Quatrième album pour les autrichiens de DEATHSTORM, qui malgré leur petite décennie d’activité représentent aujourd’hui une des forces les plus vives du revival Thrash européen. Les plus intéressés par la chose suivent le groupe depuis ses premières exactions, et louent ses qualités déjà largement présentées sur As Death Awakes, qui plantait les bases en attendant de les peaufiner plus tard. Et après Blood Beneath the Crypts en 2016 et Reaping What Is Left en 2018, leur statut de leader de la scène centre européenne n’est plus à remettre en cause, même si leur Thrash sous influence n’est pas exempt de citations un peu trop directes parfois. Dans les faits, rien ne distingue vraiment le Metal des originaires de Graz de celui de leurs concurrents les plus directs, qui eux aussi s’abreuvent à la fontaine originelle de la violence. On sent évidemment l’importance du KREATOR des débuts, chaotique, supersonique et un peu gauche, mais aussi le caractère crucial du DEATH des nineties, dont les autrichiens reprennent parfois l’attitude à la posture près. Mais ce mélange entre technique affûtée et brutalité ouverte n’est pas des moins intéressants, et c’est sans doute à cause de cette optique que le groupe a toujours obtenu un très bon accueil de la part du public. La critique s’est-elle montrée parfois plus sévère, accusant le groupe d’opportunisme et d’un sens de l’emprunt un peu trop poussé, mais après quelques écoutes, For Dread Shall Reign continue sur la lancée de constance des trois premiers LPs, en mélangeant avec beaucoup de flair violence extrême et précision diabolique.
On retrouve une nouvelle fois sur cet album toutes les caractéristiques d’un groupe qui ne souhaite pas s’enfermer dans une nostalgie a angle unique. C’est pourquoi au petit jeu des influences frappantes, DEATHSTORM remporte la mise sur ses rivaux, souvent focalisés sur une source unique, et la pillant jusqu’à l’outrance. Ici, tout le panel de l’extrême des années 80/90 est passé en revue, de l’hommage poussé à SLAYER jusqu’à la relecture du DEATH des années techniques, en passant par le METALLICA le plus nuancé à l’occasion d’intro mélodiques et agencées. Mais on sent aussi en arrière-plan des pistes moins évidentes, et des clins d’œil poussés à la scène underground d’il y a quelques décennies, avec des accolades données à INCUBUS, HELLWITCH ou VIOLENT FORCE. Quelques pointes de sauvagerie sud-américaines permettent aussi de se prévaloir d’une caution un peu plus sombre, mais loin d’un fourre-tout, ce quatrième longue-durée des autrichiens est un formidable survol d’une époque où tout était encore permis, et deux ou trois trucs à découvrir. On apprécie fortement cette alternance entre des passages d’une sauvagerie Thrashcore et ces structures plus posées et mélodiques, ce qui provoque un effet d’aspiration qui n’est pas sans évoquer les maîtres du genre (INDESTROY, MESSINA, et SACRIFICE bien sûr), et finalement, le Thrash de DEATHSTORM sonne beaucoup moins convenu que celui de ses collègues qui tentent par tous les moyens de reproduire les astuces d’une ère dont la créativité continue de résonner dans les cavernes de l’admiration.
Et dès l’intro Lombardo style de « Unforgotten Wounds », la machine est lancée sur les rails SLAYER, avant d’interrompre l’évidence de son avancée d’une cruauté à laquelle les californiens n’étaient pas habitués. Toujours aussi prompts à mixer la précision US et la débauche germaine, les autrichiens se rapprochent d’ACCUSER, mais aussi de la jeune génération des POWER TRIP et autres TOXIC HOLOCAUST, sans toutefois copier leurs méthodes très personnelles. For Dread Shall Reign continue donc de proposer des titres truffés de plans différents, de cassures de rythme, de soudaines embardées qui font mal aux reins, tout en distillant quelques soli un peu brouillons qui suggèrent que les astuces de Kerry King ne sont pas tombées dans l’oreille de sourds. On pense clairement à une union pas si contre nature entre la scène Death de Floride bavant ses premiers balbutiements et l’école internationale de la fin des années 80 qui commençait à tremper son Thrash dans un baril de Death, sans aller jusqu’à proposer un Thrash/Death véritablement assumé. Certes, le tout est assez classique, les guitares gentiment circulaires, mais on ne peut nier que les autrichiens sont toujours aussi créatifs dans le recyclage et précis dans la citation, simplifiant les idées de Chuck pour les ajuster à un Thrash toujours bourru et colérique (« Blades Of Delusion »). Proposant une alternative intéressante au Techno-Thrash, et évoquant parfois une version très primitive et bestiale de SADUS, DEATHSTORM est à l’image de son nom, et louvoie entre vélocité crue et assise plus Heavy, avec en exergue un titre comme « Bloodlusted », solide comme un roc et musclé comme The Rock.
L’album déroule donc son tracklisting en toute confiance, proposant des Thrash hits à la pelle, toujours amenés par des intros finaudes qui plantent le décor, avant que l’ambiance ne se réchauffe et dégénère méchamment. Mais l’accumulation de riffs, la hargne d’un chant ne se démentant pas, et l’efficacité d’une rythmique à l’abattage impressionnant font de ce quatrième LP un solide effort à la croisée des chemins qui n’a pas oublié sa boussole. On atteint parfois des sommets d’hybridation à l’occasion de « Toxic Devotion » qui fond la fluidité d’EXODUS et MEGADETH dans la cruauté d’un KREATOR des jeunes années de transition. Un intermède mélodique à la TESTAMENT/METALLICA (« The Mourning »), une bourrasque à la frontière du Thrashcore et terriblement rapide (« Funereal Depths », méchant comme une teigne), et un final aux ambitions affichées (« Human Individual Metamorphosis », si avec ça, le spectre de DEATH ne revient pas vous hanter…), et l’affaire est sérieusement pliée, renvoyant la concurrence dans les cordes de la normalité la plus lénifiante. Belle démonstration de pluralité de la part des DEATHSTORM qui confirment que leur productivité rime toujours avec efficacité et individualité.
Titres de l’album:
01. Unforgotten Wounds
02. Blades Of Delusion
03. Bloodlusted
04. Ripping And Tearing
05. Sulphuric Scents
06. The Mourning
07. Funereal Depths
08. Toxic Devotion
09. Stygian Black
10. Human Individual Metamorphosis
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00