sans pour autant qu’un parallèle net ne puisse se dessiner. Il faut dire que les EYES ON THE MACHINE ne nous ont pas facilité la tâche, incorporant des éléments de Blues dans leur musique, et hésitant volontairement entre courts chapitres et digressions beaucoup plus développées, deux des sept morceaux dépassant les neuf et dix minutes sans pour autant manquer d’idées. C’est certainement sur ces points-là que les belges semblent imperfectibles, chacun des deux épitres les plus larges contenant un nombre conséquent de plans, mais surtout, des crescendos élaborés avec beaucoup d’intelligence et de patience, refusant la complaisance de simples jams étirées à l’infini, brossant dans le sens du poil les consommateurs de substances hallucinogènes en mal de trip. Ici, on brode sans hésiter, mais on brode avec précaution, histoire de ne pas se contenter d’un seul point d’ancrage, mais sans non plus verser dans le bavardage hétéroclite qui perd le fil de sa propre pensée.
Lyrisme et pragmatisme s’y côtoient, et lorsque le verbe se durcit, l’image d’un NEUROSIS light nous chatouille la mémoire, même si le chaos et les répétitions assourdissantes n’ont pas droit de cité sur ce premier album. Non, c’est la musicalité qui prime, même si la distorsion des guitares est évidemment énorme, et que le bruit mat des baguettes frappant les peaux sonne au choix comme un pas éléphantesque, ou comme le fouet cinglant les chairs. Il serait facile de voir en « My Goddess » le point d’orgue d’un longue-durée qui ne l’est pas vraiment (quarante minutes pour le genre est un timing plutôt raisonnable), tant son dialogue rejoint le concept graphique de cette décidément sublime pochette. On y retrouve traduit dans un langage sonore les courbes de cette jolie demoiselle, courtisée par des silhouettes dénudées et étranges, qui semble parfaitement à son aise sur cette chaise dominant le monde, et dont le caractère versatile s’articule autour de riffs mouvants, de chants lancinants, d’invocations mystiques, et de breaks sombres et lunatiques. La puissance de l’ensemble est soufflante, et fait vibrer des enceintes pourtant habituées à tous les débordements, tandis que la narration suit un fil conducteur cohérent, s’adaptant aux envies d’harmonies s’accouplant avec la puissance. Une belle démonstration de force, qui confirme l’excellente impression préalable de « Travels », plus ou moins calquée sur le même moule, mais plus seventies dans son approche. Longue intro évolutive qui laisse chaque instrument se présenter à son rythme, arpèges épars et hypnotiques, écho sur les soli, pour un retour dans les années 70 des PINK FLOYD, de MAGMA et autres expérimentateurs de sons et manipulateurs de textures et d’intentions. C’est pour le moins envoutant, un peu comme si TOOL et NEUROSIS faisaient cause commune pour nous faire sombrer sous leur coupe, et une preuve supplémentaire que les EYES ON THE MACHINE ne se contentent pas du minimum.
Mais les autres titres, plus brefs et concis valent aussi le détour, à l’image de l’introductif « The Search », qui ne met pas bien longtemps à trouver l’entame qui aplatit, et qui nous la joue classique dans son riff endémique. A contrario, « Firewalker » retrouve l’approche d’un ALICE IN CHAINS, et nous développe un bel argument harmonique, avant de se fixer sur un thème méchamment redondant, propulsé par un groove que les CANNED HEAT et le TOP auraient pu dynamiser. On pense à la vague Néo-Suédoise vintage, alors que « Thrust » nous contredit immédiatement en prônant le pathos d’un lick dramatique, aussitôt brisé en plein vol par une accélération idoine. Beaucoup de choses à retirer donc de ce premier album, qui nous présente un combo sûr de son fait, et déjà très à l’aise avec son répertoire. Il serait donc cruellement injuste d’accoler l’étiquette restrictive de Stoner à cet Eyes On The Machine, qui est bien plus que ça, et surtout, une pièce de musique précieuse qu’on écoute et ressent en tant que telle. Une sorte de diamant encore à l’état de charbon, dont les facettes se reflètent au soleil, et qui ne devrait pas tarder à se voir poli pour rejoindre les vitrines les plus prestigieuses de la place Vendôme du Rock.
Titres de l'album:
1.The Search
2.Firewalker
3.Travels
4.Nocturnal
5.Thrust
6.My Goddess
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